28 juin 2012

Ciné dessiné

On remarque en ce moment deux affiches de cinéma, commandées par les distributeurs français, qui sont un peu plus que des affiches de cinéma.


Je ne sais pas ce que vaut le nouveau Ken Loach La part des anges, mais l'affiche à peine coquine a été dessinée par Tomi Ungerer, excusez du peu. Dommage que le maquettiste en charge de la typographie n'ait pas été aussi inspiré.

Quant à l'affiche du film québécois Starbuck, elle est signée Dupuy-Berberian, des habitués du genre, qui ont fait dans le style faux-comics, peut-être pour américaniser le propos.

23 juin 2012

Cruelle corrida

Espagne 2 - 0 France.

C'était prévisible, c'est arrivé, l'Espagne a sans grande surprise, et sans forcer, bouté hors du Championnat d'Europe des nations de football la malheureuse sélection française, qui n'aura rien vu d'autre que le bout de ses chaussures durant quatre-vingt dix minutes. Ceci nous ramène deux ans en arrière et nous permet de mesurer le chemin parcouru depuis la glorieuse époque du glorieux Raymond Domenech.

Fastoche.
Voilà deux ans qu'on nous bassine sur le thème de la reconstruction, deux ans qu'on exhorte les supporters à l'indulgence, qu'on épuise leur patience, deux ans qu'on accorde davantage de crédit à Laurent Blanc qu'aux bons du trésor fédéral allemand, tout ça pour se retrouver à la case départ. Car le spectacle aperçu sur la pelouse de Donetsk (Ukraine) est sans appel : il se résumait à une opposition entre une équipe qui joue au football, et l'autre non. D'un côté un bloc compact de onze joueurs solidaires et complémentaires, passant instantanément d'une configuration offensive à une configuration défensive, hargneux au pressing, offrant des solutions, mobiles, alertes, et par-dessus le marché élégants, j'ai nommé l'équipe d'Espagne. De l'autre, onze invités empruntés, désorientés, fatigués, pas concernés, s'ignorant l'un l'autre, et donnant l'impression fâcheuse à ce niveau de n'avoir pas compris que le football est un sport collectif, et que ce n'est pas le joueur qui compte, mais le ballon, je veux dire la France. Pour faire court, on avait le sentiment très net que les joueurs espagnols étaient deux fois plus nombreux sur la pelouse.

Perdre face à une sélection qui domine le football mondial, championne en titre d'Europe et du monde, n'a en soi rien de déshonorant. Le faire de cette façon, en baissant pavillon sans combattre, est assez infâmant. On a vu précédemment, dans cette même compétition, d'autres formations, la Grèce, l'Irlande, techniquement bien inférieures et archi-dominées, livrer des combats méritoires, courageux, face à l'Allemagne ou cette même Espagne, et perdre la tête haute. Avec le match de ce soir, qui faisait suite à une autre prestation plus lamentable encore face à la Suède, la France rejoint le zéro footballistique dont elle ne parvient plus à s'extraire depuis 2002 (exception faite de la parenthèse de la chanceuse coupe du monde 2006).

Platoche
Mais peut-être est-il facile de trouver une raison objective à ce désastre : la couleur des maillots. Que s'est-il donc passé depuis 1984 pour que la France et l'Espagne ne puissent plus partager une pelouse en jouant toutes deux dans leurs couleurs officielles ? Une épidémie subite de télévision en noir et banc a-t-elle submergé la planète ? Le daltonisme progresse-t-il de façon plus alarmante que les statistiques officielles ne le laissent entrevoir ?

Avec les bons maillots, et sa tenue fétiche bleu-blanc-rouge, la France ferait à tout coup de l'Espagne du gazpacho.

22 juin 2012

Dans l'œil de Raymond

Journal de France de Raymond Depardon et Claudine Nougaret.

Documentaire normal. Au prétexte que Raymond fait un tour de France des départementales en camping-car pour photographier des bars-tabacs-épiceries dans des bleds perdus, sa compagne exhume des chutes inédites d'anciens films et, revenant sur quelques moments-clés de la carrière de Depardon, tisse une ode à la gloire de l'art de l'image.

