Je commence à en avoir plein les oreilles, alors à nouveau je prends ma plus belle plume pour tordre le cou à un exaspérant travers linguistique qui dévaste la presse, parlée ou écrite, le microcosme politique qui n'avait pourtant guère besoin de dévastation supplémentaire, et jusqu'à la plèbe des manants imbéciles, fût-ce à son corps électoral défendant. Un travers qu'on retrouve jusque dans la bouche fétide de certains des plus endimanchés politologues autoproclamés. Il est donc temps que j'intervienne, parce qu'on a pas fini d'en avoir soupé avec ça : les élections présidentielles !
Eh bien non chers amis rachitiques du bulbe, toxicomanes mondains, et autres lettrés en bas de casse exclusivement, il n'y aura pas en 2012 plusieurs élections présidentielles dans notre jadis beau pays de France, mais bien une seule. Je ne vois pas bien comment il pourrait y avoir davantage d'élections qu'il n'y aurait d'élus qu'elles servent à désigner, et dans la mesure où on ne cherchera à élire qu'un seul bon Dieu de président de la foutue République, il n'y aura ipso facto qu'une seule, fût-elle à deux tours, élection présidentielle. Singulier . Sans "s".
Pour élire plusieurs députés : des législatives. Pour élire un seul président : une présidentielle. Ou alors il va falloir s'en fader plusieurs, et personne ne m'a prévenu.
Notez au passage que la même crétinissime erreur est commise, au premier chef par ses propres promoteurs, au sujet de l'élection primaire visant à choisir un candidat au sein du Parti mollement socialiste. Pour élire un seul candidat : une seule élection primaire (c'est-à-dire précédent la présidentielle), d'autant que pour ce que j'en ai compris, elle se déroulera simultanément dans tout le pays avec une seule liste de candidats et servira à désigner un seul et unique heureux élu. C'est à dire le candidat. Tout le monde suit ?
Une élection présidentielle. Une seule, et hop !
Je ne me fais pas plus bête que je ne suis, je sais très bien d'où provient cette vogue du dernier chic décérébré : mais on est pas aux Amériques ici ! Car aux Etats-Unis, de fait, s'il n'y a bien comme chez nous qu'un seul président élu in fine, les électeurs de base n'élisent pas le président mais des grands électeurs, Etat par Etat, qui eux-même désignent, en général sans grande surprise, le président de l'Union. Il y a donc en fait simultanément au sein des cinquante Etats des élections servant à désigner une tripotée de grands électeurs. On peut donc à la rigueur admettre en tenant compte de ce mode de scrutin joliment tarabiscoté, qu'il s'agit là d'élections. Présidentielles. Pluriel.
Même topo pour les tours de primaires, qui se déroulent sur plusieurs semaines à l'instigation des deux grands partis, qui sont en fait un collage de cent élections, une pour chaque parti pour chaque Etat, selon des modes de scrutin et autres modalités variables, où des délégués de l'Etat à la convention de chaque parti sont élus. Et ce sont les conventions qui désignent formellement les candidats, pas les primaires. Le PS va tenir une damnée convention ? Pas que je sache.
Bon là, je crois avoir fait le tour, et servi une leçon définitive à tous les professionnels de la langue française inévitablement appelés à se colleter au sujet. Veuillez donc dorénavant ne plus mentionner qu'au seul singulier l'élection présidentielle de 2012, et son préalable la primaire du Parti prétendu socialiste. Et tenez-vous le pour dit. Sinon je vote Marine aux élections.
Nota bene : les extraits des pages roses m'ont été aimablement prêtés par qui vous savez.
30 novembre 2010
Election piège à con
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7 commentaires:
Ah, voilà assurément un billet comme je les aime, et une cause que je suis prêt à embrasser sur-le-champ (et ce alors même que je me suis jusque-là toujours contenté, après avoir pris brutalement conscience du problème au début des années quatre-vingts grâce à une remarque en ce sens de François-Henri de Virieu (1931-1997) à L'Heure de vérité, d'un léger soupir d'exaspération chaque fois que je voyais ou entendais commettre la faute coupable).
Merci à vous, donc, dont j'ai découvert le blogue il y a quelques mois grâce à notre adoration commune de l'œuvre des époux Funcken (option 1914-1918 pour moi) et dont le dernier billet en date me fournit l'occasion de poster mon premier commentaire ému en ces lieux pour soutenir le noble combat langagier dans lequel vous vous êtes courageusement lancé (et qui, pardon de le dire de façon aussi abrupte, n'est pas gagné d'avance).
Bon, c'est pas tout ça, mais qu'est-ce qu'on plastique en premier ?
Un fan des Funcken et d'Au bonheur des dames simultanément est le bienvenu en ces lieux !
j'aime bien quand tu es en colère ..sur de si nobles causes , qui plus est.
c''est là que tu es le meilleur.
Serais tu , cependant plus conservateur qu'il n'y paraît?
Disons que je suis d'accord , mais que cela m'accable moins que les copies de 3émes qui taxent Blum d'antisémitisme et prennent la laïcité pour une religion.. , tout en rédigeant en SMS ; parfaitement indigeste.
Une belle leçon d'éducation civique aussi.
Comment ça la laïcité n'est pas une religion ?
Si le bons sens est conservateur, alors oui je suis conservateur.
je crains que l'élève n'est pas mis dans la phrase , le sens que tu lui donnes certainement.
Et puis oui , tu es plus conservateur qu'il n'y paraît , mais ce n'est absolument pas un souci pour moi.
ha , zut: " n'ait" pas mis..
il me semble qu'il y a un problème à " occis" dans ton dernier article, ou je m'abuse
Je crains que tu ne t'abuses, chère anonyme. Mais je t'invite à inscrire tes commentaires dans l'article auquel ils se rapportent.
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