La conquête de Xavier Durringer.
Biopic. Entre les deux élections présidentielles de 2002 et 2007, un fringant ministre (qui vous savez) se forge un destin, tendu de tout son être vers le seul objectif du pouvoir suprême, déjouant les chausse-trapes, écrabouillant les obstacles, quitte à y laisser quelques plumes sur le plan affectif.
Avec quelques acteurs qui se donnent un mal de chien pour ressembler à leurs modèles dans la vraie vie, et y parviennent parfois de façon assez confondante, tels Denis Podalydès campant l'actuel chef de l'Etat, Florence Pernel en Cécilia, ou Bernard Le Coq en Chirac, le film n'arrive pas vraiment à s'arracher de son principe de réalité, et à transformer ces silhouettes réussies en vrais personnages dramatiques. Le spectateur est tenté en permanence de comparer l'acteur à son modèle, et on finit par penser qu'il aurait mieux valu s'abstenir de toute ressemblance physique pour mieux faire ressortir le propos du film.
C'est d'ailleurs là un autre écueil, car on peine à distinguer un vrai propos dans ce récit qui ressemble davantage à l'illustration d'un journal de campagne, dont les tenants et aboutissants sont déjà largement connus du public, sans réelle valeur ajoutée par rapport à l'actualité qui s'est déroulée sous nos yeux (parfois ébahis) durant la période concernée. L'inconvénient d'un film tiré de faits réels, c'est qu'on connaît déjà la fin, et celui-ci ne parvient pas vraiment à s'élever beaucoup plus haut que le niveau de l'anecdote. Le scénariste Patrick Rotman, par ailleurs brillant documentariste, a du mal à entrer définitivement dans la fiction, à lui donner un vrai souffle, malgré une construction judicieuse, où des séquences de la journée d'élection du 6 mai 2007 sont entrelardées de flashbacks sur les cinq années précédentes.
Il reste quand même en filigrane le portrait d'un homme qui sacrifie tout à sa soif inextinguible de pouvoir, y compris le bonheur conjugal qui a été la clé de son succès politique. A le montrer se goinfrer de chocolats toute la sainte journée pour compenser ses carences affectives, le film le rendrait presque sympathique, ce qui est tout de même un comble. En faisant du candidat une victime de l'amour, les auteurs oublient un peu le sale type sans scrupules, colérique, imbu de lui-même, inculte, vulgaire, mal embouché, méprisant la syntaxe, et vouant une admiration sans borne à la réussite matérielle. En même temps, qui voudrait voir un film dont le héros est un odieux personnage ?
Sur le plan formel, il faut déplorer des dialogues un peu trop didactiques, où les personnages s'expriment avec la morgue et la précision d'un livre politique. Le parti pris de coller à l'intimité des personnages en filmant presqu'exclusivement en huis-clos occulte la charge symbolique des différents lieux du pouvoir, Elysée, ministère, siège de parti, QG de campagne, et donne une vision étrangement déspatialisée, quasi hors-sol, de la politique. Enfin la musique originale donne au film un parfum incongru de tragi-comédie italienne par des clins d'œil lourdement appuyés à Nino Rota.
Pas grand chose à retenir donc, de ce premier grand biopic politique contemporain à la française, hormis sa qualité de transgression éminemment salutaire. Autrement dit, le film a quand même le mérite d'avoir brisé un tabou en représentant un dirigeant en exercice.
Beaucoup de Français espèrent en tout cas que l'avenir de donnera pas à Durringer l'occasion de tourner une suite : La reconquête.
Crash-test :
28 mai 2011
Si j'étais président
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3 commentaires:
Une séparation.
Une suite est prévue : "La Quéquette", mais cette fois-ci sur DSK.
Elle me démangeait un peu, celle-là. Heureusement que mes lecteurs ont moins de retenue que moi.
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