23 janvier 2010

Perses et police

Les chats persans de Bahman Ghobadi.


Compil alternative. Un jeune couple de musiciens téhéranais marginalisé par des choix artistiques peu goûtés des mollahs essaie de monter un groupe dans le seul but d'obtenir des visas de sortie au prétexte d'une tournée de concerts à l'étranger.

A près A propos d'Elly, voici encore un film, à vertu quasi documentaire, puisque tourné à l'arrache, quasi clandestinement, avec de jeunes acteurs musiciens jouant à peu de choses près leur propre rôle, qui jette un éclairage cru sur la société iranienne actuelle, secouée comme on le sait de quelques soubresauts ces derniers temps.

Ghobadi s'appuie sur une trame scénaristique assez sommaire, qui tourne un peu au catalogue musical, pour nous donner un aperçu de ce qu'il est convenu d'appeler la scène alternative, nous faisant découvrir une jeunesse avide de musiques modernes, indie rock, blues, heavy metal, electro, rap, foisonnement de talents claquemurés derrière des frontières hermétiques, s'enterrant au plus profond des bas-fonds de la ville à la recherche d'insonorisation salutaire. Heureusement, le film se charge aussi de suspense au fur à mesure que la date prévue du départ approche et que les espoirs de triompher des embûches administratives et policières s'amenuisent. Deux personnages notamment se détachent : la jeune chanteuse aussi désespérée que désabusée, et le manager autoproclamé, tchatcheur impénitent, qui finit lui-même par ne plus croire à ses propres boniments. La meilleure scène du film le montre s'expliquant dans un commissariat de police, filmé longuement par le mince entrebâillement d'une porte.

En alternant habilement description et émotion, scènes comiques et scène tragiques, révélant un talent de mise en scène survolté par l'urgence, Ghobadi donne non seulement des clés pour l'Iran contemporain, mais signe aussi un vrai bon film de cinéma, au nez et surtout à la barbe des gardiens de la révolution islamique.

Crash-test :