31 juillet 2008

Siné massacre


Je sais pas pourquoi je pensais à Siné ces derniers jours. Voilà un petit moment que je gardais ce billet par devers moi, attendant le moment propice, ou un un petit creux à boucher, et voilà que l'actualité se charge de me rappeler à l'ordre.

C'était toujours l'excellent Penguin by Design qui avait attiré mon attention sur ce petit opus : Siné Massacre, qui a donc été publié en anglais par les éditions Penguin en 1966. Le directeur éditorial avait cru pouvoir proposer au lectorat anglais les œuvres très polémiques et un peu scandaleuses (pour l'époque) du satiriste français. Mais, cas unique dans l'histoire de la vénérable maison d'édition, les libraires ulcérés refusèrent de vendre le livre, le renvoyèrent en masse à l'éditeur, et exigèrent son retrait de la liste des publications. De guerre lasse, le PDG de Penguin, contre l'avis de ses directeurs, finit par faire enterrer l'ensemble du stock au fond de son jardin (suppose-t-on), et le livre disparut à jamais de la circulation. Nonobstant l'exemplaire que bien sûr j'ai réussi à me procurer sur Ebay. L'édition française en poche doit pouvoir se trouver également.



Même si l'histoire s'est finie un peu en eau de boudin, l'audace initiale reste admirable, et Siné à part, on se demande bien dans le climat actuel quel éditeur, en France, se hasarderait à de telles folies. Vive le progrès.

Le révérend-père Maurice Sinet.

7 juillet 2008

No pacharan !

Mes amis l'heure est grave. L'heure est aux vacances. Après ces quelques mois à la tête d'une des cyber rédactions les plus motivées de cette année 2008, je dois me retirer au pays. Au plus beau pays du monde, celui qui souffre encore et masque à grand peine ses blessures subies sous le joug colonial français. Celui qui soigne ses peines au son de la vielle, se contentant chaque matin pour pour aller de l'avant d'une modeste tartine de fourme trempée dans le café mouillé de goutte.


Sachez seulement qu'une réunion extraordinaire du bureau patriotique de l'Armée Checrète Auvergnate de Libérachion de l'Auvergne doit se tenir et décider de mesures pour perturber la digne tenue de la fête nationale française. Tripoux-coco, rhum arrangé à la gentiane, ravitoto du Velay, rien ne sera épargné à l'occupant et à ses représentants. Comprenez, mes amis, que je ne puisse ici en dire davantage.

5 juillet 2008

Queues de cerises

Ciao Stefano de Gianni Zanasi.

Comédie marinée à l'eau de vie. Un rocker de 35 ans, ado attardé avec les rouflaquettes en pointe, traverse un mauvaise passe : le rock le fait chier, et sa copine le trompe. Il quitte Rome pour retrouver sa famille en province. Mais si lui n'a pas changé, sa famille si. Ses parents ont vieilli, sa sœur a abandonné les études, son frère va divorcer : il ne reste que la fabrique familiale de cerises à l'eau de vie. Criblée de dettes. Arriveront-ils à la sauver ? Et à se sauver eux-mêmes ?

La magie du cinéma italien se résume un peu à ça : la famille, parce que c'est, encore aujourd'hui, le cœur de la société italienne. Mais avec un scénario aux multiples ramifications, ne laissant aucun personnage de côté, avec autant de couches qu'un millefeuilles, le film fourmille d'idées de mise en scène, qu'une photographie un peu chiche ne suffit pas à ruiner. Avec beaucoup d'ironie, qui masque un soupçon de profondeur, Zanasi finit par brosser un portrait convaincant de notre début de siècle.

Il est curieux d'observer comment le cinéma italien, qu'on croyait mort dans d'atroces souffrances tué par la télé berlusconesque, survit malgré tout et parvient à produire bon an mal an de petites perles comme celle-ci. En sortant de ce film, on a pas l'impression de sortir d'un cinéma, mais de quitter une vie pour en retrouver un autre tout aussi vraie. Bravissimo.

