Intéressons-nous au premier Salon des auteurs africains de BD, organisé le week-end dernier à l'instigation de l'éditeur parisien L'Harmattan, qui se tenait à la mairie du cinquième arrondissement de Paris, sous le haut patronage de son invraisemblable maire Jean Tibéri, mais passons.
Car j'y suis allé essentiellement alléché par l'affiche d'un débat sur le thème "colonisation et décolonisation dans la bande dessinée", qui s'est réduit assez rapidement à un débat pour ou contre Tintin au Congo, vu qu'il réunissait les vedettes de la plainte déposée en Belgique en vue de l'interdiction de l'album d'Hergé, à savoir le plaignant, un certain Bienvenu Mbutu Mondondo, et son soutien (financier ?) le Français Patrick Lozès en sa qualité de président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires), faisant face à deux dessinateurs, le Belge Jean-Philippe Stassen, et le Gabonais Pahé. Au milieu, une écrivaine colombienne enragée qui a monopolisé le micro en vociférant contre les crimes des Européens sans donner l'impression de s'intéresser le moins du monde de près ou de loin à la moindre bande dessinée.
Je résume : Hergé est responsable des guerres civiles et des crimes contre l'humanité au Congo, c'est à cause de lui qu'on refuse de louer des appartements aux Noirs, à cause de lui encore qu'on entend des cris de singe dans les stades où jouent des footballleurs noirs, et par dessus le marché, il a contraint Patrick Lozès à devoir expliquer à son fils que Tintin au Congo ne décrivait pas une réalité ni actuelle ni passée. Ce qui est tout de même terrible.
Peu de mystères auront été éclaircis autour des motivations et de la personnalité de Bienvenu Mbutu Mondondo, que Pahé décrit ironiquement comme un Congolais belge, jeune étudiant d'une quarantaine d'années, et qui ne nous a notamment pas dit ce qu'il ferait, une fois l'interdiction obtenue, des exemplaires de Tintin au Congo qu'il doit posséder en grand nombre, vu qu'on ne le voit plus jamais sans. Guère de lumière aura été portée sur le sens du soutien du CRAN de Lozès à une action visant à interdire Tintin au Congo en Belgique quand lui-même en tient pour la simple insertion d'un avertissement en préambule de l'ouvrage.
Stassen a essayé de défendre une position extrême, à savoir l'opposition de principe à toute censure. C'est aussi la nôtre, où Mein Kampf en bande dessinée serait distribuée aux enfants des écoles pour leur édification.
On se demande encore pourquoi ces nouveaux ayatollahs s'en prennent exclusivement à Tintin au Congo, alors que l'album L'étoile mystérieuse dégage de forts relents d'antisémitisme, que des épisodes de Jo, Zette et Jocko montrent des petits nègres cannibales plus ridicules que ceux de Tintin au Congo, et qu'ailleurs dans la BD, dans Buck Danny, dans Astérix, Lucky Luke, merci de compléter ma liste, les stéréotypes raciaux voire racistes coulent des jours heureux. Mais à vrai dire, là où je suis horriblement vexé, c'est que personne ne songe à interdire Le temps béni des colonies.
9 décembre 2010
Zinzins au Congo
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6 commentaires:
Je viens d'ouvrir une page FaceBook demandant la censure des albums "Le Temps Béni des Colonies". Venez nombreux soutenir ce projet républicain, démocratique et approuvé par de nombreux jeunes (internautes).
Ah tout de même. Quel dommage que je ne sois pas sur Facebook.
Peut-être qu'en rajoutant une houppette à Bwana, Moulinsart serait d'accord pour le faire interdire ?
Australopithèque ! Moule à gaufres ! Bachi-bouzouk !
Ou bien une adaptation de Mein Kampf en BD.
Ah zut, c'est
déjà pris .
Ne nous énervons pas.
Attendons un possible " HAn Wudi au Congo" dans quelques décennies.
C'est là , que là que les incontestables travers de la colonisation européenne, caricaturés par Hergé, risquent de sembler un peu pâle en comparaison...
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