30 janvier 2009

Gros dégueulasse

Reiser à la une, l'essentiel des couvertures de Charlie Hebdo, Hara Kiri Hebdo et L'hebdo Hara Kiri, présenté par Jean-Marc Parisis.

Passons sur la préface de Cavanna sans aucun intérêt, et saluons cette heureuse initiative de Glénat, encore une belle édition, couverture souple mais avec le petit marque-ta-page en tissu qui fait si chic. La maquette élégante et de bon goût (un comble pour le spécialiste de la ligne crade) s'accompagne de textes et légendes sobres et efficaces signés Jean-Marc Parisis, l'exégète officiel du défunt artiste mort à l'âge de quarante-deux ans en 1983.


Génial autodidacte, Jean-Marc Reiser était parvenu à imposer le style mal dessiné (c'est vrai aussi qu'à l'époque l'académisme n'avait pas le vent en poupe) grâce à la force de percussion des messages qu'il véhiculait. Graphiquement, on lui reconnaît plein d'enfants, légitimes ou non, à commencer par Vuillemin qui lui avait succédé au Sales blagues, jusqu'à, disons, une Marion Montaigne aujourd'hui.


Au côté des incontournables BD du même Reiser, La vie au grand air, Mon papa, Vive les vacances, Vive les femmes, c'est donc bien sûr un régal que de retrouver rassemblés ici ses travaux pour la presse contestataire et insolente, qui ne manquent pas de punch, doux euphémisme.


A vrai dire, et ça finit par être le principal intérêt de ce passionnant bouquin, on se demande même quel organe de presse aujourd'hui oserait publier des insanités pareilles. Plus triste qu'une censure, qui victimise les auteurs, une chape d'autocensure épouvantable semble avoir bridé toutes les velléités d'insolence et de doigts d'honneur généralisés qui étaient la norme pour la bande à Charlie Hebdo, Reiser en tête. Ne parlons même pas de l'hebdomadaire qui porte aujourd'hui un titre identique.

On mesure donc bien à la lecture de cet ouvrage tout le chemin parcouru. A reculons. Et ça, ça fout franchement les jetons.


Du coup, en attendant l'interdiction de ce blog au nom des bonnes mœurs, je vous ai mis une sélection de couvertures parmi les plus gratinées. Ça fait toujours du bien.

Le bras long

Dernière minute : succombant à la campagne de jérémiades orchestrée en sous-main par Hobopok Dimanche, France 2 a décidé de diffuser la finale du championnat du monde de handball opposant la France à la Croatie (je sais, on ne connaît pas officiellement l'adversaire de la France à l'heure où j'écris ces lignes, mais on me la fait pas). Ce sera ce dimanche, en direct à 17h30 depuis Zagreb.

29 janvier 2009

Main ballon

Pour une fois je cause de sport et c'est pas pour moucater, mais au contraire me féliciter. Bon, non, en fait je grognonne quand même un peu (ça m'aurait étonné, aussi) qu'aucune chaîne de la TNT, et notamment aucune chaîne publique n'ait trouvé ni possible ni utile de retransmettre jusqu'ici les matchs du championnat du monde de handball (prononcer "en de balle", c'est d'origine teutonne - ainsi nommé parce qu'il se joue avec les mains quoique parfois sans ballon) en Croatie.

Mais si je me félicite, c'est à cause du blog d'un quotidien gothique en ligne concurrent, qui fait honneur au genre justement décrié du journalisme sportif, et qui, nonobstant quelques menues fautes de frippe ou approximations syntaxiques, fait un récit plein d'humour caustique et sinon curieusement bien écrit du parcours de l'équipe de France, tranchant avec le conformisme simiesque qui fait loi dans la presse spécialisée. Mentionnons donc les auteurs, pour autant que j'aie pu les identifier, Alexandre Roos et Henri Seckel. Faut se magner pour en profiter, la finale est pour dimanche. Personne de sérieux n'imagine une seule seconde que la France (championne olympique à Pékin) ne puisse pas y retrouver la Croatie. Ou bien ?

