18 novembre 2012

Villemot à l'affiche

Villemot peintre en affiches, à la bibliothèque Forney à Paris jusqu'au 5 janvier.

Le nom de Villemot (1911-1989) résonne encore à l'unisson de ceux des grands créateurs français de l'âge d'or de l'affiche au XXème siècle : Cassandre, Colin, Savignac. La bibliothèque Forney, dans le Marais, a la bonne idée de lui consacrer cette petite mais passionnante exposition, qui réunit affiches en sérigraphie ou en offset, ainsi que quelques originaux.


La signature de Villemot, reconnaissable entre toutes, reste associée principalement à une boisson orangée qu'il a accompagnée presque depuis ses débuts, et dont il a façonné le logo et l'image de marque : Orangina. La loi interdisait de représenter une orange, puisque la boisson en contenait moins de vingt pour cent... qu'à cela ne tienne, Villemot utilisera une écorce pelée en spirale !

L'exposition nous montre le parcours très personnel de ce peintre souvent inspiré, parfois laborieux : des esquisses montrent plus de soixante recherches en couleurs avant que soit arrêté le motif d'un projet. On apprécie d'autant plus, quand le résultat est à la hauteur, la valeur de ce travail invisible, qui cherche à disparaître derrière une simplicité qu'on croirait enfantine.



On apprécie davantage encore les traits de génie, quand ils sont juxtaposés à des compositions un peu plus bancales, ou moins évidentes, notamment parce que Villemot, maître de la couleur, n'excellait pas à la peinture des lettres. On s'aperçoit que le génie demande quand même un peu de transpiration, et que le succès passe aussi par l'échec. On y voit encore les bonnes idées qui prennent le temps de mûrir, Villemot n'hésitant pas à se plagier lui-même, recyclant des motifs après les avoir débarrassées des impuretés initiales.

Ce parcours, depuis les années de guerre où Villemot faisait de la propagande vichyste (fallait bien croûter...) aux années 80 où il célébrait le souvenir du Maréchal... Leclerc (le libérateur de Paris), donne l'image d'un créateur attachant, habité par le doute, se remettant sans cesse en question. Avec le temps, on s'aperçoit que la fonction commerciale de ses affiches n'en obère nullement la valeur intrinsèquement artistique.


Le Plan B(D) a aimé aussi.

2 commentaires:

Totoche Tannenen a dit…

Dans le catalogue, on voit que la légende de la deuxième image (la nénette allongée) n'est pas "Orangina" mais "Secouez-moi". Fruitillant, non ?

Hobopok a dit…

Le fruit n'est pas nécessairement défendu.