13 septembre 2009

Le bouclier arverne

Sale Arabe ! Sale Auvergnat ! On ne sait que choisir.

12 septembre 2009

La question des Balkans

Serbie 1 - 1 France.

Alors qu'il fallait deux victoires aux Bleus pour s'assurer de la première place du groupe, seule qualificative directement pour la coupe du monde en Afrique du Sud, contre la Roumanie puis la Serbie, notre équipe de France favorite a collectionné les matchs nuls, terminant les deux matchs sur le même score.

Et contre la Roumanie, on a bien reconnu l'habituelle patte du papa de Victoire, avec une équipe d'abord velléitaire puis, dénuée de toute inspiration, tendant vers l'insipide, faisant étalage d'inefficacité, de fébrilité, frôlant la correctionnelle avant d'être finalement accablée par la malchance. Tableau connu, le seul qui orne désormais les chambres de tous les petits supporters du pays.


Mais ce fut une toute autre slivovica face au Serbes. Après dix minutes seulement, notre sympathique et malchanceux gardien de but Hugo Lloris se faisait expulser pour une faute qu'on dira seulement peu évidente (il ne s'agissait toutefois pas de cabillaud à l'ananas). Pénalty transformé, les Bleus remettaient en jeu, l'échine courbée et le moral rompu, à dix contre onze avec un but dans les dents. Et là, miracle, comme touchés par la grâce, voilà mes dix gaillards ragaillardis qui se mettent à jouer comme un 14 juillet, galopant comme des lapins, incisifs comme des tigres, et qui égalisent au bout de peu de temps, et qui poussent, et qui poussent, et qui font subir mille misères aux défenseurs serbes, et qui poussent, et poussent encore. Et qui ne marquent pas d'autre but, bien sûr, faut pas rêver non plus, mais enfin on aurait tout de même cru du football.

Comme quoi, la tactique, moi, le soixante-quatre millionième sélectionneur que compte notre grande et glorieuse nation, je l'ai trouvée : à chaque début de rencontre, Gignac n'a qu'à montrer son cul à l'arbitre, il se fait expulser, on finit à dix, et avec ça, hop, champions du monde ! Ou je ne m'appelle plus Raymond Domenech.

11 septembre 2009

Apocalypse No

Apocalypse, série documentaire d'Isabelle Clarke et Daniel Costelle, les mardis soirs sur France 2.

Alors là je dis non. Non nein no et niet. Il faut quand même pas pousser mémé dans les barbelés. France 2 diffuse en prime time (première partie de soirée, pour les francophones) une série documentaire en six épisodes, programmée sur trois soirées, consacrée à l'histoire de la deuxième guerre mondiale, produite par Mathieu Kassovitz. A priori, quelle bonne idée. J'ai voulu regarder, j'ai tenu vingt minutes avant de craquer.

Les docus d'archives sur la deuxième guerre mondiale, on peut pas dire que ce soit exactement une denrée rare. Qu'est-ce donc que cette série, que j'ai entendu son producteur vendre en toute modestie comme "définitive", allait bien pouvoir proposer de jamais vu ? Eh bien c'est bête comme chou, le point de vue révolutionnaire de ses auteurs se résume à la colorisation des archives. Voilà. C'est tout.

N'importe naouaque.

L'histoire, c'est l'étude et l'interprétation des documents, y compris filmiques. Si on commence à les tripatouiller, même pour la plus noble des causes, on s'engage dans un processus douteux que je n'hésiterai pas à qualifier d'orwellien. D'autant plus que nombre de ces images, loin d'avoir été saisies sur le vif, ont été soigneusement mises en scène et ne sont ni plus ni moins que des images de propagande. Les manipuler à nouveau en les présentant comme d'authentiques documents perpétue le mensonge. Demain on fera un documentaire sur la geste napoléonienne en transformant les tableaux de David en animations 3D au prétexte de les rendre plus sexy ? Ou est-ce qu'on demandera à un illustrateur de mangas de rajouter des enluminures à l'édit de Villers-Cotterêts pour le rendre plus digeste aux jeunes générations ? Mon dieu, au moment où j'écris ces lignes, je me dis avec effroi que si ça se trouve quelqu'un l'a déjà fait.

