9 janvier 2010

Mort subite sans prolongations

Comme beaucoup d'observateurs, les membres de la Confédération africaine de football (CAF) croyaient la guerre civile en Angola terminée depuis 2002 quand ils ont confié à ce pays l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations 2010. C'était compter sans la violente guerrilla séparatiste du Front de libération de l'enclave de Cabinda, un mince territoire angolais fiché entre les deux Congo, où le comité d'organisation avait cru malin de prévoir sept rencontres. Habile stratagème pour réaffirmer la puissance et la souveraineté de l'Etat angolais à Cabinda au nez et à la barbe des irrédentistes. La démonstration s'est avérée particulièrement convaincante après la mort d'au moins deux personnes dans l'attaque du car de l'équipe nationale du Togo qui se rendait à Cabinda pour disputer son premier match de la compétition. A l'évidence, les autorités angolaises ont masqué la réalité de la situation sécuritaire à Cabinda pour mieux servir leur dessein politique. A l'évidence, la CAF a été soit extrêmement naïve en prenant pour argent comptant les assurances fumeuses données par l'Angola, soit particulièrement cynique en fermant les yeux sur une situation hors de contrôle mais potentiellement profitable. Au vu du drame récent qui endeuille la compétition, au vu de l'incurie des autorités angolaises, la CAF a d'ailleurs sagement décidé de maintenir toutes les rencontres à Cabinda malgré le retrait du Togo de la compétition. Et alors ? On avait pas annulé les JO de Munich non plus.

Aux dernières nouvelles, la CAN va déjà mieux.

A ce train là, le mieux serait de confier une prochaine édition de la CAN à la Somalie, avec des matches à jouer à Mogadiscio, Berbera, Baidoa... Ou au Congo prétendûment démocratique qui pourrait voir un quart de finale à Goma en plein pays hutu. Ou alors tiens, encore mieux, une organisation conjointe du Maroc et du Front Polisario avec match d'ouverture à El Ayoun, en plein Sahara occidental. Non, Maroc méridional ! Sahara occidental ! Paf ! Pan ! Boum ! Ratatatatata ! A quelques mois de la Coupe du monde en Afrique du Sud, j'imagine la police sudaf flipper grave et réviser de toute urgence ses fiches sur les Fronts de libération afrikaner ou hottentot...

Ce qui est énervant surtout, c'est que pendant ce temps là, le Dakar sud-américain n'en est qu'à un seul mort cette année. Et encore, même pas par balles.

10 commentaires:

Li-An a dit…

Ben non ils vont faire le match le Togo...

Hobopok a dit…

Euuuh... c'est à dire ?

Appollo a dit…

Hi-An veut dire qu'on ne sait pas encore si le Togo se retire ou pas.
Cet attentat est une aubaine pour le FLEC qu'on avait un peu oublié depuis que l'Angola en avait fini avec Savimbi et que les pétroliers du monde entier pouvaient y forer en paix (au large de Cabinda, évidemment).

l'inegalable vivie a dit…

la mondialisation gagne sous tes aspects, et il est sans doute envisageable que l'Afrique ait sa part dans la grande histoire du sport international. c'est sans doute ce qui a poussé le gouvernement congolais à peindre un tableau un peu généreux de la situation.

c'est peut être aussi oublier que l'Europe , l'UE du moins , est une terre de "paix" relative et que les conditions ne sont pas les mêmes sur certaines autres régions du monde.

On peut penser que pour les indépendantistes de Cabinda , frapper ainsi était particulièrement efficace pour mondialiser leur combat et leur cause. on en a vu d'autre depuis Munich , effectivement.

je n'ai d'ailleurs découvert l'enclave qu' à cette occasion.

il est vrai que ça met une sacré ambiance pour la coupe du monde.

Appollo a dit…

Le gouvernement congolais n'y est pour rien. Il se trouve que l'équipe du Togo s'entraînait au Congo, et que le seul accès routier vers Cabinda est la route qui vient de Pointe-Noire. D'ailleurs, l'attentat a bien été perpétré après le passage de la frontière, en territoire angolais. Mais il est vrai que l'Angola prétend que les attaquants du FLEC venaient du Congo et s'y seraient réfugiés ensuite. (je parle du Congo Brazza)

Hobopok a dit…

@Vivie : tout le monde a pensé évidemment à la coupe du monde en Afrique du Sud, mais il serait assez mal venu de se lancer dans des comparaisons avec l'Angola. Malgré la criminalité galopante, aucune parcelle du territoire n'y est menacée par une guerrilla rebelle.

@Appollo : tout le monde n'est pas de l'avis que l'événement profiterait in fine au FLEC :
http://can2010.blog.lemonde.fr/2010/01/10/cet-acte-ne-remet-pas-en-cause-le-controle-de-luanda-sur-le-cabinda/

Appollo a dit…

Au moins le FLEC fait parler de lui et rappelle que la situation au Cabinda n'est pas réglée. Ca me semble suffisant pour un groupe terroriste.
(Au passage, dans les commentaires de l'article que tu cites, certains prétendent que l'Angola est le pays d'Afrique le plus développé après l'Afrique du sud. Haha.)

badjack a dit…

Alors là, mon ptit Jean-Mimi, en voilà deux, Cabinda et Togo, qui ne passeront pas leurs vacances ensemble! Ne m'faites pas dire c'que j'ai pas dit, mais on ne m'ôtera pas de l'idée que confier une épreuve d'une telle importance à un pays aussi peu développé, c'est un peu comme si on demandait à Lionel Messi de jouer pour le PSG...

l'inegalable vivie a dit…

voilà un débat qui a de la tenue ,et je m 'incline devant les spécialistes , plutôt contente de découvrir ce contexte régional que je ne connais effectivement que très mal.

je ne demande que ça moi , d'apprendre des trucs chez Hobopok.

Totoche Tannenen a dit…

Tout à fait, Badjack : c'est pas joli-joli.