True Grit d'Ethan et Joel Coen.
A l'ouest du western. Héritant quelques sous de son père mort bêtement assassiné, une gamine fraîchement pubère qui n'a pas froid aux yeux embauche un vieux marshal aussi borgne qu'alcoolique pour aller courser le coupable en territoire indien. Patelin sans foi ni loi, trognes patibulaires, coyotes à foie jaune, bivouacs au clair de lune, cavalcades, fusillades, collection de macchabées, l'aventure se paiera bien un jour, j'en mettrais ma main à couper.
Le titre énigmatique de ce film, adapté d'un roman du même nom, aura donné un peu de fil à retordre aux meilleurs anglicistes du Bourget. Grit désignant au sens propre un gravier très fin, une poussière minérale abrasive, et au sens figuré le cran dont peut faire preuve un caractère obstiné. Qualité du vieux marshal qui force l'admiration de la jeune fille, laquelle s'avèrera en être tout autant pourvue.
Le western ayant à peu de choses près le même âge que le cinématographe, les frères Coen ont dû juger indispensable de s'y frotter pour conquérir quelques galons supplémentaires à leurs épaulettes de cinéastes. On ne disputera pas leur capacité à digérer et régurgiter leur science du genre pour en faire un traitement à la fois moderne et fidèle à l'époque du sujet, reconstitution historique esthétiquement inspirée, en recyclant certaines des figures de style qui peuplent les westerns, le tribunal, la pendaison, la poursuite, le concours de tir, le duel, le sauvetage de vie. Mais finalement on les sent plus contraints que stimulés par cet exercice de style, plaisant à regarder quoique parfois un peu longuettement dialogué. Et il devient difficile d'y trouver la suggestion ironique du malaise existentiel qui fait leur marque de fabrique habituelle, au point qu'on se demande même au fond ce qu'ils ont bien voulu nous raconter.
Malgré une excellente interprétation, Jeff Bridges en vieux bougon, Matt Damon en matamore texan, et surtout la jeune et remarquable Hailee Steinfeld, on finit par se désintéresser des personnages, dont on se prend à espérer que leur destin s'accomplisse au plus vite tant il devient de plus en plus transparent.
Les meilleurs moments se situent en fait au début, quand la gamine arrive en ville pour régler l'inhumation de son père, solder les finances du défunt, avec l'idée en tête de le venger par tous moyens légaux. La scène ou elle marchande le prix d'un cheval et d'une selle est un morceau d'anthologie. Le seul du film malheureusement.
Crash-test :Lire aussi l'avis d'un cinéphile orléanais.
10 mars 2011
Un cran en dessous
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3 commentaires:
Entièrement d'accord.
Je n'ai pas eu l'impression d'avoir vu "un film des frères Coen".
Je me réveille un peu tard, mais je suis d'accord avec tout ce que vous disez!!! C'est un bon western, mais les Coen font d'habitude mieux que des bons films...
Hobopok Dimanche, une revue à la pointe de l'avant-garde des masses populaires.
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