Passons, pour en revenir à Apocalypse, sur le commentaire assez bassement vulgarisateur, ou encore sur la sonorisation en une sorte de Dolby Surround® THX® pétaradant et envahissant d'archives essentiellement muettes. Il faut attendre un quart d'heure de documentaire pour voir enfin une carte qui situe un peu les frontières d'avant-guerre. On aurait pu commencer par là, parce que parler de Pologne ou de Tchécoslovaquie ou d'URSS n'a pas forcément le même sens pour tous aujourd'hui. On repassera pour les prétentions éducatives.

Cette apocalyptique Apocalypse n'est qu'un exemple parmi d'autres illustrant qu'on ne doit pas faire les choses simplement parce qu'elles sont techniquement possibles. Les esthètes historiens et inversement préfèreront sans barguigner l'excellent Ils ont filmé la guerre en couleur de René-Jean Bouyer, déjà diffusé sur France 2, qui pour le coup présentait des archives tournées sur de véritables pellicules couleurs de l'époque, qui donnaient au récit historique une proximité surprenante et saisissante, pour ne pas dire glaçante.

10 septembre 2009

La big vadrouille

Inglourious Basterds de Quentin Tarantino.

Mise en boîte historique. En France occupée, à la fin de la deuxième guerre mondiale, un commando de soldats américains juifs est lâché derrière les lignes allemandes pour terroriser les nazis, pendant qu'une jeune propriétaire de cinéma juive prépare un attentat anti-allemand dans sa salle, pendant qu'un suave colonel SS s'efforce d'attraper tous les précédents. L'issue de la guerre en sera changée à jamais.

Tarantino s'est confortablement assis sur son manuel d'histoire pour réaliser cette pochade à grand spectacle, où d'invraisemblables invraisemblances le disputent aux anachroniques anachronismes, en réussissant pour autant un divertissement de qualité. Sans verser dans la franche rigolade, on est tout de même pas loin de la parodie comique, comme semble le confirmer la présence au générique de Mike Myers, auquel on aurait pu tout aussi bien confier le scénario.

Le film avait été fraîchement accueilli à Cannes, mais Quentin a remonté le bazar avant sa sortie en salles, et j'avoue ne pas comprendre la moue dubitative de bien des critiques. C'est vrai que quelques scènes sont un peu longues, c'est vrai que Brad Pitt cabotine honteusement avec son accent du sud (un peu comme si on avait demandé à Pierre Fresnay de faire tout un film avé l'assent marseillais...), c'est vrai que l'Histoire avec un grand H est passablement malmenée, c'est vrai que des tombereaux de pop music sont déversés sur les images, c'est vrai que... oui bon ben c'est déjà pas mal. Mais en fait, malgré la profusion de clichés qui viennent ponctuer cette déclaration d'amour au cinéma en général et européen en particulier, Tarantino a l'intelligence de retourner comme des crêpes pas mal de ces poncifs pour les mener dans des directions inattendues. On en ressort une assez intéressante réflexion sur le bien et le mal, et leur représentation en images.

L'interprète autrichien du colonel SS, Christoph Waltz, justement primé à Cannes, domine de la tête des des épaulettes l'ensemble de la distribution, tant chacune des ses apparitions à l'écran est un régal, dans son personnage d'inspecteur Columbo à tête de mort, jouant au chat et à la souris avec ses victimes. Glorieux salaud.

Crash-test :
A lire aussi : l'avis éclairé d'un cinéphile orléanais.

2 septembre 2009

L'aloi des séries, épisode 4

Baltimore, à quelques encâblures de la capitale fédérale Washington, sur la côte du Maryland, affiche des statistiques de criminalité tous azimuts parmi les plus affolantes des Etats-Unis. Homicides, trafics de drogue divers, corruption galopante y sont partie intégrante du quotidien des habitants, à commencer par ceux les plus démunis des quartiers déshérités du centre-ville. C'est ce riant tableau qui a donné naissance à deux séries d'HBO (enfin bon, la deuxième est plus exactement une mini-série de six épisodes là où la première compte cinq saisons) d'une grande force dramatique et d'une humanité balzacienne.