Ouopopop, où tu crois que tu vas, toi ?

Malgré les performances régulières de l'équipe de France au plus haut niveau depuis la médaille de bronze des Barjots à Barcelone en 1992, le moins qu'on puisse dire c'est que le hand est réduit à la portion télévisée congrue. Il n'y a guère que la bourle tourquennoise qui puisse se vanter d'un aussi mauvais traitement médiatique. Et pourtant, quel bouffée d'air frais ces colosses aux pieds ailés apportent au paysage audiovisuel sportif français à grands coups de coude dans l'œil des défenseurs, et pif ! et de gros scuds dans la tête des gardiens, et paf ! De quoi réveiller tous ceux qui sont lénifiés par les amabilités du foot et les gentilhommeries du rugby, sports abonnés du petit écran et qui paraissent en comparaison presque invertis. Ne parlons même pas du tennis qu'on prescrit aux insomniaques. Un match de handball, c'est comme une heure de placages de Jonah Lomu, mais à deux mètres cinquante de hauteur, sans talonnettes. Quelle tension dans ces attaques-défenses fulgurantes, au côté desquelles le basket NBA ressemble à du ping-pong joué par des jeannettes !

C'est archi télégénique, la France brille, et les télés s'en foutent. C'est à n'y rien comprendre.

28 janvier 2009

MMIX

Voilà un an que démarrait cette formidable aventure éditoriale qu'est votre blog gothique favori, dont le succès international se mesure désormais en demi-douzaines de lecteurs quotidiens, au bas mot. A vous, lecteurs fidèles ou occasionnels, meilleurs vœux pour 2009, vous en aurez tous bien besoin.


Ben quoi, on a jusqu'au 31 janvier pour adresser ses vœux, non ?

26 janvier 2009

Pompe en stock

Que le dessinateur qui n'a jamais fait un léger emprunt ici ou là lui jette la première pierre (plate ou pointue ?), mais je suis bien au regret d'annoncer que l'au demeurant excellent Brüno s'est fait choper par la patrouille d'Hobopok Dimanche pour ce vibrant hommage rendu à Hergé (mais si, vous savez, Les aventures de Tintin et Milou) dans son dernier album au demeurant pas mauvais du tout, Commando Colonial, en binôme avec l'au demeurant excellent Appollo.


Vous n'avez pas bien vu ? Je sais c'est tout petit sur Blogger. Voyons voir de plus près.


Ah oui, effectivement. Un vibrant hommage. Au demeurant.

24 janvier 2009

Los choristos

Paracuellos de Carlos Giménez.

Cette intégrale vient de sortir chez Fluide Glacial, reprenant les planches de deux albums déjà parus dans les années 80, et y ajoutant le contenu de quatre autres albums plus récents parus en Espagne mais pas de ce côté-ci des Pyrénées. Des récits courts, souvenirs d'enfance dans les internats de l'Auxilio social de l'Espagne franquiste des années 40-50.


Une édition massive de trois-cents pages, chouettement reliée avec ruban marque-ta-page, dotée d'un nouvelle couve inspirée des éditions espagnoles (où l'on peut regretter la typo manuscrite de l'auteur des précédentes éditions françaises...), imprimée sur du joli papier couché blanc cassé, et agrémentée d'une passionnante introduction de l'auteur et d'une poignée de fac-similés de crayonnés, le tout pour la modique somme de trente-cinq brouzoufs (ça peut paraître chérot, mais c'est l'équivalent de six albums de cinquante pages). Pour les afficionados, dont je suis, c'est la fiesta au pueblo !


