Alabama Monroe de Felix Van Groeningen.
Mélodrame musical. En Flandre, un chanteur de bluegrass rêvant d'Amérique et une tatoueuse enluminée des pieds à la tête vivent l'amour fou, avant que leur fillette ne tombe gravement malade. Comment leur couple parviendra-t-il à traverser les épreuves ?
Felix Van Groeningen nous avait coupé le souffle avec son précédent film, La merditudes des choses, et il n'a, pour celui-ci, pas choisi la facilité avec un sujet mélodramatique un peu casse-gueule, dont l'argument tiendrait en trois lignes, tirant de toutes ses forces sur les grosses ficelles élimées de l'amour éternel et des ch'tis nenfants malades. Moins profond peut-être, plus attendu que La merditude, cet Alabama Monroe démontre en tout cas la capacité de Van Groeningen de faire du cinéma à partir de presque rien. Le réalisateur évite toute mièvrerie grâce à un talent de metteur en scène intact, des acteurs admirables et admirablement dirigés, un montage au cordeau qui se garde de surjouer les moments d'émotion, qui abondent pourtant. Et on lui sait gré d'avoir su glisser au beau milieu de son film une violente diatribe athéiste du plus bel effet, qui ne manque pas de sel dans la très catholique Belgique. La bluette devient foutraque, et on ne sait bientôt plus s'il faut rire ou pleurer, célébrer la vie, hurler à la mort ou maudire l'amour.
Mais surtout, Van Groeningen a réussi, l'air de rien, un très beau film musical, où le style country bluegrass de la bande-son devient un personnage à part entière, joué à l'écran par ses véritables interprètes, couple principal d'acteurs en tête. On y glane d'ailleurs au passage une définition du bluegrass : une country pure, avec une guitare, une mandoline, un banjo, un violon, une contrebasse et des voix. Et c'est tout.
Pour une fois, les distributeurs français ont sans doute été assez inspirés en remplaçant le titre original, The Broken Circle Breakdown, quelque peu énigmatique (et pas très flamingant), par Alabama Monroe, qui trouvera sa poignante explication à la toute dernière image. Van Groeningen aurait même dû y penser lui-même.
Crash-test :
30 août 2013
L'amour est-il soluble
dans le bluegrass ?
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