Accessoirement, les deux séries donnent un point de vue assez peu conventionnel et dérangeant sur la façon dont la drogue ravage le pays en lui coûtant trois fois, une fois par la destruction de vies individuelles perdues pour la collectivité, une deuxième fois par le flux d'argent qui corrompt des institutions trop faibles pour lui résister, une troisième fois par l'incroyable gâchis des moyens et des compétences mis en œuvre pour balayer perpétuellement une poussière qui ne cesse de retomber aussitôt. On nous montre comment ce mensonge énorme ronge de l'intérieur l'ensemble de la société qui alimente ainsi elle-même le propre monstre qui la dévore. Je soupçonne David Simon, le scénariste et créateur des deux séries, d'avoir voulu par là démontrer la totale absurdité de la prétendue guerre contre la drogue, c'est à dire de présenter en creux des arguments, assez convaincants, en faveur d'une dépénalisation totale de tout stupéfiant.

The Wire.
Créée par l'ancien journaliste du Baltimore Sun David Simon, cette série policière en cinq saisons est l'une des plus ambitieuses qui aient précédé les Sopranos. The Wire (le câble) c'est le terme pour désigner les procédures d'écoutes policières (d'où la traduction française Sur écoute). Enfin une série policière avec un peu de plomb dans la cervelle, qui ne se résume pas à quelques courses-poursuites pan pan boum boum et deux ou trois affaires de cœur. De façon très réaliste, on plonge donc au côté d'une cellule spécialisée de policiers anti-drogue au plus près des trafics et des gros bonnets de la drogue, de l'inertie administrative, de l'ambition et de la corruption politique qui vont de pair, de l'indigence du système éducatif gangrené par son environnement criminel, des médias à bout de souffle prêts à tout pour vendre du papier, et même des syndicats en déroute prêts à se raccrocher à n'importe quelle branche pourrie pour conjurer la décadence industrielle. Au total, le portrait d'une ville, poussant loin les ramifications scénaristiques et la logique des personnages, comme seule une série peut le faire, où les protagonistes les plus sympathiques ne sont pas toujours dans le camp qu'on imagine, sans pour autant céder à la moindre fascination pour le trafic de drogue, la violence, ou un quelconque romantisme mafieux. Avec une certaine crudité, les scénaristes ont même choisi de faire disparaître assez tôt des personnages qu'on imaginait importants simplement parce qu'en effet, l'espérance de vie dans le commerce de drogue est assez limitée. Des policiers de Baltimore ont prêté leur concours à l'écriture de la série, tourné en grande partie sur les lieux mêmes de l'action. On s'éloigne seulement de cette tonalité réaliste quand l'un des dealers se rend aux Antilles françaises pour blanchir son argent, là c'est assez n'importe quoi, limite si le guichetier le la banque n'a pas un T-shirt à l'effigie de Jacques Chirac... ils n'avaient visiblement pas Elie Domota comme consultant. Mais n'ergotons pas, la série a assez justement été couverte de prix et récompenses, malgré des audiences très moyennes, dues en partie au fait que l'essentiel de la distribution est... noire, comme 65% (au doigt mouillé) de la population de Baltimore. C'est trop bête.

The Corner.
Plus que du coin de rue à proprement parler, même si la référence géographique reste valable, le titre évoque le point de vente des drogues plus ou moins dures où se côtoient dealers gros et petits, junkies à la dérive, et honnêtes travailleurs cousins des uns ou des autres luttant pour ne finir dans aucun des sous-ensembles précédents, et trimant pour des picaillons, que des junkies ont tôt fait de leur dérober, quand les trafiquants se goinfrent sans trop d'effort. La série s'attache à une famille pour le moins dysfonctionnelle : les parents drogués, et le gamin dealer. Tout en n'éludant aucune des horreurs liées tant à la consommation qu'au trafic de drogue, les scénaristes ont choisi de mettre en valeur les qualités humaines de personnages pourtant à la dérive, broyés par une machine infernale autrement plus forte qu'eux. Révélation à la fin de la série : les personnages et les situations (tous assez largement invraisemblables pourrait-on croire) sont directement inspirés de faits réels, et le réalisateur conclut la série en interviewant les vraies gens qui ont servi de base aux personnages, au vrai coin de la vraie rue qui a servi au tournage. Cette mini-série, adaptée d'un livre-enquête de David Simon, est un peu l'ancêtre de The Wire, qui suivit quelques années après, et bon nombre de comédiens se retrouvent dans les deux.


Previously dans L'aloi des séries.
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