En ce moment, le libraire internet Amazon.fr en fait des tonnes pour le lancement commercial en France de sa liseuse électronique Kindle, avec notamment un message sur sa page d'accueil vantant les mérites du teuteu, qui commence par ces quelques mots, comme un magnifique acte manqué avouant malencontreusement ce qu'il se refuse à dire :
Chers clients,
ce qu'il y a de formidable avec le livre papier, c'est qu'il disparaît...
Oh bien sûr, on peut lire la suite, mais il n'est pas interdit de penser que tout est dit, et avec davantage d'intention qu'il n'y paraît. L'important, ce sont ces premiers mots qui resteront gravés dans l'esprit des lecteurs (traduire par : consommateurs).
Rappelons que le livre électronique ne permet pas d'écraser les cafards, de caler les tables, de rehausser les sièges des bambins, de presser des fleurs des champs. Il ne résiste pas aux grands froids ni aux grandes chaleurs, pas plus aux grandes marées qu'aux coups de sirocco. Il se décharge. Son contenu peut être contrôlé, modifié, et même effacé à distance et à l'insu de l'acheteur par le commerçant qui l'a vendu. Il ne peut pas être dédicacé par l'auteur, ni surchargé de quelques mots d'amour pour un anniversaire. Il ne peut pas être transmis à notre descendance. On voit qu'il ne manque pas de qualités.
8 octobre 2011
Fahrenheit 451
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16 commentaires:
On n'oublie pas l'odeur du papier, de la colle, de l'encre, même du moisi ! Le crétin qui a pondu ces lignes n'a jamais ouvert un bouquin de sa vie.
Je crains que Jeff Bezos soit tout sauf un crétin, c'est bien le problème.
Et il fait disparaître les libraires sympas...
Les revêches aussi.
bravo pour ce dernier paragraphe. on aurait voulu mieux synthétiser qu'on n'aurait pas pu. et drôle, en plus.
je discutais du sujet, il y a quelques mois, avec un libraire, et à mon sens, le premier danger pour qui veut «défendre le livre contre le numérique» (comme si c'était ça, l'enjeu), c'est de tout miser sur les facteurs de nature nostalgique: odeur, impression tactile, beauté de l'objet, plaisir de la librairie, de la bouquinerie, etc.
la réalité, c'est que le livre de papier survivra tout simplement parce qu'il est technologiquement supérieur à la liseuse.
On veut bien admettre que la liseuse n'a peut être pas que des défauts, mais aussi que ses promoteurs tentent surtout de convaincre le grand public que ce qui est bon pour eux, marchands d'électronique, est en fait bon pour les lecteurs, comme si le choix technologique s'imposait de lui même.
Comme tu le soulignes assez justement, cher David, c'est loin d'être le cas.
On peut enfin craindre que la dématérialisation de l'écrit ne conduise à sa dévalorisation, un peu comme ça c'est déjà produit sur internet, où seul le gratuit, ou prétendu tel, trouve sa place. Cet aspect éphémère et jetable de l'écrit, et donc de la pensée, dévalorise aussi bien le contenu que l'auteur, et in fine, un peu aussi le lecteur.
Tu achètes tes livres sur Amazon, Hobopok ?
Et mes chaussures. Ça m'arrive.
"On" nous dit que "les gens" n'achètent plus de livres, de journaux. Je ne vois pas bien pourquoi ils se mettraient tout d'un coup à acheter de la "lecture numérique" ?
Après les libraires, Amazon ne risque-t-il pas de faire disparaitre les éditeurs ?
Car, si j'ai bien compris, les auteurs devraient bien finir un jour ou l'autre par être directement publiés sur ce truc, non ? Après tout, peut-être que les vrais gagnants seront les auteurs (et Jeff Bezos -que je m'excuse d'avoir quelque peu malmené, cela m'apprendra à ne pas tenir compte de tes liens mais avoue qu'il l'a un peu cherché quand-même-).
Et puis David a peut-être raison : c'est certainement encore un peu tôt pour être nostalgique des beaux livres.
J'apprends que sur Kindle, les livres sont achetés "à vie" (téléchargement illimité) et peuvent être "prêtés". Et la même personne soupire en se disant que du coup, ça résiste aux dégâts des eaux -qu'elle a vécu.
Enfin, "à vie" signifie probablement "tant qu'Amazon est vivant". On nous a fait le coup avec les CD aussi.
Méfiance, méfiance...
La question à soulever étant : "Le Kindle brûle t-il ?" Et si oui, à quelle température ?
Merci de nous en informer au plus vite.
Il faudrait demander à Bikinirama, elles dovent savoir de genre de trucs.
http://videos.www4.arte.tv/fr/videos/les_amazones_de_bikinirama_pas_de_quartier_-3437328.html
Elles doivent transpirer à la tâche ces pauvres filles, il faudrait leur suggérer de s'habiller plus léger.
Pour l'incendie, j'ai trouvé la réponse : pas besoin de brûler le Kindle, il suffit de faire péter toutes les centrales nucléaires.
Mince, ça va être dur ce trouver des amazones géantes... Et si on faisait tout simplement péter la planète à coups de nucléaire ?
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