In The Air de Jason Reitman.
Agaçant prêchi-prêcha contemporain. Un beau salaud, dont la profession est de virer des gens pour le compte de lâches patrons d'entreprises en plein plan social, réfléchit soudain à la vacuité de sa vie solitaire passée dans les avions les hôtels et les aéroports, se croit sauvé par l'amour, s'essaie à la gentillesse, mais renonce finalement à renoncer à son renoncement.
Le début est prometteur. On va nous parler de la crise. On va nous servir une critique acide des excès du capitalisme. On va pousser jusqu'à la nausée l'amoralité du personnage incarné (tant bien que mal) par George Clooney qui fait fond de commerce de son style de vie en lévitation perpétuelle : sa vie tient dans un sac à dos, plus ce sac à dos est léger, plus il se sent libre, c'est à dire déconnecté des vraies gens. Un vrai beau salaud, qui a élevé l'entretien de licenciement au rang des beaux-arts, qui mesure son succès au nombre de miles sur son compte grand voyageur, dont on attend les saignantes aventures.
Et puis non. En fait, il s'agit de sauver ce pauvre pécheur, en lui faisant voir tout d'un coup, par la confrontation avec une jeune louve qu'il doit former aux ficelles de son infâme métier, par la découverte de l'amour auquel il ne croit pas, que la vie peut être tellement belle. Et le méchant Clooney devient tout gentil, se rend compte que, bon sang, la vie, c'est les autres ! Et que serait-on sans amour ? Mais il est trop tard, le pécheur ne pouvant plus être sauvé, il sera donc puni. Bref, Jason Reitman enfile les niaiseries comme des perles, tordant le cou à son personnage comme à son sujet, et tenant encore une fois (après Juno) un discours sottement moraliste pour ne pas dire conservateur, voire réactionnaire, grossièrement dissimulé sous de vagues effets de style et un peu de musique djeuns pour faire cool.
Mieux vaut avoir bien bouclé sa ceinture, car autant le film semble promettre au décollage, autant l'atterrissage tourne à la catastrophe.
Crash-test :
12 mars 2010
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3 commentaires:
Et bien enfin un film que j'ai vu avant toi , sans gloire en effet.
j'en suis sortie avec des sentiments partagés; certains proches des tiens , mais pas tous en fait.
je partage plutôt ton avis pour cet arrière goût de médiocrité ambiante , véritable métaphore de l'ingratitude dans lequel on nous fait plonger à chaque atterrissage.. je me suis assez ennuyée en fait car le film n'est pas palpitant , ni confortable.
Cependant qui me déprime encore plus , c'est que malheureusement cette peinture un peu sinistre et dépressive de l"humanité actuelle, p me semble assez proche de la réalité.
combien - non de capitaines - mais de types toujours entre 2 voyages , internetifs ou non, combien de famille moribondes et décomposées par les modes de vie en vogue , la crise et j'en passe?
Que ce sont les "vrais gens" pour toi , franchement?.
Pour moi , c'est une espèce de conte de fée , à laquelle j'ai trop longtemps cru , quitte a passer pour une grosse naïve , croulant sous les quolibets du fait d'une fraicheur parfaitement hors d'âge. je te trouve finalement beaucoup plus idéaliste que je ne l'aurais supposé!
les gens dont tu parles, sont donc une espèce franchement en voie de disparition. Tout d'abord parce qu'il n'y a que les fauves qui survivent , et qu'aujourd'hui , la" gentillesse" est une forme déguisée de connerie qui s'apparente au désuet , en tout cas à toute la médiocrité d'une illusion de vie qui ne peut que t'exposer à la condescendance générale.. ( voir la photo de la sœur et de son fiancé pris devant les édifices où ils n'iront jamais.). S'en arrêter là , c'est comme vivre par procuration.
Le " vrai beau salaud" est monnaie courante, même qu'à force , je me demande si je ne céderai pas à la tentation d'en devenir franchement une , me protégeant ainsi , "in the air ," loin de tout ce qui me dégoute et que le film dépeint ma foi pas si mal..
Intéressant développement. Les vraies gens, voulais-je dire, sont ceux qui, eux, éprouvent de sentiments. Et qu'accessoirement le personnage de Clooney vire à la chaîne.
Ben oui , les vraies gens seraient ceux qui ont des sentiments et qui ne jouent pas avec ceux des autres pour se donner l'impression qu'ils existent. On est d'accord. au fait ce soir , c'est" brOthers"que l'on va voir , pas" mother". je m'y perds.
j'ai vu des commentaires sur la "rafle" qui m'ont bien fait marrer ; compassionnel et pédagogie qui confine à la propagande.. on se croirait revenu au temps de guy Moquet; tu me diras , c'est le même. il a été prévu des tarifs réduits à 4 euros pour les classes qui iront. Comme c'est aimable! bien sûr je n'y irai pas voir ..
quand je pense que certains ont dit qu'on n'avait jamais parlé de ce thème! Et "Monsieur Klein" , alors?
On n"a pas attendu ce film pour faire de l"histoire en classe.
sinon , j'ai bien envie d'aller voir le Granier Derfert avec JP Marielle.
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