L'Auxilio social (assistance sociale), sur le modèle d'une organisation similaire de l'Allemagne nazie, était une œuvre charitable franquiste affiliée au parti unique national-catholique de la Phalange espagnole (notez l'emblème : un joug traversé de cinq flèches). Elle avait été créée à l'origine pour venir en aide aux petites victimes de la guerre civile espagnole, et notamment aux enfants des fusillés par les troupes franquistes...


Dans les années 50, Giménez passa huit longues années dans les internats de cette institution, dépotoirs de l'enfance espagnole où se retrouvaient orphelins, indigents, bâtards, victimes de recompositions familiales, gosses de prisonniers politiques (les rouges), etc... et où les privations le disputaient aux sévices en tout genre.
Le titre Paracuellos vient de l'un de ces centres de la périphérie madrilène. Giménez ayant mis en exergue de ses premières planches le nom de chaque endroit, ce sont les lecteurs eux-mêmes qui imposèrent ce titre pour toute la série, bien qu'elle mentionne aussi d'autres établissements.
Je connaissais les premières planches parues au début des années 80 dans Fluide Glacial et rassemblées en deux albums, et benoîtement je m'étais imaginé que les histoires mises en images provenaient directement des souvenirs, voire de la fertile imagination de Giménez et hop, sur le papier ! Ouh que non, il a bossé, le bougre, invitant chez lui des anciens de l'institution autour de quelques cervoises pour des discussions à bâtons rompus qu'il enregistrait soigneusement, retaillant ensuite les personnages, croisant les anecdotes, pour aboutir aux scénarios si poignants de ses BD. Autrement dit, tout est vrai. Et des fois, ça fait un peu froid dans le dos.


Bref, l'un dans l'autre, voilà le genre d'ouvrage qui fait honneur au neuvième art (pour ceux qui savent compter jusqu'à neuf). Le dessin est d'une qualité remarquable, Giménez, passé par la dure école de l'industrie des comics espagnols (voir sa série Les professionnels), ayant de la technique à revendre, mais aussi et surtout du style, son style. Même si le trait, d'abord influencé par la tendance "hachures" en vogue au début des années 70, Bilal, Moebius, s'est progressivement épuré en même temps que tendu. Et sur le plan du récit, c'est ce que les anglo-saxons appellent avec à-propos un "page-turner" : quand j'ai entamé la première page, je n'ai plus pu lâcher le bouquin avant d'avoir terminé la dernière. Quand je pense que j'ai failli de prime abord regimber aux lettrages informatiques des quatre derniers opus (pas "dei"), ceux traduits plus récemment, ha ha ha ! je ris encore de mon impudence !


Giménez, dans son introduction, met son travail en perspective avec pertinence : si les établissements de l'Auxilio social sont à ce point violents et répressifs, ce n'est pas qu'ils constituent des îlots de non-droit au sein d'une Espagne suintant la joie de vivre, c'est au contraire qu'ils sont à l'unisson d'un pays retenant sa respiration sous la botte franquiste. Quoique parfaitement authentiques, les récits des Paracuellos et leurs portraits d'une enfance humiliée, éplorée, affamée, apprenant la cruauté d'adultes experts en la matière, mais jamais complètement désespérée, forment donc une microcosmique parabole de l'Espagne de l'époque. On en avait bien un peu l'intuition à la lecture, et c'est cette profonde humanité qui fait la force exceptionnelle de cette œuvre.

22 janvier 2009

Au plus bas des cieux

Musée de l'air et de l'espace, Le Bourget.

Impressions pour le moins mitigées après la visite de ce célèbre établissement : comme un abîme sépare la richesse invraisemblable des collections présentées et l'indigence quasi soviétique de la présentation, ne parlons même pas de scénographie. L'entrée aux collections permanentes est gratuite. Franchement, on préfèrerait payer un petit quelque chose, même une obole symbolique, au moins de quoi assurer le remplacement des ampoules qui manquent à l'éclairage de la moitié des cimaises. Très curieux de constater comment un lieu aux immenses possibilités sur un site à ce point chargé d'histoire (berceau historique d'Air France, aéroport d'atterrissage de Lindbergh...) paraît un peu laissé à l'abandon.


