29 septembre 2011

Gangsters à Johannesbourg

La bande à Foster de Conrad Botes et Ryk Hattingh.

Dans un interlope Johannesbourg contemporain, deux amis marginaux se remémorent les hauts faits d'une bande de gangsters de 1914. De fil en aiguille, ils en viennent à remonter sur les traces de cette épopée, encore visibles dans différents lieux de la ville, jusqu'à la grotte ou se noua l'épilogue tragique de la cavale des bandits.

L'Association a fait paraître cet été la traduction de cet ouvrage, à ma connaissance la première bande dessinée sud-africaine long format à avoir jamais paru en Afrique du Sud. Cette histoire complète de soixante et une pages avait été publiée une première fois en 2000 par Bitterkomix, alors à Stellenbosch, dans une version originale qui présentait la particularité d'alterner l'anglais et l'afrikaans, ce qui privait les non-afrikaanophones de la moitié de son intérêt. Cette hémiplégie est gommée grâce à la VF, un bien pour un mal, vu que du coup on perd cette dualité culturelle propre aux auteurs et à leur pays.


Il s'agissait d'un projet extrêmement ambitieux de deux artistes qui ne cherchaient pas le succès commercial, et se fichaient autant de l'indifférence critique qui allait les récompenser. A vrai dire, malgré ça, ou à cause de ça, le récit ne fonctionne pas vraiment, l'alternance un peu mécanique des deux époques pouvant paraître à la longue comme un pur procédé. La partie contemporaine, en fait un commentaire un peu décalé sur le sujet principal, n'y apporte pas beaucoup de lumière, et tend plutôt à casser le rythme et faire retomber l'intensité d'un récit criminel au demeurant passionnant. Tout juste remarquera-t-on qu'à un siècle de distance, le pays semble marqué par la même violence.


On y voit en tout cas la maestria graphique de Conrad Botes, dans un noir et blanc très âpre, qui montre, si besoin était, qu'il aurait toutes les qualités pour devenir un auteur de bande dessinée majeur, si seulement cette activité pouvait nourrir son homme en Afrique du Sud. Quant au scénariste, l'écrivain Ryk Hattingh, aux dernières nouvelles, il était serrurier à Auckland en Nouvelle-Zélande.

4 commentaires:

Totoche Tannenen a dit…

Effectivement, les récitatifs "journalistiques" (comme des coupures de presse) et les flash-backs étaient en anglais alors que les dialogues des protagonistes apparaissaient en afrikaner. La version française garde-t-elle (comme dans "Astérix et les Goths" par exemple) une trace de la différence de langues ?

Totoche Tannenen a dit…

Ah oui, apparemment la typo n'est pas la même dans les images que tu montres. J'ai rien dit.

Hobopok a dit…

Disons que le récit historique est dans un style journalistique de rubrique fait-divers, tandis que le dialogue à bâtons rompus entre les deux zozos est plus de la langue parlée contemporaine. Du moins est-ce 'intention, mais évidemment, l'usage d'une seule et même langue tend à rapprocher les deux malgré tout.

Totoche Tannenen a dit…

Pour l'anecdote (et pour énerver les collectionneurs), il reste une page inédite dans la V.O.