23 juin 2012

Cruelle corrida

Espagne 2 - 0 France.

C'était prévisible, c'est arrivé, l'Espagne a sans grande surprise, et sans forcer, bouté hors du Championnat d'Europe des nations de football la malheureuse sélection française, qui n'aura rien vu d'autre que le bout de ses chaussures durant quatre-vingt dix minutes. Ceci nous ramène deux ans en arrière et nous permet de mesurer le chemin parcouru depuis la glorieuse époque du glorieux Raymond Domenech.

Fastoche.
Voilà deux ans qu'on nous bassine sur le thème de la reconstruction, deux ans qu'on exhorte les supporters à l'indulgence, qu'on épuise leur patience, deux ans qu'on accorde davantage de crédit à Laurent Blanc qu'aux bons du trésor fédéral allemand, tout ça pour se retrouver à la case départ. Car le spectacle aperçu sur la pelouse de Donetsk (Ukraine) est sans appel : il se résumait à une opposition entre une équipe qui joue au football, et l'autre non. D'un côté un bloc compact de onze joueurs solidaires et complémentaires, passant instantanément d'une configuration offensive à une configuration défensive, hargneux au pressing, offrant des solutions, mobiles, alertes, et par-dessus le marché élégants, j'ai nommé l'équipe d'Espagne. De l'autre, onze invités empruntés, désorientés, fatigués, pas concernés, s'ignorant l'un l'autre, et donnant l'impression fâcheuse à ce niveau de n'avoir pas compris que le football est un sport collectif, et que ce n'est pas le joueur qui compte, mais le ballon, je veux dire la France. Pour faire court, on avait le sentiment très net que les joueurs espagnols étaient deux fois plus nombreux sur la pelouse.

Perdre face à une sélection qui domine le football mondial, championne en titre d'Europe et du monde, n'a en soi rien de déshonorant. Le faire de cette façon, en baissant pavillon sans combattre, est assez infâmant. On a vu précédemment, dans cette même compétition, d'autres formations, la Grèce, l'Irlande, techniquement bien inférieures et archi-dominées, livrer des combats méritoires, courageux, face à l'Allemagne ou cette même Espagne, et perdre la tête haute. Avec le match de ce soir, qui faisait suite à une autre prestation plus lamentable encore face à la Suède, la France rejoint le zéro footballistique dont elle ne parvient plus à s'extraire depuis 2002 (exception faite de la parenthèse de la chanceuse coupe du monde 2006).

Platoche
Mais peut-être est-il facile de trouver une raison objective à ce désastre : la couleur des maillots. Que s'est-il donc passé depuis 1984 pour que la France et l'Espagne ne puissent plus partager une pelouse en jouant toutes deux dans leurs couleurs officielles ? Une épidémie subite de télévision en noir et banc a-t-elle submergé la planète ? Le daltonisme progresse-t-il de façon plus alarmante que les statistiques officielles ne le laissent entrevoir ?

Avec les bons maillots, et sa tenue fétiche bleu-blanc-rouge, la France ferait à tout coup de l'Espagne du gazpacho.

4 commentaires:

Li-An a dit…

Moi j'ai vu des Espagnols mous du genou sans inspiration et se contentant de faire tourner la balle une fois le but marqué.
Je trouve injuste que de comparer cette équipe de France avec celle de Domenech. Mais elle manque cruellement de talents en milieu de terrain et Benzéma a été transparent encore une fois. Dommage.
Bon, c'était l'avis d'un type qui s'y connait pas du tout en foot...

Hobopok a dit…

Je rappelle l'objectif d'une partie de football : marquer un but de plus que l'adversaire. Ayant marqué un but, pourquoi diable les Espagnols auraient-ils dû se fatiguer à faire autre chose que jouer à la baballe, quand les français, non seulement ne les menaçaient pas, mais apparaissaient à peine capables de reprendre cette baballe ? En cela l'équipe d'Espagne a été bien inspirée. On ne peut blâmer l'adversaire de sa propre incurie.

Hobopok a dit…

La comparaison avec l'époque Domenech peut paraître injuste, mais au vu des deux dernier matchs, pas tant que ça. On avait pourtant cru apercevoir un début de semblant de football lors de France-Ukraine.

Totoche Tannenen a dit…

Preuve est faite qu'on ne peut pas gagner en tirant avec des balles à Blanc.