Boardwalk Empire.
C'est la nouvelle série à sensation de la chaîne étasunienne HBO, qui vient d'achever de diffuser la première saison. Coproduite notamment par Martin Scorsese, elle s'intéresse avec brio à une époque assez peu traitée à la télévision, les années 20 et le début de la Prohibition aux Etats-Unis. Inspiré d'une figure historique réelle, le personnage central est un politicien à moitié mafieux qui est le véritable maître d'Atlantic City, ville balnéaire du sud du New Jersey qui a bâti sa fortune sur le jeu et autres plaisirs plus ou moins licites, et dont le front de mer se distingue notamment par sa longue promenade de planches (boardwalk en anglais).
L'époque a beau être peu traitée, Boardwalk Empire nous fait sentir combien elle est en fait une période charnière, dans l'immédiat après-guerre, qui voit l'émergence de la société de consommation, qui accompagne la prise de pouvoir du capitalisme industriel, provoquant des changements sociétaux considérables, parmi lesquels l'émancipation féminine. Avec un luxe de détails historiques, tant scénaristiques que visuels, la série fait heureusement écho à notre époque, la guerre contre l'alcool menée pour des raisons morales se révélant aussi illusoire et vaine que la guerre actuelle menée contre la drogue. On y voit même détaillé par le menu comment la Prohibition fut en fait un coup de fouet inespéré pour les activités commerciales de la pègre, gangrenant au passage toutes les institutions démocratiques.
Scorsese s'est fait un petit plaisir en réalisant lui-même le premier épisode, se déchaînant en travellings grandiloquents, et autres angles de prise de vue invraisemblables, oubliant que la télé réclame moins d'emphase. Heureusement, les autres épisodes ont été confiés aux mains plus expertes de vieux routiers des séries dont les noms ne diront rien à personne, comme Tim Van Patten, mais qui savent plus humblement quoique sans moins de talent se mettre au service du récit.
Enfin, entre autres qualités, Boardwalk Empire vaut pour pour une interprétation remarquable jusqu'au dernier petit rôle, écrit, casté et dirigé avec soin. Mais, à tout seigneur tout honneur, il faut distinguer à la tête de la distribution Steve Buscemi, qui démontre, si besoin était encore, l'étendue de ses capacités d'acteur, et à qui le cinéma n'a pas encore donné de rôle de même envergure.
Previously dans L'aloi des séries.
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13 décembre 2010
L'aloi des séries, épisode 7
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