21 janvier 2012

Poulet au vinaigre

J. Edgar de Clint Eastwood.

Renseignements généraux. Un demi-siècle dans la peau de J. Edgar Hoover, homosexuel pas très bien caché, anti-communiste paranoïaque, forcené de la classification, et inventeur du Federal Bureau of Investigation, qu'il dirigea jusqu'à sa belle mort, après avoir empapaouté huit présidents étasuniens avec ses petits dossiers secrets.

Avec ce sujet d'une envergure exceptionnelle, une personnalité hors du commun, 48 ans de l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, une plongée au cœur du contrôle policier d'une supposée démocratie, le moins qu'on puisse dire est que Clint nous barbe passablement, forçant le spectateur à guetter la fin de cet ennuyeux et longuet biopic au cadran de sa montre. Se bornant à illustrer assez platement des faits plus ou moins connus, le réalisateur échoue mystérieusement à dépasser l'anecdote pour livrer un point de vue original sur le caractère d'Hoover, qui ne manque pourtant pas de sel, comme sur le système policier que le personnage avait mis en place et qui lui a non seulement survécu pour perdurer jusqu'à aujourd'hui, vu qu'il avait inventé la fameuse autant que fumeuse guerre contre le terrorisme, mais sert de modèle de par le monde, jusqu'à chez nous où on ne compte plus les tentatives, souvent risibles, de créer des FBI à la française. Le film se contente d'allusions aux relations ambiguës entre le policier et le pouvoir politique, sans jamais creuser les rapports de force entre les deux, à l'avantage du premier, puisqu'Hoover n'aura quitté son Bureau que pour cause de décès. Sans vraiment dénigrer son J. Edgar, Clint n'en donne pourtant pas un image très reluisante, alors qu'on aurait pu a contrario explorer davantage sa clairvoyance du fait de sa foi pionnière en la police scientifique. C'est un peu comme si depuis l'au-delà, Hoover avait encore assez de pouvoir pour tuer dans l'œuf toute tentative d'approcher une quelconque vérité à son sujet...

Après Invictus, chroniqué naguère dans ces colonnes, Clint déçoît à nouveau. En cherchant bien, on peut pourtant trouver un mince mérite au film : la qualité des maquillages qui permettent aux mêmes acteurs d'incarner le même personnage à cinquante ans d'intervalle dans le récit. Pour arranger les figures vieillissantes, les maquilleurs d'Hollywood ont nettement progressé depuis Citizen Kane. Sans que ça réussisse vraiment au citizen Eastwood.

Crash-test :

3 commentaires:

Le cinéma de quartier a dit…

Et part ça "Le Havre" quand pense t-on ?

Hobopok a dit…

Ça passera au ciné du Bourget.

Anonyme a dit…

Nous attendons votre avis avec impatience.