2 septembre 2010

La télévision mène à tout
à condition d'en sortir

Gosse de peintre, Beat Takeshi Kitano, à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris, jusqu'au 12 septembre.

Ultime arrière-goût de vacances, plus que quelques jours pour aller profiter de cette jolie petite exposition consacrée à une personnalité japonaise hors-norme, un honnête homme touche-à-tout connu en France pour ses films sensibles et profonds, tels Hana-bi ou Aniki, mon frère. Mais au Japon, Kitano s'est fait connaître sous le nom de Beat Takeshi en faisant l'andouille à la télévision des années durant, produisant des émissions plus crétines les unes que les autres, donnant libre cours à son goût pour le déguisement, accouchant d'un improbable croisement entre Benny Hill et Jackass, dans le contexte très particulier du paysage audiovisuel nippon dont on peut voir un très déconcertant aperçu dans le film Lost in Translation de Sofia Coppola.


L'exposition, concise, graphiquement percutante, confronte le rude Beat Takeshi aux créations plus délicates de Takeshi Kitano, également peintre, plus ou moins naïf, mais plutôt moins qu'il n'y paraît, sculpteur par procuration, inventeur fou de machines impossibles, héraut d'un curieux surréalisme extrême oriental. Elle démontre qu'au Japon, l'équivalent d'un Alain Corneau peut partager son enveloppe corporelle avec l'équivalent d'un Patrick Sébastien et celui d'un douanier Rousseau, alliant en une même personne la plus extrême vulgarité, la plus extrême sensibilité narrative, la plus extrême intelligence graphique, venues du plus extrême Orient.

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