Crash-test :

4 juillet 2008

Raymond qu'a le but

Félicitations ! Oh, pas pas pour la noce, ça non, y faudra encore voir, on est peut-être 64 millions de cocus et on le sait pas encore. Félicitations pour la reconnaissance du travail bien fait : Raymond est reconduit à la tête de l'équipe de France de football.
A l'instar des généraux de la Berezina, tous faits maréchaux d'Empire, Raymond rempile après s'être couvert de gloire. A chacun son Everest, nous on a désormais notre Matterhorn. Je peux d'ores et déjà annoncer la composition de l'équipe de France qui devrait remporter la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud :

Remplaçant : Nasri, qui entrera bien en cours de match, mais sera remplacé par Malouda après un quart d'heure.

3 juillet 2008

Chouchou de Bruxelles

JCVD de Mabrouk El Mechri.

Une star d'Hollywood au creux de la vague rentre au bled et se retrouve fortuitement prise dans un braquage dans une poste de la banlieue bruxelloise. Jean-Claude Van Varenberg (son vrai nom) va en profiter pour régler son compte à Jean-Claude Van Damme.

Deux grandes scènes : la star épuisée emmerdée par la chauffeuse de taxi qui n'arrête pas de la tanner hors champ, et un long monologue au beau milieu des otages et des bandits où Jean-Claude se met en roue libre pendant neuf minutes. Mais c'est qu'il sait jouer ce con ! Voilà la vraie révélation de l'année, le César de l'espoir masculin : pendant tout ce temps là, il y avait un acteur planqué sous le kimono, qui attendait ce film pour faire taire les grincheux d'un grand coup de latte dans les... enfin d'un grand coup de latte.

Le film jongle intelligemment entre deux points de vue : à l'intérieur de la poste avec les preneurs d'otages, et à l'extérieur avec les flics qui campent dans un... vidéo-club. El Mechri conduit son affaire de main de maître, mariant avec bonheur la réflexion introspective de sa star, et les clins d'oeil aux références du genre prise d'otages braquage. Zinedine Soualem en gangster bête, méchant et chevelu, s'est fait la tête de John Cazale dans Un après-midi de chien, bien vu. Et le reste de l'interprétation, François Damiens en tête, prête au film cette tonalité typiquement belge à la fois très juste et un peu décalée.

On ne sait, du réalisateur qui a osé aller le chercher, ou de la star qui s'autodérisionne à fond, lequel des deux est le plus gonflé. Et à la fin, une question reste sans réponse : JCVD est-il vraiment un escroc ?

Crash-test :

2 juillet 2008

Les ripoux

Au bout de la nuit de David Ayer.

Tous pourris, sauf le flic alcoolo. Comme Serpico mais en beaucoup moins bien. Comme Big Easy mais en beaucoup moins bien. Comme Training Day mais en moins bien. Et pourtant, David Ayer était déjà le scénariste de ce dernier film.

Je ne résume pas l'intrigue qui n'a pas grand intérêt, et déjà vue mille fois (c'est pourtant du James Ellroy, c'est grave ?). Le scénario est bourré de poncifs et d'invraisemblances, y compris dans la continuité. Et on revient à ces thèmes qui semblent fasciner à ce point les Américains qu'il suffit de les empiler pour faire un film : les poursuites en bagnoles, la corruption, la vengeance, la drogue, la justice expéditive, les armes qui font clic clac quand on les attrape, l'ultraviolence avec une pointe de sadisme, la pellicule progressivement jonchée de cadavres troués.

Une seule nouveauté : les trafiquants de drogue, Coréens infréquentables, sont d'autant plus méchants que ce sont aussi des violeurs d'enfants. Il fallait y penser.

Heureusement, la morale règne : pas de sexe, malgré la petite copine infirmière (rudement pratique quand on est salement amoché à l'épaule gauche) qui sert de potiche à la place de l'épouse assassinée que c'est pour ça qu'il est alcoolo le pauvre Keanu Reeves.

Un flic alcoolo qui dort avec son flingue, conduit avec son flingue, pense avec son flingue, brandit son flingue à longueur de journée et finit par canarder tout ce qui bouge... peut-être c'est sexuel. Ah, alors, c'est ça, voilà, c'est sexuel. Le phallus. Bien sûr.

Mais n'est pas Inspecteur Harry qui veut. Et au moins Steven Seagal c'est drôle (quoiqu'involontairement).

Crash-test :

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