5 août 2010

Cases en tôle

Archi & BD, la ville dessinée, à la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, jusqu'au 28 novembre.

Je ne suis pas persuadé que l'idée de rapprocher architecture et bande dessinée soit follement originale, mais il n'était pas interdit de penser qu'une institution aussi prestigieuse que la Cité de Chaillot saurait nous proposer quelque chose de transcendantal avec un regard neuf et pénétrant sur le sujet. Eh bien pas du tout. L'exposition se borne quasiment à constater qu'il y a effectivement de bien belles maisons dans les bandes dessinées, ce dont tout lecteur un tant soit peu averti pouvait se douter tout seul, et à ranger ces constats dans un ordre plus ou moins chronologique. C'est un peu court. On aurait pu tout aussi bien faire une exposition Chaussure et bande dessinée au Musée du lacet en constatant que les personnages de BD ne sont souvent pas pieds nus. Comme le déplorait à voix haute un visiteur lui-même passablement averti, ce n'est pas dans cette exposition qu'on va apprendre quoi que ce soit sur la bande dessinée ni sur l'architecture.

Avril à New-York.

On ne discerne donc aucun discours construit sur la représentation et le rôle de l'architecture dans la BD, aucune mise en perspective des similitudes de construction entre les deux arts, bref, du vide sidéral posé, cerise sur le gâteau, de façon quasi amateure sur une scénographie d'une rare indigence : vitrines avec vue plongeante sur la tuyauterie de la structure, vis, boulons, et vieux papiers gisant par terre bien en évidence, cartels en vrac, imprécis ou incomplets, cheveux oubliés sous les plexiglas qui recouvrent les œuvres (!), aucune indication sur la nature des œuvres (encre, papier) sauf pour signaler les nombreux, trop nombreux, fac-similés et autres impressions d'après fichier numérique ! Que dirait le visiteur au Louvre si au lieu des tableaux on l'invitait à contempler accrochée aux cimaises une collection de couvercles de boîtes de chocolat ?

Que reste-t-il de ce désastre ? Un espace climatisé où se mettre au frais aux heures chaudes de l'été, une cafétéria avec vue sur la tour Eiffel, et tout de même, heureusement, comme dans toute exposition de bande dessinée aussi misérable soit elle, quelques fantastiques originaux : entre autres Hergé, McCay, Eisner, Ware, et même un assez stupéfiant Zep. Bonne visite.

5 commentaires:

Totoche Tannenen a dit…

Je te trouve soft : tu as eu la délicatesse de débrancher le crash-test.

Impossible de me souvenir si la planche de Chaland était un original ou non, comme un ami me l'a demandé... Finalement, quitte à voir des "impressions numériques", il m'a confié qu'il se contenterait de feuilleter le catalogue.

Hobopok a dit…

Lequel coûte, comme il se doit, bonbon.

Li-An a dit…

brocoa
Ce n'est pas la première fois que ça existe. Je me rappelle d'une belle affiche réalisée par Swaarte pour le même genre de manifestation.

Hobopok a dit…

Tu te le rappelles tellement bien qu'elle figure dans Leporello. Ça s'appelait Architectures de bande dessinée, ça date de 1985. Sacré Joost Swarte (un seul a deux o).

Elouarn a dit…

Mouais, ça m'a fait pareil cette expo. Un étalage de truc dont on a essayé de donner un sens, en tirant pas mal sur des cheveux. On ne peux pas faire une expo qu'avec Schuiten !
Jusqu'à ce que je vois la place occupée par Baru (une TV tourne en boucle) juste après avoir croisé Thévenet à l'entrée... C'est un truc entre copains !
J'ai repris mon n° d'a suivre de 85 (une couv de Swarte donc) qui montre les lacunes de cette expo.