Salaam Bombay! de Mira Nair.
Le succès en forme de prime à l'esbroufe rencontré par Slumdog Millionaire commence à me courir sérieusement sur le chapati. Aussi, conformément à mon vœu solennel prononcé à l'ashram du Bourget, j'ai fini par revoir un vrai bon film sur Bombay. Même ville, même bas-fonds, même misère, mais un regard autrement plus lucide, plus compassionnel au bon sens du terme, plus cinématographique, où un montage frénétique ne tient pas lieu de style. Et... ah oui... bon sang, mais c'est bien sûr ! la caméra n'est pas tenue par un descendant de colons paternaliste adhérent à Sahibs sans frontières.
Krishna est un pauvre gosse de la campagne abandonné par sa famille, jeté du cirque qui l'avait recueilli, et échoué sans plus un sou en poche à la gare de Bombay. Curieusement, il se retrouve avec plus ou moins le même boulot que l'autre truffe du film de Danny Boyle : chaiwallah, porteur de thé. Le film va nous raconter son dur apprentissage de la vie dans les quartiers miséreux, ses nuits dans la rue à dormir sur des cartons, ses démêlés avec divers exploiteurs, caïds locaux, la police, les prostituées, et sa recherche effrénée d'amour et d'une enfance qui fuit devant lui jusqu'à lui échapper totalement.
Ce film est la création de deux Indiennes (de bonne famille) qui se sont retrouvées à Harvard aux Etats-Unis, Mira Nair, réalisatrice de documentaires, et Sooni Taraporevala, scénariste, dont c'était la première collaboration. Portons au crédit de la seconde un scénario remarquable qui parvient à faire vivre tout un quartier et des foules entières avec un nombre réduit de personnages très cohérents et jamais caricaturaux. Tous les dialogues sont en hindi (à mon avis...), et les petits analphabètes ne font pas semblant d'avoir appris l'anglais sur des dos de cartes postales pour parler entre eux ! Et admirons la réalisatrice pour la justesse de son regard, dénué de condescendance comme d'angélisme, et qui donne vie à l'image avec une virtuosité qui traduit ou un grand talent ou une grande culture de cinéma ou les deux. La scène finale, ou le gamin et la prostituée fuyant un drame sont séparés et emportés par la foule en liesse qui célèbre Holi, la fête des couleurs, est un morceau d'anthologie qui vaut son pesant de pigments en poudre.
On friserait le chef d'œuvre si la bande son n'était affligée d'une musique de Bontempi oriental, sonorité malheureusement en vogue dans les années 80, et qui a un petit peu tendance à scier les oreilles aujourd'hui. La mélodie va bien, le rythme va bien, l'ambiance va bien, y a même les tablas, tchipapoum tchipaboup, c'est juste les nappes de synthés à deux roupies qui sont devenues plus indigestes qu'un butter chicken.
Crash-test :
14 mars 2009
En compagnie des Indes
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3 commentaires:
Il ne passe pas souvent à la télé celui-là, je n'ai encore jamais eu l'occasion de le voir...
Pas vu non plus, mais j'ai vu le remake, "Good morning vietnam"
Ha ha, et la suite : Tchao Pantin !
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