Inglourious Basterds de Quentin Tarantino.
Mise en boîte historique. En France occupée, à la fin de la deuxième guerre mondiale, un commando de soldats américains juifs est lâché derrière les lignes allemandes pour terroriser les nazis, pendant qu'une jeune propriétaire de cinéma juive prépare un attentat anti-allemand dans sa salle, pendant qu'un suave colonel SS s'efforce d'attraper tous les précédents. L'issue de la guerre en sera changée à jamais.
Tarantino s'est confortablement assis sur son manuel d'histoire pour réaliser cette pochade à grand spectacle, où d'invraisemblables invraisemblances le disputent aux anachroniques anachronismes, en réussissant pour autant un divertissement de qualité. Sans verser dans la franche rigolade, on est tout de même pas loin de la parodie comique, comme semble le confirmer la présence au générique de Mike Myers, auquel on aurait pu tout aussi bien confier le scénario.
Le film avait été fraîchement accueilli à Cannes, mais Quentin a remonté le bazar avant sa sortie en salles, et j'avoue ne pas comprendre la moue dubitative de bien des critiques. C'est vrai que quelques scènes sont un peu longues, c'est vrai que Brad Pitt cabotine honteusement avec son accent du sud (un peu comme si on avait demandé à Pierre Fresnay de faire tout un film avé l'assent marseillais...), c'est vrai que l'Histoire avec un grand H est passablement malmenée, c'est vrai que des tombereaux de pop music sont déversés sur les images, c'est vrai que... oui bon ben c'est déjà pas mal. Mais en fait, malgré la profusion de clichés qui viennent ponctuer cette déclaration d'amour au cinéma en général et européen en particulier, Tarantino a l'intelligence de retourner comme des crêpes pas mal de ces poncifs pour les mener dans des directions inattendues. On en ressort une assez intéressante réflexion sur le bien et le mal, et leur représentation en images.
L'interprète autrichien du colonel SS, Christoph Waltz, justement primé à Cannes, domine de la tête des des épaulettes l'ensemble de la distribution, tant chacune des ses apparitions à l'écran est un régal, dans son personnage d'inspecteur Columbo à tête de mort, jouant au chat et à la souris avec ses victimes. Glorieux salaud.
Crash-test :
A lire aussi : l'avis éclairé d'un cinéphile orléanais.
10 septembre 2009
La big vadrouille
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12 commentaires:
Une réflexion sur le bien ?
Où ça ?
Et ben quand même! Hobopok s'est enfin décidé à laisser tomber ses navets et à aller voir du cinéma! Quoique, je suis un peu plus froid que lui sur ce dernier opus tarantinesque (je suis un fan des autres). C'est pas les anachronismes qui me gênent, mais je trouve que le côté 2° degré des scènes de violence, si réussi avec Pulp fiction ou Reservoir dog, tombe ici un peu à plat. Peut-être que le contexte historique ne s'y prête guère. L'Hitler d'opérette qu'on nous inflige est carrément ridicule, Brad Pitt n'est guère convaincant, et le film est effectivement sauvé par le magistral colonel Landa. Reste la réalisation, toujours excellente, mais Quentin nous avait habitué à mieux...
@Totoche : ben quand même, des soldats américains qui torturent leurs prisonniers avant de les achever, une Juive qui organise son propre Oradour privé, ça renverse un peu quelques idées reçues. Sans compter le film allemand qui réécrit l'histoire avec autant de brio que Tarantino le fait lui-même...
@Badjack : pour la violence, elle ne paraît pas si extrême qu'on a bien voulu l'écrire, et ne semble jamais être très sérieuse. Les Hitlers d'opérette, le cinéma en est rempli, je te fais grâce de la liste, et celui-là n'est pas pire que d'autres.
Hmmm ... j'ai trouvé le film balourd et un peu gnangnan (la scène finale très puérile), sans imagination et surprises, le spectateur ayant en permanence 15 mn d'avance sur le déroulement du film... les ingrédients tarantinesques sont là, mais la mayo ne prend pas, le film tourne a vide, et je me suis bien emmerdé.
question pochade historique, je préfère me remater la grande vadrouille...
Même si ce dernier commentaire sans le traquenard à plein nez, "La Grande Vadrouille" me parait effectivement avoir plus de finesse côté psychologie !
Je trouve gênant que la réflexion dont tu parles ne se passe qu'une fois le film terminé (pour ceux qui se posent des questions).
J'en parle autour de moi, on me répond soit qu'"il n'y a pas de message", soit que "c'est tellement gros que c'est rigolo"... Tarantino ne filme pourtant pas au premier degré... Si c'est tout ce que les gens retiennent de ces films, cela m'inquiète un brin.
J'entends bien qu'un film ne doit pas être forcément moral. Mais la manière dont Tarantino règle systématiquement les problèmes en condamnant à mort ses personnages, en sublimant le "œil pour œil, dent pour dent", sans recul, me gène considérablement. C'est facile et inintéressant, mais il semble que cela soit fascinant...
Et puis il ne réécrit pas vraiment l'histoire : à la fin ce sont toujours les américains qui gagnent. Ouf !
Bon j'arrête, parti dans mon délire de persécution, j'en ai pour des heures !
inglourious basterds, arrêtez vos conneries, c'est juste un film moyen de série B, bourré de références -la plupart pataudes- destinées à flatter l'ego du spectateur cinéphile qui, du coup se croit obligé de voir derrière la farce poussive, un spectacle subtil, une réflexion sur l'Histoire, l'héroïsme, le Bien le Mal, la Shoah, la vengeance etc.
Ah c'est donc ça ! Il me semblait bien que mon ego avait comme un je ne sais quoi de pimpant en sortant de la salle. En vérité, on peut rester hermétique aux outrances de Tarantino, comme on peut se laisser bercer par un film parfaitement et intelligemment divertissant, sans pour autant recourir à ses fiches de M. Cinéma.
Rhalala, j'voulais pas vexer, msieur, d'autant que je n'ai rien contre Tarantino, mais je trouve qu'il se perd beaucoup dans ses tics stylistiques, et je le préfère plus en retenue, comme dans Jackie Brown...
On est d'accord pour dire que Jackie Brown est son meilleur. Mais je trouve ce présent film assez bon en dépit précisément des ses tics dont je commençais à établir une liste, alors que pour ces mêmes raisons Kill Bill m'avait bien soûlé (je ne suis pas très kung fu). Affaire de goût, mais peut-être le temps lui rendra-t-il justice.
je ne lis pas les commentaires qui précédent tout de suite , et je dis " joli synthèse" à laquelle j'adhère tout à fait.
Vous reprendrez bien un petit" verre de lait"?
Ha , ben dis donc , il n'y a pas unanimité!
C'est baroque , c'est sûr , mais je trouve que vous faites bien honneur nostalgique à "la grande vadrouille " tout de même.
Moi , je préfère Waltz à Bourvil, un tantinet plus subtil.
De toute façon , je ne suis pas une fan absolue de Tarentino, et je n'en attendais pas plus.
avis remarquablement éclairé et judicieux à Orléans , en effet!
Tu ne crains pas la concurrence , donc. Belle démarche perso..
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