Depuis le 1er janvier, sans tambours ni trompettes, le quotidien gothique du soir Le Monde
a augmenté son prix de vente au numéro de 1,60 € à 1,80 €. Vingt centimes
d'augmentation, soit +12,5%. Pour un certain nombre de lecteurs, y compris un au moins qui tenait encore le coup au Bourget, malgré des difficultés d'achalandage de plus en plus criantes, c'est le bout de la route. Quand le journal se met à coûter le même prix qu'un café dans une brasserie parisienne, il devient un objet de luxe.
Rappelons qu'en 2002, peu avant le passge à l'euro, Le Monde et Le Canard enchaîné coûtaient le même prix : 8 FF. Aujourd'hui, voilà le quotidien rendu à 1,80 €, quand le prix de l'hebdomadaire satirique est resté inchangé à 1,20 € depuis (un prix légèrement inférieur à 8 FF...). Le premier voit continuellement décliner son lectorat, ses ventes, sa surface éditoriale, fuir ses journalistes, subit les assauts du numérique, croule sous les dettes, quand le second se porte à merveille et cancanne chaque semaine un peu plus fort. Cherchez l'erreur.
La fuite en avant de ce titre myhique de la presse française est pathétique. Depuis les dernières réformes internes qui ont accompagné le rachat par le trio BNP (Bergé, Niel, Pigasse), le journal qui n'appartient plus à ses rédacteurs depuis longtemps, a continué à marginaliser les société de personnels au profit des investisseurs qui voulaient bien mettre la main à la poche à condition, comme on les comprend, d'avoir le pouvoir de décision.
On devine l'intention de ces as du marketing et de la finance : transformer une entreprise de presse d'information en une juteuse marque de luxe destinée aux CSP+ (catégories socioprofessionnelles supérieures, en jargon de com), qui s'apposera partout ailleurs que sur des cahiers de papier, afin de monétiser l'image et la réputation de l'ancien Monde. Une magnifique opération de branding. A vingt centimes.
2 février 2013
Vingt centimes
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6 commentaires:
ça coûtait huit francs, un café ?
Comme il est pénible d'assister ainsi, impuissant, aux ravages de l'âge : acheter son journal au kiosque de la place de Clichy, puis le lire en sirotant un café à la terrasse du Wepler était une affaire à 20 FF. Le café en salle dans une brasserie moyenne coûtait 11, 12, 13 FF...
D'après l'INSEE, un café en salle était à peu près à 1.22 € en 2002, ce qui, compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, revenait bel et bien à 8,00 francs. (Ils ne précisent pas les prix en terrasse au Wepler).
Félicitations à HD dont le prix est stable depuis 2008.
A l'époque étudiée, le café (en salle ou au zinc indistinctement) coûtait environ 5 FF dans la plupart des bistrots de Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire). L'INSEE, auquel on peut au demeurant accorder toute confiance, produit des moyennes, qui par définition ne reflètent pas la réalité du coût de la vie de ceux qui ont la malchance de vivre au dessus de ces moyennes, et malheureusement de plus en plus au dessus de leurs moyens.
Et tu n'as encore rien vu, la gauche va tout te prendre
Ils n'auront pas ma liberté de penser;
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