Et donc peu d'unité de présentation, dans cet ancien hall d'aéroport reconverti, entre les différentes époques de l'histoire du vol humain, depuis l'aérostation jusqu'à la course à l'espace. Des documents en vrac, reproductions ou originaux, on n'en sait parfois rien, des aéronefs en pièces détachés prenant la poussière au fond du hangar, une reconstitution genre décor de cinéma d'un atelier d'un pionnier de l'aviation et plus loin tout un espace consacré à Saint-Exupéry, sorte de mini exposition sponsorisée par une célèbre marque de montres d'aviateurs. Aucune cohérence, tant pour la rédaction que la pour forme, dans les textes explicatifs. Chronologie aléatoire, coq à l'âne, parcours mal fléché... Y a du boulot. A la décharge des conservateurs, reconnaissons qu'il n'est pas forcément aisé de présenter au public des dizaines de carlingues de plusieurs mètres de longueur et d'envergure chacune, mais tout de même. Et passons sur toute la partie espace à la gloire sans nuance des "partenaires" Dassault, Matra, Lagardère... Les spécialistes de la muséographie auront peut-être une explication à ce désolant état de fait. Personnellement, je suis revenu un peu désabusé. Enfin bon, mine de rien, j'y ai quand même passé tellement de temps que j'ai fait la fermeture, et j'ai pas vu l'expo Reiser et l'aviation. Blood'n'guts !


Une satisfaction tout de même : la découverte d'Albert Robida (1848-1926) , écrivain et dessinateur d'anticipation qui avait dans des ouvrages consacrés au vingtième siècle proposé une vision fantastique et prémonitoire des voyages aériens (entre autres), qui semble avoir marqué les esprits pionniers de son temps, au moins autant que les œuvres de son contemporain Jules Verne.

18 janvier 2009

Compression de personnel

Louise-Michel de Benoît Delépine et Gustave de Kervern.

Pamphlet prolétarien grolandais. Des ouvrières picardes licenciées sans façon (méfiez-vous si votre employeur vous offre sirupeusement des blouses neuves) mettent au pot leurs maigres indemnités et recrutent un (minable) tueur pour buter leur patron-voyou. Ce qui, à l'heure de capitalisme financier mondialisé, s'avère plus ardu que prévu.

Delépine et Kervern, membres de l'équipe de Groland sur Canal, mettent pour la troisième fois (après Aaltra et Avida, pas vus) leur humour ravageur au service du cinéma. Mais, peut-être par une forme de dandysme un peu dilettante, noient leur sujet, pourtant excellent, sous pas mal de facilités, redondances, et digressions scénaristiques, quelques gags tirés en longueur, et un désintérêt presque suspect pour la qualité technique de leur production. Comme s'ils se méfiaient de rendre une copie trop propre, comme si en se mettant à la portée du plus grand nombre en respectant un minimum de codes cinématographiques, ils craignaient de diluer leur venin dans un succès qui pourtant leur tendait les bras. Pudeurs levantines que n'eurent pas en leur temps les Monty Python en passant du petit au grand écran.

Le titre résulte de l'accolade des prénoms des deux personnages principaux, l'ouvrière et le tueur, joués savoureusement par deux sujets belges, Yolande Moreau et Bouli Lanners. Toutefois la référence à la révolutionnaire communarde, citée au générique de fin, n'aura échappé à personne. Peut-être le film est-il lui-même communard : beaucoup de vin rouge avec un peu de cassis.

Ne pas rater les étoiles-invitées : Siné en maillot de corps, et Denis Robert, le journaliste qui a lancé l'affaire Clearstream, enfin rasé de près.

