Asterios Polyp de David Mazzucchelli.
Asterios Polyp est un architecte qui ne construit rien, un intellectuel arrogant et sûr de lui qui s'interroge subitement sur le sens de la vie, envoie tout balader, prend la route, se perd dans le trou du cul des Etats-Unis à seule fin d'entrapercevoir ce qu'il peut avoir dans le ventre. A toutes ses questions, une seule réponse : l'amour. Mon Dieu.
Mazzucchelli est un artiste à géométrie variable, venu du comics de super-héros, qui a bifurqué vers la bande dessinée d'auteur indépendante, et qui n'avait à ce jour guère retenu mon attention. Avec ce volume ambitieux, il démontre un savoir-faire consommé dans la construction narrative, appuyée sur une maîtrise graphique hors du commun. Asterios Polyp nous embarque dans une réflexion de haute volée, maniant concepts philosophiques, postulats artistiques, pensées personnelles, souvent énoncés avec brio par le seul pouvoir de l'image. Mazzucchelli sait plier son dessin, et le sens de ses représentations, à son propos, guidé par le point de vue désabusé du personnage principal, l'architecte cynique revenu de tout.
Malheureusement, toute cette impressionnante mise en place, où domine le nihilisme, nous conduit vers un dénouement extraordinairement fleur bleue, pour ne pas dire cucul. Car ce qu'Asterios Polyp va découvrir au terme de son voyage introspectif, c'est qu'en ce bas monde, rien ne vaut l'amour. Ça alors ! Puis, ultime fin finale, le héros est malgré tout, par un artifice de scénario intersidéral, privé de rédemption. Ouf. Tout ça pour ça. L'amour, l'amour, l'amour... combien de temps encore les artistes vont-ils nous rebattre les oreilles avec ça ? Il n'y a quand même pas que ça au monde.
28 juin 2010
Le ventre de l'architecte
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9 commentaires:
Espérons que ce livre sera aussi beau (en tant qu'"objet") dans sa VF, qui est annoncée chez Casterman.
Le personnage, en bas à droite fait étonnamment penser à un dessin d'Hanko Kolk !
Y a de ça, c'est vrai.
Le jury des Eisner awards a été moins sévère que toi :
http://www.bodoi.info/news/2010-07-25/eisner-awards-2010-le-photographe-recompense/36316
Incontestablement le prix du meilleur lettrage...
Je vais être un peu méchant: la conclusion me fait un peu penser aux gens qui disent "le sexe, le sexe, il n'y a pas que ça dans la vie !". En général, on se retient de leur demander comment va leur vie sexuelle :-))
Exactement.
Oh, elle est belle celle-là : Mazzucchelli : deux Z, deux L.. et deux C !
Et chez Hobopok, c'est "mot compte triple"
Copié-collé, corrigé-arrangé. Merci maître Capello (un p deux l).
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