22 août 2010

La vengeance d'une blonde

Crime d'amour d'Alain Corneau.

Crime farpait. Séduite, malmenée, puis humiliée par sa patronne, une jeune cadre pas très dynamique mais très ambitieuse entreprend de se venger, échafaudant un stratagème machiavélique pour dissimuler son forfait et s'en tirer à bon compte. Le crime paie donc.

Alain Corneau semble avoir pris un retour express pour les années 70, filmant cette histoire assez convenue avec un hiératisme confinant à la neutralité, pas aidé, il faut bien le dire, par des dialogues parfois assez cucul. On peut tousser aussi devant la description de la procédure pénale, l'incurie bien commode des policiers, l'invraisemblable passivité de l'avocat, autant de détails étonnants chez un réalisateur qui s'est illustré dans le polar.

Après une première partie exposant par le menu les raisons de l'implacable rivalité entre les deux femmes, on tombe dans une sorte de Columbo inversé : le crime et le criminel sont connus du spectateur, reste à détailler, non pas comment le policier va coincer le criminel, mais au contraire quels trésors d'ingéniosité alambiquée le criminel va déployer pour s'en sortir.

Côté interprètes, Ludivine Sagnier déploie des trésors d'ingéniosité pour paraître inexpressive, tandis que Kristin Scott-Thomas parvient comme toujours à tirer son épingle du jeu, dans ce film qu'il faut pourtant bien se résoudre à ranger au rayon cinéma de papa.

Crash-test :

8 août 2010

La rhumerie du Bourget

Après une première série d'étiquettes de rhum dessinées en vue d'un album prévu pour publication à la Réunion, et dont le succès a permis de multiplier les ventes de rhum au Bourget par un nombre tenu secret par les autorités sanitaires, en voici quatre autres, qui complèteront une planche d'autocollants que les alchimistes lecteurs des Marmites créoles pourront coller sur les bouteilles de leurs macérations.

5 août 2010

Cases en tôle

Archi & BD, la ville dessinée, à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, jusqu'au 28 novembre.

Je ne suis pas persuadé que l'idée de rapprocher architecture et bande dessinée soit follement originale, mais il n'était pas interdit de penser qu'une institution aussi prestigieuse que la Cité de Chaillot saurait nous proposer quelque chose de transcendantal avec un regard neuf et pénétrant sur le sujet. Eh bien pas du tout. L'exposition se borne quasiment à constater qu'il y a effectivement de bien belles maisons dans les bandes dessinées, ce dont tout lecteur un tant soit peu averti pouvait se douter tout seul, et à ranger ces constats dans un ordre plus ou moins chronologique. C'est un peu court. On aurait pu tout aussi bien faire une exposition Chaussure et bande dessinée au Musée du lacet en constatant que les personnages de BD ne sont souvent pas pieds nus. Comme le déplorait à voix haute un visiteur lui-même passablement averti, ce n'est pas dans cette exposition qu'on va apprendre quoi que ce soit sur la bande dessinée ni sur l'architecture.

Avril à New-York.

On ne discerne donc aucun discours construit sur la représentation et le rôle de l'architecture dans la BD, aucune mise en perspective des similitudes de construction entre les deux arts, bref, du vide sidéral posé, cerise sur le gâteau, de façon quasi amateure sur une scénographie d'une rare indigence : vitrines avec vue plongeante sur la tuyauterie de la structure, vis, boulons, et vieux papiers gisant par terre bien en évidence, cartels en vrac, imprécis ou incomplets, cheveux oubliés sous les plexiglas qui recouvrent les œuvres (!), aucune indication sur la nature des œuvres (encre, papier) sauf pour signaler les nombreux, trop nombreux, fac-similés et autres impressions d'après fichier numérique ! Que dirait le visiteur au Louvre si au lieu des tableaux on l'invitait à contempler accrochée aux cimaises une collection de couvercles de boîtes de chocolat ?

Que reste-t-il de ce désastre ? Un espace climatisé où se mettre au frais aux heures chaudes de l'été, une cafétéria avec vue sur la tour Eiffel, et tout de même, heureusement, comme dans toute exposition de bande dessinée aussi misérable soit elle, quelques fantastiques originaux : entre autres Hergé, McCay, Eisner, Ware, et même un assez stupéfiant Zep. Bonne visite.