27 avril 2009

Traité de tauromachie amusante

The Story of Ferdinand de Munro Leaf, illustré par Robert Lawson.

Classique de la littérature jeunesse d'avant-guerre (la deuxième mondiale, pas celle d'Irak). C'est avec cette prometteuse promesse que j'ai acquis cette petite édition brochée à vil prix, et je ne le regrette pas. Bien sûr, c'est en anglais, et je connais donc une Bibounette à qui ce chef d'œuvre passera largement au-dessus de la tête, laquelle culmine à ce jour à moins d'un mètre, et qui a déjà suffisamment à faire avec ses langues maternelle et paternelle.

Mais quel délice tant narratif que graphique que cette petite histoire innocente d'un jeune taureau pacifique, Ferdinand, donc, qu'on arrache à ses champs remplis de fleurs pour l'envoyer à la corrida à Madrid. Refusant de combattre et préférant respirer la bonne odeur des fleurs accrochées aux cheveux des élégantes, il rendra chèvre picadors et matador, avant de se faire renvoyer à sa campagne où il coule encore des jours heureux alangui sous un chêne-liège.

J'adore notamment la malice de Lawson, dont on ne sait s'il faut admirer davantage l'élégance du trait ou celle des compositions, qui dessine le chêne-liège (cork-tree) portant de généreuses grappes de bouchons de liège...

C'est Puffin, la division jeunesse des toutes récentes éditions Penguin, qui publia ce livre en 1936. Soit quelques mois à peine avant la guerre d'Espagne, où sa tonalité pacifiste lui valut d'être interdit par les franquistes, puis ailleurs dans le monde par d'autres dictatures. Pour autant, et peut-être à cause de la concomitance du conflit espagnol, le livre rencontra un succès mondial immédiat. Disney en acheta les droits pour en faire un court-métrage, assez fidèle jusque dans le découpage et les graphismes, qui remporta l'Oscar® du court-métrage d'animation en 1938.



Disney recycla une partie de l'animation en 1953 pour son For Whom the Bulls Toil (Dingo matador), jeu de mots capillotracté sur le roman d'Hemingway For Whom the Bell Tolls (Pour qui sonne le glas), bien que l'action soit clairement sise au Mexique.



On ne peut pas, pendant qu'on y est, ne pas penser aussi au Señor Droopy de Tex Avery en 1949, même si ça n'a plus grand chose à voir avec la paella.



Pour finir j'en reviens à Ferdinand : je n'ai pas vu de réédition en français récente (sous le titre de Ferdinand le taureau ?). Bibounette n'a plus qu'à apprendre l'anglais.

4 commentaires:

l'inegalable vivie a dit…

ha , le revoilà enfin. on commençait à s'inquiéter. bref , voilà de la bien belle littérature pour Bibounette , qui , n'en doutons pas , va s'en doute se mettre plus rapidement à l'anglais que tu ne crois ; bon sang ne saurait mentir.


Fort sympathique et goutus en diable ces illustrations! quelle documentation pédagogique aussi .

Li-An a dit…

Je connaissais le dessin animé mais pas le bouquin. Il n'est pas cher du tout sur la toile mais c'est le genre de choses qu'il vaut mieux feuilleter avant d'acheter.

Hobopok a dit…

Eh bien grâce à Hobopok Dimanche, le feuilletage est déjà fait.

En y réfléchissant, je me remémorais tes critiques sur Mary Blair et consorts, et on est là tout à fait à l'opposé : pas de simplificationn graphique, mais au contraire un dessin très riche, très soigné, pariant sur la qualité et la finesse des jeunes lecteurs eux-mêmes. Peut-être une approche de l'illustration un peu perdue.

Li-An a dit…

Il y a encore des illustrateurs jeunesse au dessin complexe et plutôt réaliste.