Crash-test :

16 janvier 2009

Brazil

Hallucinante vidéo de bons vœux concoctée par la préfecture de police de Paris, et trouvée sur le blog Bonne nouvelle. Si après ça, il y en a qui doutent encore que la nouvelle année sera bonne, c'est à désespérer.

15 janvier 2009

Comité de visionnage des matches de Ligue 1 de football dans le but de contribuer à leur amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire

Tout ça pour ça. La vidéo ! La vidéo ! La vidéo ! s'exclament les spécialistes du Picon-bière en sautant sur leur tabourets de comptoir comme des cabris. L'arbitrage vidéo gna gna gna on allait voir ce qu'on allait voir. Ah ben chapeau, on a vu ! Résultat du premier comité de visionnage, mis en place par la Ligue de football professionnel pour sanctionner a posteriori les mauvais gestes qui auraient échappé aux arbitres dans le feu de l'action après la vingtième journée de Ligue 1 : macache, zéro, nada, zilch, peanuts, que tchi, RAS. Rapport vide. Vierge. Néant. Allez hop, circulez, y a rien à voir !

Comme quoi un vrai arbitre avec deux bras deux jambes un sifflet et un nuancier Pantone® plein la poche, ça fait pas toujours que des conneries, et peut-être même qu'avec un peu de travail sur eux-mêmes, les présidents et entraîneurs de clubs professionnels pourraient vivre avec (sans forcément passer leurs vacances ensemble). Sans les remplacer par une coûteuse et débilitante machinerie. Mais vous connaissez déjà les opinions de notre rédaction des sports en la matière.

Ayons tout de même une pensée pour les malheureux trois membres (trois autres s'étaient opportunément fait porter pâles, pas fous) du comité ad hoc qui ont dû se fader, pour cause de terrains gelés, une douzaine d'heures de vidéo d'Holiday on Ice en crampons moulés pour en arriver à ce pitoyable résultat.

Faut pas pousser Mimi dans les orties.

14 janvier 2009

Bienvenue chez le Che

Che - Première partie, l'Argentin de Steven Soderbergh.

Epopée mollassonne. La révolution cubaine vue depuis la jungle, de la rencontre de Castro et du Che jusqu'à la chute de la Havane.

Curieuse aventure, menée sur un faux rythme, où on a un petit peu l'impression qu'à ce tournant de l'Histoire, il ne se passe finalement pas grand chose. La partie guerilla dans la jungle, vécue par le Che, n'est qu'une collection d'anecdotes anecdotiques, un coup de fusil par ci, un coup de bistouri par là, sans grand lien entre elles, sans progression palpable, avec pour contrepoint idéologique une intervention du Comandante à l'ONU en 1964 en guise de commentaire tout au long du film.

Total, malgré la mise en scène qui excelle à rendre une atmosphère de bouillonnement tropical avec conviction, on n'aborde les événements ni sous l'angle historique, ni militaire, ni géopolitique, ni vraiment personnel non plus. Nulle romance enflammée pour faire pleurer. On ne s'emballe guère pour les personnages, et les seconds rôles sont d'ailleurs franchement laissés pour compte. Dommage pour les interprètes, Benicio del Toro excellent en Che, et Demian Bichir (vu dans Weeds) impressionnant en Fidel.

Finalement, on ressort sans bien comprendre, ni rien apprendre sur cette période a priori passionnante. Un comble. Mieux vaut avoir révisé son manuel d'histoire au préalable. Ah tiens, Ernest, ressers-moi donc plutôt un mojito bien tassé !

Crash-test :

13 janvier 2009

2009, année dyonisiaque

C'est au péril de ma vie que je suis allé m'insinuer dans le lacis de l'échangeur A1/périph nord pour prendre ces photos. Il s'agit des bons vœux de la ville de Saint-Denis-de-la-Seine-Saint-Denis, dessinés par Loustal.


J'espère qu'avec cette vision un peu folklorique de la banlieue, Loustal ne va pas offenser les racailles, sinon, il n'y aura plus qu'à le servir en kebab aux maras du Neuf-Trois.


