Musée Hergé, rue du Labrador, 26, Louvain-la-Neuve, Belgique.
C'est un gros pavé assez joliment dessiné par l'architecte français Christian de Portzamparc et scénographié par nul autre que Joost Swarte. On y parvient tant bien que mal, et en contournant les vitres du Petit Vingtième, le restaurant du musée, on y pénètre par une porte dérobée qui s'avère être l'entrée principale.
On se fait remettre d'office un audioguide qui se révèle vite n'être qu'un monstrueux hybride entre un iPad et une Playstation, animé de zizipanpans qui tournicotent et tintinabulent suffisamment pour qu'on ait envie de fracasser l'objet sur la première vitrine rencontrée. A oublier d'emblée.
On perd du temps dans une salle d'exposition temporaire où une indigente scénographie consacrée aux fictifs Indiens Arumbayas tente poussivement de nous intéresser à un explorateur belge des années 20, à grands renfort de paniers d'osier, de flèches à trois pointes, de pirogues vermoulues, et d'agrandissements géants de l'Oreille cassée.
Vient-on donc d'entrer au musée Rodwell ? Bien sûr, les photos sont interdites, ce qui avait fait passablement enrager la presse conviée à l'inauguration, en 2009, bien sûr, on vend 149€ le fétiche Arumbaya à la boutique, mais cette frénésie attendue de paranoïa mercantile aura-t-elle oblitéré ce pour quoi on est venu : l'œuvre d'Hergé ?
On prend alors l'ascenseur, et soulagement, voici enfin Georges Remi et ses créations dans toutes leur splendeur. La quantité et la qualité des pièces, présentées dans un ordre grosso modo chronologique depuis l'enfance du dessinateur, impressionnent enfin favorablement. Difficile de s'arracher à la contemplation d'une somme invraisemblable de planches originales exceptionnelles, qui permettent de presque toucher du doigt le perfectionnisme maladif d'un auteur qui n'hésitait pas à produire, redessiner, redécouper, défaire, refaire, plusieurs fois la même histoire pour l'adapter à la presse ou aux albums, au noir et blanc ou à la couleur, retravaillant sans cesse son matériau pour le porter au maximum de son efficacité.
On voit ainsi les cases recadrées, retaillées, étendues, retouchées... avec un souci de détail affolant.
On voit aussi les très impressionnants bleus de coloriage (en fait noirs ou gris) des planches, qui étaient réalisés par les petites mains du Studio Hergé, dont une certaine Fanny Vlamynck, à l'échelle 1, c'est à dire à la taille de publication dans l'album, avec une précision d'enluminure.
On voit aussi une partie fort intéressante qui se penche sur les influences cinématographiques d'Hergé, avec notamment des scènes de films des Marx Brothers ou de Buster Keaton, qui se retrouvent tels quels dans Le crabe aux pinces d'or ou L'oreille cassée. Plutôt que d'en faire grief à l'auteur, il faut au contraire louer sa curiosité sans limites, et sa capacité à digérer et régurgiter des pans entiers de son siècle. Inventer, notamment en matière artistique, c'est souvent réinventer.
Aucune impasse sur les différents aspects de l'œuvre graphique : dessins d'enfance, premiers personnages, premières séries, Totor et les Hannetons, Quick et Flupke, Jo, Zette et Jocko, l'illustration, la publicité, et aussi le jeune reporter à houppette, comment s'appelle-t-il déjà ?
Les éléments biographiques permettent d'accompagner les dessins et de mieux les éclairer, encore que, curieusement, un voile pudique ait été jeté sur l'attitude controversée d'Hergé pendant la guerre, et ses malheurs à la Libération...
Deux heures et demie ont filé sans qu'on s'en rende compte, on est sonné, émerveillé, presque bouleversé d'être ainsi entré dans l'intimité de l'artiste, et on ressort par une porte dérobée.
6 avril 2012
Le monde d'Hergé
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7 commentaires:
Et c'est combien l'entrée ?
9,50 €. Clique sur le lien au début pour accéder à la page officielle.
Et le Loch Lomond, il est à combien ?
Out of price.
Et la Castafion elle suce les Ducondt ?
Phil est mort.
http://philcomix.blogspot.fr/
Thank you for writing tthis
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