Après la mort de son père, Wilson, quadragénaire divorcé, part à la recherche de son ex-épouse, la retrouve, ainsi qu'une fille cachée qui va le trahir pour se venger. Cinq ans, depuis Ice Haven, qu'on avait pas eu de nouvelles de Daniel Clowes. Avec Wilson, présenté comme son premier livre qui n'ait été au préalable sérialisé dans son comic book Eightball, il utilise à nouveau une forme narrative impressionniste pour dresser le désespérant portrait d'un nord-américain du début du XXIème siècle, misanthrope, indifférent, veule, à côté de la plaque...
Le livre est composé d'instantanés en une planche, selon une variété de déclinaisons graphiques, oscillant entre le réaliste et le schématique en passant par le caricatural, dont le sens visuel ne m'est pas apparu très évident après une première lecture. Chaque planche est à peu près autonome, proposant soit une forme de mini-morale, soit un point d'interrogation invitant à découvrir la suite. La progression du récit se fait ainsi par une succession de saynètes, qui finissent par composer un ensemble cohérent, avec un sens de l'ellipse très cinématographique qui fait soupçonner que Clowes rêvait un peu de grand écran en dessinant Wilson, lui qui a déjà connu le succès avec l'adaptation de Ghost World, puis le demi-succès avec Art School Confidential. Mais Wilson est davantage qu'un simple story-board, et avec cette très belle édition dûe à Drawn & Quarterly, Clowes montre qu'il reste un des grands dessinateurs étasuniens contemporains.
3 commentaires:
Du coup est-ce que tu dirais que ça reprend un peu le principe de Ice Haven de mélanger les styles pour brouiller un peu les pistes ?
Je l'ai commandé, je l'attends. :)
Ça mélange les styles, mais ça brouille pas vraiment les pistes. Le récit est clair, et chronologique, toujours centré sur Wilson. C'est pour ça que la multiplication de styles graphiques est un peu mystérieuse. Peut-être s'agit-il d'accompagner divers états émotionnels du personnage, ou de commenter son degré d'humanité. Vos hypothèses sont les bienvenues.
Drawn & Quaterly vient également d'éditer un somptueux "Asterios Polyp" d'un autre grand auteur étasunien : Mazzucchelli (que je n'ai hélas fait que feuilleter).
http://www.buzzcomics.net/showthread.php?t=35284
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