Notez que les stratèges en communication municipale ont estimé avec sagesse que deux lignes d'Helvetica bien gras l'emportaient largement sur une lapidaire ligne manuscrite.

11 janvier 2009

Khmer d'alors

Un barrage contre le pacifique de Rithy Panh.

Du rififi dans les rizières. En 1931 au Cambodge alors colonie française, une veuve tente de survivre avec ses deux enfants ados précoces sur son lopin de terre en bord de mer régulièrement inondé par les marées. La famille se prête à bien des compromissions pour construire un barrage, sauver ses rizières et éviter la ruine. Un tableau qui se voudrait sans concessions de la société coloniale d'alors.

Malheureusement, Rithy Panh, le talentueux documentariste de S-21, la machine de mort Khmère rouge, s'emmêle passablement les baguettes dans la fiction. Quoiqu'à son fait avec le cadre ou le montage, on le sent mal à l'aise avec les dialogues, les comédiens, avec la mise en scène en général. Il n'est pas aidé par les jeunes interprètes, notamment celui du fils qui évolue à l'écran avec le naturel et la grâce d'un catcheur texan. Isabelle Huppert ne semble pas au mieux de sa forme non plus.

Tout sonne faux. Sur le fond, on nous assène avec lourdeur maximes et pensées bien senties sur la colonie. Sur la forme, on ne voit partout que les gros fils qui retiennent des personnages sans âme à leur manipulateur. Les acteurs déclament des vérités surgies de nulle part, et comble de ridicule, doivent parfois s'exprimer tout seuls à voix haute face caméra. Panh s'est imaginé qu'en adaptant un roman, on pouvait glisser leurs pensées dans la bouche des personnages... Je n'ai pas lu Duras mais ça donne pas envie.

Dernière séquence : 2007, la rizière florissante porte le nom de "rizière de la femme blanche"... Moyenne d'âge élevée dans la salle, j'étais sans doute le seul spectateur à être entré sans réduction carte Vermeil. Comme si l'évocation nostalgique des aspects positifs de la colonisation attirait les électeurs de qui vous savez.

Crash-test :

10 janvier 2009

Un café et l'addition !

Une info trouvée dans une gazette gothique concurrente : la Colombie est en état d'insurrection, le peuple se soulève, les combats font rage, et cette fois ce n'est pas à cause d'un quelconque trafic de stupéfiants, ce n'est pas le fait d'une guerilla arboricole. Non, le fautif n'est autre qu'un malheureux strip de bande dessinée, connu en France sous le nom de Grimmy, dessiné par Mike Peters, publié aux Etats-Unis mais "syndiqué" dans de nombreux journaux de par le monde :

- Mmmmh. Du bon café colombien le matin ! - Tu sais, il y a beaucoup de crime organisé en Colombie.
- Et quand ils disent qu'il y a un peu de Juan Valdez dans chaque boîte, c'est peut-être pas une blague.
- Pourquoi tu bois du thé ? - T'occupe !

Sans être à mourir de rire, c'est tout de même un petit peu cocasse, une fois surtout qu'on sait que Juan Valdez est l'espèce de moustachu à poncho que Fédécafé, le collectif des producteurs de café colombiens, a choisi pour emblème, appose sur ses produits, et utilise largement pour ses campagnes de promotion notamment en Amérique du Nord. Autrement dit un personnage assez virtuel, quoiqu'en laisse penser la photo suivante, où on peut l'apercevoir en compagnie de sa mule Ingrid, une bête très en cour.


Eh bien Fédécafé, qui s'est senti "offensé et insulté" de voir le délicieux travail d'honnêtes planteurs associé aux infâmes organisations criminelles, a soulevé le pays entier contre Mike Peters, fait jouer le sentiment national, les enjeux économiques, menace d'un procès à vingt millions de dollars, et a obtenu jusqu'à présent les plates excuses du dessinateur, mais pas encore le retrait du dessin de son site.

