Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa.
Crise économique, crise familiale, néo-néoréalisme nippon. Un cadre moyen tokyolais est remercié du jour au lendemain mais ne peut se résoudre à l'avouer à sa famille. Rattrapée par la dépression qui frappe le Japon de plein fouet, la cellule familiale part à vau l'eau, mais au bout des épreuves, chacun de ses membres va se révéler à lui-même et aux autres.
Il faut s'armer de patience pour finalement savourer toute l'intelligence et la force de ce film, qui aboutit à une dernière scène d'une simplicité et d'une beauté à couper le souffle au plus averti des cinéphiles. Une longue scène muette qui paraîtrait bien ordinaire si elle n'était en fait chargée d'émotion par l'épaisseur accumulée en deux heures par les personnages qui la composent. Du grand art.
Avant donc la récompense finale, il faut tout de même supporter sans ciller péripéties et digressions, sans préjudice de quelques longueurs, accentuées par la rareté des dialogues, chacun des membres de la famille ayant droit à ses quelques touches de pinceau pour composer cette estampe semi-pessimiste d'une certaine réalité du Japon contemporain, loin des clichés de performance et de bonheur technologique dans un climat de consensus social qu'on nous dispense d'habitude. Le propos est servi par une photo volontairement ordinaire, parfois un peu obscure ou sale, un montage subtilement elliptique, et des interprètes remarquables dont j'apprends que certains sont des stars insulaires.
Pour finir je rouscaille comme beaucoup contre ces titres en anglais dont sont affublés des films non-anglophones pour être distribués en France : ça aurait coûté beaucoup d'appeler ce film Sonate de Tokyo ? Un petit peu fort de wasabi.
Crash-test :
7 avril 2009
En pire du soleil levant
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Oui c'est devenu une tradition ces titres de films orientaux en anglais. Une espèce de chic un peu naze...
Il y a quelques années un autre excellent film japonais était distribué sous le titre "The taste of tea". Frachement ça n'aurait pas été plus simple de l'appeler "le goût du thé" ? Mais que fait Jack Allgood ?
Le pauvre, il a disparu de la circulation. Je ne sais même pas s'il a encore un quelconque mandat.
un film qui me fait très envie. je suis bien aise qu'il t'ait plu.
double motivation.
Enregistrer un commentaire