11 janvier 2011

Ma femme s'appelle reviens

A bout portant de Fred Cavayé.

Pollywood. De garde la nuit dans un hôpital parisien, un malheureux aide-soignant se retrouve au mauvais moment au mauvais endroit, pris au milieu d'une fameuse querelle entre truands, flics, et ripoux, et doit cavaler au péril de sa vie pour sauver sa femme enceinte enlevée par des indélicats. A la surprise générale, il y parviendra quelques cadavres plus tard.

Film d'action parfait : rien à dire sur le scénario admirablement ficelé, rien à dire sur l'interprétation toujours parfaitement dans le ton malgré les prouesses physiques exigées des acteurs, rien à dire sur la réalisation remarquablement efficace à tenir le spectateur en haleine, rien à dire enfin sur la photographie qui donne ce sombre tableau du Paris contemporain.

Rien à dire si ce n'est que cette perfection à mener un film de pur divertissement trahit une fascination hollywoodienne à la fois creuse et vaine, qui m'a conduit à forger ce néologisme de Pollywood pour Hollywood made in Paris. A quoi bon s'échiner à fabriquer en France les mêmes films au savoir-faire époustouflant mais qui ne racontent, au fond, strictement rien, quand Hollywood se charge déjà d'en produire à la chaîne qui viennent encombrer nos écrans ? Est-ce là l'horizon du cinéma européen et plus particulièrement français que de devoir imiter les recettes du cinéma étasunien, en adopter à la virgule près les codes narratifs, invraisemblances comprises, sans savoir apporter un ton ou un point de vue un tant soi peu différent, un propos même sous-jacent politique ou social ou poétique de quelque intérêt ?

Comme un thriller hollywoodien, ce film se regarde. Et s'oublie aussitôt.

Crash-test :

4 commentaires:

Glorb a dit…

Ton analyse est assez amusante parce que le réalisateur lui dit la même chose mais à l'envers. Il dit que les gens ne vont pas voir les films d'action/thriller français alors qu'ils se jettent sur les équivalents hollywoodiens.

Il souhaite donc montrer avec ce film qu'il y a une nouvelle génération de cinéastes français qui peut faire des films tout pareil que là-bas, mais ici. Donc que les fans de films américains peuvent apprécier du cinéma français. Et sans que les dits-réalisateurs aient besoin d'aller faire des films là-bas.

Hobopok a dit…

Je suis tout à fait conscient de ce discours, mais il reste permis de le trouver consternant, sans pour pour autant vouloir jeter l'opprobre sur l'ensemble du cinéma de divertissement. Je ne suis pas sûr non plus de me précipiter voir le Frelon vert de Gondry, dans la catégorie réalisateur d'ici qui fait des films là-bas...

Glorb a dit…

ah non attention, je suis 100% d'accord avec toi. Je n'ai pas vu le film mais je trouve que vouloir à tout prix faire la même chose que les films d'action d'Hollywood pour montrer qu'en France on en a aussi, je trouve ça totalement idiot. Ca reflète un cinéma pas vraiment intéressant à partir du moment où il reprend volontairement des codes établis (et pas des plus subtils) dans le but affirmé de faire partie du groupe et sous-entendu de récupérer le public bien habitué à ses conventions de genres.

Je pense que ce serait bien plus intéressant de digérer ses codes et d'apporter un regard nouveau sur la chose avec justement la distance (géographique notamment) permettant d'aller au-delà du genre.

Le long-métrage précédent du monsieur a son remake américain qui sort prochainement. Pour celui-ci, oseront-ils exporter la version française directement ?

Hobopok a dit…

Merci d'avoir éclairé ma lanterne sur le précédent film de Cavayé, apparemment également intitulé Ma femme s'appelle reviens. Et dont le remake hollywoodien abonde dans mon sens : on a beau faire les mêmes films aussi bien qu'à Hollywood, ça n'est de toute façon pas assez bon pour Hollywood, puisque les analphabètes locaux ne sauraient pas lire un sous-titre. Bref, un combat non seulement dénué de sens, mais aussi perdu d'avance !