C'est encore trop d'égards pour ce gringo impérialiste, probable suppôt de Starbucks. Qu'on le serve en ceviche aux FARC !

6 janvier 2009

Chic planète

Le jour où la Terre s'arrêta de Scott Derrickson.

Rimec inutile. Un extra-terrestre qui a eu le bon goût de prendre forme humaine déboule sur notre planète, nous explique que ce n'est pas la nôtre, et décide que, eh, oh, puisqu'on veut pas le laisser aller causer à l'ONU devant l'assemblée des chefs d'Etat, il va éliminer la race humaine qui n'aura donc que ce qu'elle mérite, vu qu'elle sait pas sauver la Terre elle-même et qu'elle a mauvais fond au fond. Dieu soit loué, l'amour d'un enfant va le faire changer d'avis.

A la menace nucléaire qui terrorisait le monde de l'après-guerre, ce film a substitué l'angoisse environnementale qui l'a peu ou prou remplacée dans notre monde contemporain (alors que je le rappelle les missiles sont toujours là, prêts à décoller...). Ce n'est pas si mal vu. Mais toutes les invraisemblances du sujet, qui passaient pour des paraboles visionnaires dans le film de Robert Wise en 1951, deviennent autant de lourdeurs vaguement écolo new age, sans compter que Derrickson (mais d'où sort-il celui-là ?) rajoute encore d'autres invraisemblances plus invraisemblables encore, avec notamment une séquence prégénérique sans aucun intérêt. Et là où les effets spéciaux et le design des années 50 créaient une image poétique, ne reste que le sempiternel et indigeste gloubiboulga numérique, marque de fabrique d'Hollywood.

Avec ça le môme de l'histoire, interprété par celui de Will Smith dans la vraie vie, est tellement insupportable qu'on a envie de le baffer du début à la fin du film, et qu'on se demande bien ce qui a pu attendrir l'extra-terrestre. Notez que John Cleese s'est commis dans ce film : c'est le jour où Monty Python s'arrêta...

Crash-test :

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4 janvier 2009

La forêt enchantée

Mia et le Migou de Jacques-Rémy Girerd.

L'écologie expliquée à ma fille. Dans une forêt primaire qui a tout de l'Amazone, un chef de chantier se fait ensevelir sous un tunnel suite à de mystérieux accidents. A l'autre bout de la Terre, sa jeune fillette se met en route pour venir à son secours, et croisera celle du vilain promoteur qui veut privatiser ce bout de paradis terrestre, et celle de génies protecteurs bien sympathiques quoiqu'un peu schizophrènes.

L'un des talents de ce film est de mettre à la portée des jeunes enfants un certain nombre de thèmes liés à l'écologie, emballés dans une histoire fort bien ficelée, bien rythmée, mêlant avec bonheur humour et poésie, et parsemée de personnages attachants, sans pour autant verser dans le manichéisme qui entache régulièrement les productions américaines.

Produit du studio Folimage, à Valence dans la Drôme, auquel on doit La prophétie des grenouilles, du même Girerd, voilà un long-métrage qui fait honneur à l'animation française. Les graphismes (dûs à un certain Benoît Chieux) sont magnifiques, l'animation de bonne tenue, la musique efficace, et les voix tout à fait croquignolettes. Au générique : Miou-Miou, Jean-Pierre Coffe, Pierre Richard, Romain Bouteille, excusez du peu. Et comme si ça ne suffisait pas, Yolande Moreau donne l'accent belge à une sorcière, et Dany Boon un accent ch'ti débridé à un Migou hilarant. A l'heure de la normalisation mondialisée, il fallait oser.

Une fois de plus, j'étais le seul adulte non-accompagné dans la salle. Mais je n'étais pas le gamin le moins émerveillé.

Crash-test :

Allez du coup je signale même le site officiel joliment torché.