30 octobre 2010

Memphis Blues

Cyndi Lauper n'est pas morte, elle fait partie de ces filles qui veulent juste s'amuser, nous montrer leurs vraies couleurs, toujours et encore. Seulement elle se met à chanter le blues, accompagnée par le pianiste néo-orléanais Allen Toussaint (et B.B. King sur l'album). Non sans un certain succès. C'est tellement beau qu’on en pleurerait, si seulement on avait un cœur.

24 octobre 2010

Independence Day

Hors-la-loi de Rachid Bouchareb.

La décolonisation pour les nuls. Des massacres de Sétif en 1945 à celui de Charonne en 1961, l'itinéraire de trois frères algériens en France, impliqués à des degrés divers dans le mouvement de libération nationale. Un intello, un vétéran d'Indochine, un mac. L'un porte des lunettes, l'autre a le visage balafré par des cicatrices de guerre, le troisième porte son chapeau de travers. Saurez-vous les retrouver ?

A mon grand dam, quoiqu'instruit par l'expérience potentiellement désastreuse d'Indigènes du même réalisateur, que j'avais prévu de voir en vidéo, avant d'arrêter le lecteur après cinq minutes d'affligeantes inepties visuelles, je me suis forcé à rester jusqu'au bout de deux heures dix-huit d'indigeste sous-cinéma.

Rachid Bouchareb confond le cinéma et l'illustration. Il décrète l'émotion sans se donner la peine de chercher à la susciter, se reposant sur des dialogues explicatifs auxquels l'image vient abonder, faisant du pléonasme visuel un style à part entière, où aucun archétype ni aucun cliché ne nous est épargné. Le scénario, qui au demeurant n'est pas à sens unique, il ne glorifie pas les uns pour exonérer les autres, est surtout réducteur, au sens où il plie tant les personnages que les situations à l'intention des auteurs, en faisant fi de toute logique narrative, en même temps que de toute cohérence de mise en scène. C'est le triomphe de la lourdinguerie téléfilmesque, sous prétexte d'édification des masses.

Est-ce à dire que ce film, ou prétendu tel, est totalement dépourvu de toute qualité ? Curieusement non, la photographie et la direction artistique, lumière, décors et costumes, étaient plutôt intéressants, notamment la recréation du bidonville de Nanterre à la fin des années 50, improbable et incongru personnage de cinéma, à ceci près que Bouchareb n'en tire aucun parti. La scène du mariage est à cet égard passablement ratée. N'est pas Coppola ou Cimino qui veut.

Reste à espérer que ce ne soit pas Bouchareb qui se mette en tête de filmer l'histoire de Rachid Mekhloufi, héros de l'A.S. Saint-Etienne et du football algérien...

Crash-test :

23 octobre 2010

Saga Africa

Afrique(s), une autre histoire du XXe siècle, d'Alain Ferrari, Elikia M’bokolo, Philippe Sainteny.

De temps en temps, entre des séries débiles, des talk-shows crétins, et des émissions de télé-réalité consternantes, on peut se dire, quand même, qu'il y a quelques bons moments qui justifient encore d'allumer sa télévision. La série documentaire Afrique(s), une autre histoire du XXe siècle sur France 5, fait partie de ceux-là.

Voilà un travail extrêmement ambitieux, à savoir tracer un portrait historique du continent, réalisé avec une grande intelligence, ne donnant la parole exclusivement qu'à des Africains, et servi par une collection d'archives exceptionnelles, dont certaines sont rarement ou jamais vues.

A la surprise générale, il ressort que l'histoire récente de l'Afrique est intimement liée à celle de l'Europe. Raconter l'histoire de l'Afrique, c'est aussi en filigrane, à bien des égards, dire l'histoire de l'Europe. Ce simple constat est en lui-même problématique, et illustre toute la difficulté des rapports entre les deux continents.

Il est à souhaiter que cette série, qui sera aussi éditée en DVD, sera largement diffusée en Afrique même, car elle porte une large part de la mémoire du continent. L'un des auteurs faisait remarquer non sans justesse que vu l'extrême jeunesse, au sens démographique, de l'Afrique, même les années 90 ressemblent à de la préhistoire pour bien des Africains.


A suivre sur France 5 tous les dimanches soirs. Déjà deux épisodes diffusés, encore deux autres d'une heure et demie chacun les 24 et 31 octobre. La série doit être diffusée sur TV5 Monde, va savoir quand.

11 octobre 2010

Noir et blanc

Je sais. C'est à peine croyable. Mais j'ai ressorti Coco et Bwana des tiroirs en vue d'une réédition à venir du Temps béni des colonies. Voilà déjà un petit bonus.

5 octobre 2010

Jeux de l'amour et du bazar

Tamara Drewe de Stephen Frears.

Marivaudage mortel. Une jeune et séduisante journaliste qui s'est fait refaire le nez revient dans le petit village du sud de l'Angleterre où elle a grandi en compagnie de son appendice nasal d'origine, et cristallise sur son passage toutes les passions et rancœurs recuites du microcosme local, au premier rang duquel se trouvent les hôtes d'une retraite pour écrivains sise au domicile d'un auteur à succès. Frears dézingue, un mort.

Encore aurait-il fallu lire le machin graphique (sorte de semi-bande dessinée) de Posy Simmonds que Frears a adapté pour savoir à qui, de Simmonds ou de Frears, attribuer le mérite de l'acidité et de la vivacité de ce film. Vu que je n'ai pas ouvert le bouquin j'opterai pour la seconde solution, et louerai la pertinence de point de vue du réalisateur anglais qui, film après film, se montre aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie. En l'occurrence, c'est la comédie, grinçante à souhait, qui domine ici. On rit beaucoup de la méchanceté et de la mesquinerie de la quasi totalité des personnages, galerie de portraits gratinée où se retrouvent des collégiennes acnéiques, une rock star, un athlétique factotum, un chien exubérant, et des écrivains de différents niveaux de médiocrité et de succès (dans des proportions apparemment équivalentes) que leur égale incompréhension de la littérature et du monde autorise à pontifier sur tous sujets. Se dégage un propos assez nettement misanthrope, où même l'amour est passablement ridiculisé, à tout le moins ramené au rang de condiment humain, et où le personnage principal se montre, malgré sa saisissante beauté de fraîche date, au même pitoyable niveau moral que ses malencontreuses victimes.

Gemma Arterton, l'interprète du rôle-titre, s'est fait offrir avec ce film une merveilleuse occasion de démontrer que ses talents d'actrice sont largement au niveau de sa plastique avantageuse. Talents qu'elle s'était crue obligée d'aller galvauder dans des chefs d'œuvre du nanar numérique comme Le choc des titans ou Prince of Persia. Souhaitons lui davantage de discernement à l'avenir, on se fera un plaisir de la revoir, y compris habillée, mais pas dans des grosses daubes de préférence !

Crash-test :