10 juillet 2009

Sale pute

Dieu me soit témoin qu'il n'est pas dans les habitudes de cette cyber gazette de voler au secours des rappeurs, engeance dont on est d'ordinaire prompt à souhaiter le trépas, dans d'atroces souffrances si possible, empalés lentement puis rôtis à la broche par exemple. Mais il faut bien reconnaître que le sort, et pas que lui d'ailleurs, semble s'acharner assez injustement sur un jeune rappeur français dénommé Orelsan, auteur d'une disons chanson assez brillamment intitulée Sale pute.

Dans ce morceau qui ne jette aucunement l'opprobre sur une honorable profession, comme on pourrait le penser naïvement, Orelsan fait, en termes choisis quoique sans nuances et à la première personne du singulier, l'exposé du sort qu'il réserve à une certaine jeune fille de ses connaissances qui aurait eu le toupet de s'offrir à un autre. Les esprits à la fois fins et forts auront perçu que loin de prôner la violence machiste poussée à son paroxysme, la chanson vise a contrario à la dénoncer, se moquant au passage de la rap attitude et de son cercle de poètes. C'est ce qu'on appelle l'ironie. Aaaaaah... d'accord !

Trop de la balle.

Mais des esprits plus grossiers et plus faibles (la plupart ne lisant pas cette feuille virtuelle), quelques associations féministes mal éclairées, relayées par quelques politiciens vite effrayés, voyant un doigt qui leur montrait la lune, ont entrepris de couper ce doigt.

Et depuis quelques mois, ledit Orelsan, succombant à une peu charitable cabale, a dû retirer Sale pute de son tour de chant, et comme ça ne suffisait pas, a vu nombre de ses concerts purement et simplement annulés. Cerise sur le gâteau, il vient d'être bouté des Francofolies de la Rochelle, sous l'amicale pression de la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène "aimez-vous-les-uns-les-autres" Royal, celle-ci apportant tout son poids politique, ou ce qu'il en reste, à cette croisade de premier-degrisme bien pensant.

Il devient de plus en plus difficile, semble-t-il, de dire une chose pour signifier son contraire. A vrai dire, on en est même parvenu au point où on peut se dispenser de la fin de la phrase précédente, et écrire : il devient de plus en plus difficile de dire la moindre chose.

6 commentaires:

Li-An a dit…

Ce qui est bien avec la censure, c'est qu'elle libère l'imagination...

Jean-no a dit…

La censure force à un peu de réserve, parfois c'est créatif, parfois c'est vraiment trop nul (les allusions à l'homosexualité dans le cinéma des années 50). Mais dans l'ensemble le principe c'est de croire que le public est trop bête pour comprendre un message sans y souscrire. Mouais.
Sainte-Ségolène de Chabichou a écrit un livre pour dire qu'il fallait supprimer les dessins animés japonais de la télé : elle a vu un épisode de Cobra et elle s'est dit que tous les gamins allaient utiliser leur bras laser pour pour draguer des filles à poil et fumer un cigare. Eh bien ça a marché, l'animation japonaise a été blackoutée pendant 4 ou 5 ans sur toutes les chaînes du pays entre la fin de la 5 et le départ de Mitterrand.
Positif : l'animation francophone s'est développée comme jamais à partir de ce moment là. Dans un premier temps, pas géniale, ceci dit. ; les fans de japon se sont organisés dans leur coin (fanzines, fansub, etc.), ouvrant la voie à un succès des mangas et de l'animation japonaise de qualité.
Négatif : on prend les enfants pour des imbéciles, on pose en modèle l'animation américaine la plus mièvre, on renforce le racisme/crainte du péril jaune...

l'inegalable vivie a dit…

ça chauffe cette semaine , entre Firminy et ton article. lol.


finalement les chansons en anglais sont moins risquées par chez nous .. j'en connais qui se la jouent plus discret parce sego ne les a pas entendues en se pomponnant le matin.

c'est méconnaitre le discours "emphatique" , pour le moins des ados d'aujourd'hui- ne t'effraie pas pour Bibounette , tout de suite- que de se choquer gravement sur ces paroles.

Pour moi c'est un monde où on promet plus qu'on ne tient , les paroles ,comme une gestuelle en relief évoquent plutôt la déception amoureuse jalouse qui se cache derrière l'expression le plus violente et la plus crue possible.
rien de nouveau sous le soleil , si ce n'est peut être le désir de jouer un peu avec la limite bourgeoise- sego des conventions.

une chanson ado , quoi .. et la "culture" jeune alors?
peut être jack devrait il prendre sego en stage.. pour lui expliquer;

david t a dit…

je ne connais pas cette chanson, mais il m'est arrivé à plusieurs reprises de constater, chez le quidam, une sorte de hantise de l'ironie, une peur bleue du second degré. ce n'est pas tant de l'incompréhension que carrément une phobie.

pour être ironique en public, faut quasiment ponctuer chaque phrase d'un: «c'est une blague!!!!! ha ha ha ha ha!!!». malheur aux pince-sans-rire, ce n'est pas leur époque.

Oslav Boum a dit…

Il ne faut pas non plus oublier Girard, l'adjoint de Delanoë qui a demandé le retrait du disque de toutes les médiathèques parisiennes. Pendant ce temps-là, Eminem avec une chanson comme "Kim" où il raconte tuer la mère de sa fille devant ladite gamine dort tranquille...

Hobopok a dit…

Girard est un récidiviste spécialiste de la spécialté qui voulait déjà interdire l'expo Les Parisiens sous l'Occupation. Des rumeurs le disaient pressenti pour devenir ministre de la Culture !