The Ghost Writer de Roman Polanski.
La mort aux trousses. Un nègre littéraire en vogue accepte de remplacer au pied-levé le confrère, impromptument décédé dans de troubles circonstances, chargé de rédiger les potentiellement explosifs mémoires d'un ancien premier ministre britannique. Innocent aux mains pleines, cet écrivain fantôme va se trouver au centre d'une manipulation politique qui lui passe un peu au-dessus de la tête, qu'il s'efforce non sans peine de garder bien à sa place sur ses épaules.
Inspiré d'un roman du journaliste britannique Robert Harris, qui eut à fréquenter d'assez près Tony Blair, le scénario fait de réjouissantes et limpides références à l'ancien leader travailliste, mais aussi à son ex-ministre des affaires étrangères Robin Cook, à Condoleezza Rice, à la société américaine Halliburton, ainsi qu'à un certain "idiot à la Maison-Blanche". Pierce Brosnan est magistralement inquiétant dans ce rôle transparent de l'ex-premier ministre, confirmant au passage de quel grand acteur la franchise James Bond s'est imprudemment séparée.
L'ombre d'Hitchcock enveloppe ce film, où Polanski modernise avec un impressionnant savoir-faire la leçon de cinéma hitchcockienne. Ici le fameux MacGuffin, teuteu narratif servant de ressort à l'intrigue, prend la forme d'un mystérieux et très convoité manuscrit. Kim Cattrall, échappée de Sex and the City, resplendissante, tient le rôle de la blonde glaciale. On remarque aussi l'épatante musique d'Alexandre Desplat qui parvient à citer Bernard Hermann sans le pasticher. Tout au long du film, Polanski maintient la tension en laissant planer le doute sur les intentions réelles de chacun des protagonistes, parvenant à ménager fausses pistes et surprises jusqu'au dénouement, qui en plusieurs temps et autant de coups de théâtre, apporte moins de réponses au mystère qu'il ne soulève de questions. Le tout servi avec une maîtrise de mise en scène qui, jusqu'au génial dernier plan, tient de la perfection visuelle.
Le malheureux Polanski n'avait bien évidemment pas pu mettre les pieds aux Etats-Unis pour le tournage, et c'est donc en Allemagne qu'il a, non sans un certain brio, reconstitué au grain de sable près la petite île de la côte de la Nouvelle-Angleterre qui sert de décor à l'histoire. Pour les mêmes raisons que l'on sait, c'est depuis son cachot helvète puis de la résidence où il a été assigné en Suisse qu'il a fini de diriger le montage et la post-production. Si tous les pédophiles pouvaient se mettre à faire d'aussi bons films, il faudrait d'urgence offrir des stages à la FEMIS à Marc Dutroux et Michel Fourniret.
Crash-test :
9 mars 2010
Le fantôme de la négritude
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9 commentaires:
1-donc je résume pour la gastronomie du jour: grains de sable aux petits oignons et au gruyère suisse.
bon , on ira surement voir quand ça passera par chez nous.
2- Voilà bien longtemps que tu ne nous avait pas parlé de Fourniret , depuis ton premier article , si je me souviens bien?: Tu fêtes quelque chose?
Je confirme tout avec deux réserves. Pierce Brosnan était creux en James Bond. La "révélation dans le livre" est un peu lourdingue et n'apporte rien à la compréhension du film. Du MacGuffin dont on aurait pu se passer. La musique est vraiment bath et je vais voir à quel prix on peut la trouver. Il faut saluer la performance de Olivia Williams qui fait une femme de Premier d'une fébrilité incroyable (t'as pas été fichue de citer son nom, honte à toi) et le cameo de James Belushi impossible à reconnaître.
Ha ha, j'avais repéré Belushi tondu, qui arriva à donner une présence incroyable à son mini rôle. Olivia Williams est épatante aussi, juste elle est pas du tout connue. Tilda Swinton avait été envisagée d'abord pour son rôle.
@ Vivie : non non, je ne fête pas les anniversaires de Fourniret et consorts !
mais oui , je sais.
je te charrie.
j'irai voir le film; comme disait Doudou , je parlerai du film quand je l'aurai vu.
C'ets quand même intéressant de voir qu'il a réussi ce qu'il a juste abordé dans Frantic qui faisait un peu "petit film" et un peu planté dans "la 9° Porte". On peut aussi parler du décor étonnant et du jardinier asiatique (un clin d'oeil à Chinatown ? On en voit aussi un dans Mulholland Drive et j'ignore si c'est Polanski qui a créé cette figure).
@ gentille Vivie : c'est pas moi c'est Vilainjacques
@ Li-An : le jardinier asiatique est très hitchcockien aussi. Alfred prêtait toujours une grande attention à la moindre silhouette qu'on pouvait percevoir dans le cadre, transformant les figurants en rôles muets.
ha , j'ai fauté gravement.Toutes mes excuses pour l'inexplicable confusion , Doudou.
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