9 juin 2010

Tronches de vie

La vie secrète des jeunes II, de Riad Sattouf.

Deuxième tome des tranches de vie, choses vues croquées sur le vif par le fameux réalisateur de cinéma Riad Sattouf qui semble passer une part non négligeable de son temps à hanter les fast-foods et le métro parisien dans le seul but d'y observer ses contemporains. Il paraît que tout est vrai, juré, craché, la vie de la mère de Sattouf, et on n'aura pas le mauvais goût de mettre en doute le certificat d'authenticité tant il est vrai que la réalité est souvent plus invraisemblable que la fiction.

Ces pages rassemblées en album sont en fait des chroniques initialement publiées dans l'hebdomadaire bien-pensant Charlie-Hebdo. Une fois récolées et agglomérées, elles donnent une vision d'ensemble assez effarante quoique souvent très drôle d'une humanité qui semble exclusivement composée de crétins dangereux bêtes et méchants, de frustrés sans conscience, et de meurtriers en puissance ou en activité. Un effet d'accumulation qui peut sembler au choix très déprimant ou très inquiétant ou les deux. Et bon courage à ceux des personnages qui auront le malheur de se reconnaître dans ces impitoyables saynètes.

Le trait de Sattouf s'affine progressivement au fil des pages, sans jamais rien perdre de sa clarté limpide ni de son intolérable cruauté pour quelques disgracieux malmenés, il parvient même à atteindre à une sorte d'élégance qu'on voudra bien croire fortuite.

Bref, on ne serait pas loin de partager, sur cet album, l'avis du tampographe Sardon, s'il ne fallait déplorer de page en page quelques fautes d'orthographe grosses comme des maisons. Pourquoi diable auteurs et éditeurs semblent-ils considérer comme un sorte de coquetterie indispensable de maltraiter la langue française, ou à tout le moins de s'en fiche éperdument ? La bande dessinée a suffisamment de détracteurs prompts à la ravaler au rang de sous-culture pour ignorants décérébrés pour que les meilleurs auteurs dans les meilleures maisons ne paraissent apporter de l'eau à leur moulin en s'essuyant les pieds sur la grammaire ou l'orthographe.


Et pendant que j'y suis à pester contre l'éditeur, j'aimerais bien savoir pourquoi un livre de ce niveau de prix ne peut pas offrir des numéros de pages à ses lecteurs. Impossible de se référer à telle planche telle page comme on voudrait tant le faire entre amateurs hilares. Encore une coquetterie parfaitement dispensable.

Lire aussi ici l'avis d'un lecteur orléanais.

2 commentaires:

Bernard Piveau a dit…

Cé biens vraie ça, cé agassant a la faim.

Hobopok a dit…

Merci Bernard.