Animal Kingdom de David Michôd.
Circonstances atténuantes. Un ado qui vient de perdre tragiquement sa mère est recueilli par sa grand-mère et ses oncles, qui ont le défaut d'être des criminels endurcis, voire un peu psychopathe pour l'un d'entre eux, recherchés par toutes les polices d'Australie, y compris les plus expéditives. Ils vont inexorablement entraîner le gamin dans leur chute.
Dans le genre thriller familial, le scénario n'est pas d'une originalité folle, mais le film joue en fait de cette relative banalité pour en tirer une épure cinématographique. La violence, qu'on retrouve aussi bien chez les gendarmes que chez les voleurs, est ainsi très peu montrée sur l'écran mais davantage suggérée, ou maintenue habilement hors-champ, ce qui contribue à une atmosphère de malaise autrement plus pesante et dérangeante que ne le serait une débauche d'hémoglobine et de surlignage sonore. Entre la scène d'ouverture et la scène de fin, toutes deux absolument époustouflantes, le film déroule placidement son récit, mettant en cause la légitimité de la violence, la force du destin, la capacité de s'amender, la justice, et c'est en fait sa mise en scène froide et précise, habile et minimaliste, qui va faire que cette histoire apparemment anodine va durablement infuser chez le spectateur en provoquant un flot de questionnement bien après le générique de fin, qualités qu'on avait déjà trouvées il y a quelques années dans un autre film australien, l'excellent Lantana. En général, la marque des bons films.
Un autre atout du film est son casting entièrement australien, c'est à dire composé de visages qui nous sont, de ce côté-ci de la planète, complètement inconnus, ce qui lui confère un supplément d'authenticité que n'auraient jamais obtenu la sempiternelle brochette de vedettes et autres demi-sels hollywoodiens que les productions californiennes recyclent thriller après thriller.
Crash-test :
14 mai 2011
Famille je vous hais
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