31 août 2011

De la rumba dans l'air

Chico & Rita de Javier Mariscal, Fernando Trueba, et Tono Errando.

Te amo, yo tampoco. De la Havane à New-York, de l'après guerre à nos jours, Chico le pianiste ténébreux, et Rita, la chanteuse indomptable, s'aiment, se déchirent, se séparent et se retrouvent enfin. Et ça swingue.

Avec ses personnages romantiques et son histoire d'amour contrarié, ce film nous transporte surtout dans un monde où tout s'exprime par la musique. Cette musique noire afro-caribéenne, qui se décline et voyage sous forme de jazz ou de variété, accompagne une réflexion émouvante et amère sur le destin, l'exil, le racisme. Pour finir l'amour triomphe. Et une fois n'est pas coutume, ça marche de façon poignante.

Mariscal, illustrateur et designer catalan, célèbre pour la mascotte Cobi des JO de 1992 à Barcelone, créé un univers graphique nostalgique, qui prend souvent les allures d'un assez énorme... euh, disons clin d'œil... à Loustal. Il s'affranchit tout de même de cette influence dans une très belle scène onirique lovée au cœur du film, montrant un New York fantasmé depuis la Havane.

Assez justement, la critique a été quasi unanime à encenser le film. Pourtant, j''ai cru m'étrangler en lisant l'avis d'Olivier Delcroix dans le Figaro, qui, si je puis me permettre, se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au mojito, en croyant devoir reprocher au film une animation "maladroite". Evidemment, ça ne bouge pas comme du Pixar ! Et on peut penser, au contraire, que les réalisateurs ont fait preuve d'une certaine intelligence esthétique en ne masquant pas l'intervention de l'ordinateur dans le traitement de leurs images et de leurs mouvements. Ils laissent deviner ici les coups de pinceau électroniques dans les décors, ou là des imperfections dans l'alignement de plusieurs profondeurs de champ, obtenant ainsi des irrégularités dont on ne sait si elles étaient recherchées ou non, mais qui valident l'informatique comme une dimension supplémentaire de poésie visuelle.

Crash-test :

29 août 2011

Siné Mensuel

On se souvient encore tristement de la disparition de Siné Hebdo, qui faisait suite au conflit puis à la concurrence féroces entre son créateur Siné et l'ancien employeur de ce dernier, Charlie Hebdo, période Philippe Val.

Mais Siné, lui, est toujours insolemment vivant, et mord même encore de toutes ses dents, du haut de ses quatre-vingt-deux ans. Après l'échec de la formule hebdomadaire, qui ne parvint jamais à l'équilibre financier, il retente l'aventure avec un mensuel dont le premier numéro est attendu pour le 7 septembre, au prix de 4,80 €.