22 mai 2010

L'aloi des séries, épisode 5

A la guerre comme à la guerre : deux mini-séries qui sont autant de salades de testostérone sentant bon le sable chaud, la poudre, le sang, la sueur. Engagez-vous, rengagez-vous, qu'ils disaient...

Generation Kill.

Sept épisodes pour raconter l'avancée d'une colonne de Humvees d'une unité de reconnaissance des US Marines lors de l'invasion de l'Irak en 2003. C'est une production de David Simon, le créateur de l'excellent The Wire, un label qualité. Si le ton est très réaliste, c'est parce que la série est adaptée du récit du journaliste de Rolling Stone Evan Wright qui avait raconté par le menu ses quelques semaines embarqué avec les marines, et qui voyageait aux avant-postes dans le véhicule de tête. Ça donne une série de guerre assez atypique, avec très peu de pan pan boum boum, guère de considérations stratégiques, et un propos politique seulement distillé assez finement en filigrane. Curieusement, il ne se passe en fait pas grand chose militairement parlant, on voit surtout les soldats beaucoup attendre, se plaindre de la piètre qualité de leur matériel, se plaindre de l'ineptie de leurs chefs, puis commettre à leur tour des erreurs, et en fait, cette unité motorisée supposée être à l'avant garde de l'invasion aperçoit à peine le bout des moustaches d'un irakien. L'essentiel du propos est dans cette critique en creux de l'armée, monstre bureaucratique à la fois absurde et étrangement efficace, et dans les liens très forts que tissent, malgré des origines très différentes, des hommes qui chient dans leur froc ensemble. Globalement, la plupart de ces engagés volontaires paraissent, quel que soit leur niveau d'éducation, assez critiques de la guerre en général, et de celle-ci en particulier, et surtout de la façon de la conduire, qui leur paraît en léger décalage avec le discours officiel, et surtout, faute suprême, peu professionnelle. Les soldats acquièrent surtout très vite la conviction, alors qu'ils ne sont en Irak que depuis quelques jours, que les Etats-Unis ne sont pas près d'en repartir de sitôt, et vraisemblablement pas sous les vivats de la foule, l'armée de libération se transformant quasi instantanément en armée d'occupation.

Tourné en Afrique du Sud, Namibie, Mozambique : on aperçoit au détour d'une rue de Falloujah une maison dont le stoep typique a peut-être été insuffisamment maquillé...

The Pacific.

La fine équipe responsable de Band of Brothers, l'histoire de l'invasion de l'Europe par l'US Army, Tom Hanks et Steven Spielberg, rempile pour narrer l'histoire en dix épisodes de la bataille du Pacifique. L'une des toutes premières scènes, ressemblant à un cours de rattrapage historique pour les nuls, laissait craindre un manque cruel de finesse, mais finalement la reconstitution, au bouton de guêtre près, tournée entièrement en Australie, se laisse regarder, malgré un académisme certain. Sans en avoir toute la force dramatique, la faute à des personnages un peu laissés à eux-mêmes, la recette est copiée sur BoB : un peu d'archives en amuse bouche, des interviews de vétérans qui écrasent des larmes en pensant à leurs copains tués, et envoyez les violons et l'artillerie ! Heureusement, les scènes de combat, pan pan boum boum à gogo, sont très convaincantes, empruntant nombre d'astuces de mise en scène au fameux Soldat Ryan de Spielberg.

Alors voyons, le D-Day et la bataille de France, c'est fait. Le Pacifique, bon ben, ça y est, fait aussi. Qu'est-ce qui va rester à MM. Hanks et Spielberg pour épuiser le filon patriotique ? L'Afrique du Nord, la Sicile et l'Italie ? J'ai déjà le titre : Avanti !

Previously dans L'aloi des séries.
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