Raymond Depardon photographe a accédé récemment à une gloire normale en signant la photo officielle normale de notre nouveau président normal. Mais il faudrait être amnésique pour oublier que l'éternel baroudeur, correspondant de guerre, fondateur de l'agence Gamma, est aussi un fameux documentariste. Caméra à l'épaule, il a d'ailleurs déjà eu affaire à un président de la République, un peu moins normal, puisqu'il s'agissait de Valéry Giscard d'Estaing, dont il filma la campagne victorieuse en 1974. Souverain vindicatif, Giscard bloqua la sortie du film jusqu'en 2002. Le teigneux monarque fit encore embastiller le réalisateur trois jours en 1977 quand celui-ci fit diffuser au journal télévisé une poignante interview de Françoise Claustre, archéologue retenue otage par des rebelles tchadiens, mettant la République dans l'embarras.

Le film alterne ainsi extraits d'archives, films de guerre, Prague, Vénézuela, Biafra, ou chroniques sociales, Faits divers, Délits flagrants, Urgences, avec les séquences contemporaines de Depardon parti photographier la France dans son camion. Le point commun entre le photographe au travail et le cinéaste à la filmographie longue comme le bras finit alors par nous sauter aux yeux : c'est le même observateur patient, qui, cinéaste, n'a pas peur de laisser tourner en attendant que le bon moment captive dans l'objectif, et, photographe, sait attendre que le décor se mette en place comme par magie pour appuyer sur le déclencheur. Ça n'est nulle part plus évident que dans cette scène sidérante où, admis dans le bureau de Nelson Mandela en 1993, il lui demande de rester silencieux et de fixer la caméra pendant une minute. Cette minute de silence, avec le regard de cet homme qui porte à lui seul le poids d'un passé et les clés de l'avenir d'un pays, est plus impressionnant et plus parlant que toute interview n'aurait pu l'être. Raymond Depardon comprend ce genre de choses, et sait les faire partager, c'est un talent rare.

Avec l'intervention un peu appuyée de la compagne et co-réalisatrice, on n'échappe pas parfois à de véniels péchés de nombrilisme, mais on sort de la salle comme muni d'une nouvelle paire d'yeux avec la furieuse envie de revoir les films de Depardon. Et on se dit surtout que cette photo de François Hollande ne devait pas être si ratée que ça.

Crash-test :

18 juin 2012

Signatures

Est-il besoin d'ajouter quoi que ce soit ? Ah oui, l'adresse : Librairie Orphie, 15 rue Victor Cousin, Paris Vème (à un jet de noyau de letchi du Panthéon).

9 juin 2012

Grand Hôtel Le Bourget

Nous avons mis la main, grâce à Designworklife, sur une époustouflante collection d'étiquettes de bagages d'hôtels, toutes plus somptueuses l'une que l'autre, d'une beauté presque intimidante, notamment pour les amateurs d'étiquettes de rhum.

Elles proviennent d'un peu tous les pays, d'Europe et d"ailleurs, mais à seule fin de faire enrager de jalousie la direction du fameux Grand Hôtel Kinshasa, nous avons sélectionné quelques unes des plus chatoyantes en provenance des meilleurs établissements du continent africain.

8 juin 2012

Cases africaines, épisode 1

Notre cyber gazette a déjà eu l'occasion de mentionner en ces colonnes la collection que l'éditeur parisien L'Harmattan consacre à la bande dessinée africaine, sous la houlette du spécialiste de la spécialité Christophe-Cassiau-Haurie.

Après un vigoureux toilettage, cette collection a pris une nouvelle direction graphique, et propose déjà deux nouveaux titres, remarquablement maquettés (par l'auteur du Temps béni des colonies), signés par des artistes congolais des deux rives du Stanley Pool, c'est-à-dire originaires des deux Congos, l'un se prétendant, non sans prétention justement, plus démocratique que l'autre.

Chroniques de Brazzaville est un album collectif qui place enfin le plus petit Congo sur la carte mondiale de la bande dessinée. Comble de l'originalité, il accueille dans ses pages une dessinatrice, rareté notable en Afrique, Jussie Nsana, auteure d'une bluette d'un charme très féminin. Deux autres auteurs, KHP et Lionnel Boussi, confrontent leurs souvenirs des années de guerre civile, qu'ils ont vécues tout jeunes soldats dans des camps opposés.

Jussie Nsana.
Lionnel Boussi.
KHP.
Jungle urbaine (tome 1. Lola) est un thriller effréné à travers les rues de Kinshasa, où un petit mécanicien de rien du tout et son pote rastaman viennent à la rescousse d'une sculpturale héritière menacée par un mystérieux complot. C'est bien écrit, efficace, et surtout bien joliment gratté par Thembo Kash. Enfin une aventure en Afrique dont les héros sont authentiquement africains.

Thembo Kash.