Gerd Arntz (1900-1988), dessinateur, graveur et graphiste allemand, peut sans exagération être crédité de l'invention du pictogramme contemporain. Socialiste, révolutionnaire dans l'âme, il essaya constamment de traduire ses convictions dans son travail graphique en cherchant à le mettre à la portée du plus grand nombre.
En 1929 il s'exila tout d'abord en Autriche pour collaborer avec le philosophe et économiste Otto Neurath, qui travaillait à une encyclopédie de statistique visuelle, approche innovante des données économiques, et pour lequel il mit au point 4000 signes et symboles d'une modernité avant-gardiste, sous l'acronyme d'isotype pour International System Of TYpographic Picture Education, également connus comme la méthode viennoise de statistique picturale. L'isotype est l'héritier du hiéroglyphe antique adapté à l'ère des mass media.
En 1934, après l'avènement du nazisme, il se réfugia aux Pays-Bas, le temps de voir une de ses expositions censurée par les autorités du royaume sous la pression de l'ambassade d'Allemagne. Il avait eu le mauvais goût de produire une gravure prophétique intitulée Le troisième Reich.
Le troisième Reich.
Guerre civile.
La guerre le rattrapa, et en 1943 Arntz fut incorporé de force dans la Wehrmacht, expédié en France, où il se livra à la Résistance. Il retourna à la Haye après la guerre, continuant le travail de Neurath au sein de la Fondation pour la statistique (Mundaneum Institute).
L'extraordinaire nouveauté de sa pensée visuelle est encore confondante aujourd'hui. L'ascèse squelettique de son trait ouvre paradoxalement des possibilités infinies de projection mentale, qui atteignent une forme de perfection enfantine, au point qu'on se rend compte en revoyant son travail précurseur qu'il a été souvent imité depuis, rarement égalé (voir Le dessous des cartes sur Arte), jamais dépassé (comparez par exemple avec les typos livrées avec votre ordinateur Wingdings ou Zapf Dingbats...).
7 février 2011
Gerd Arntz et l'isotype
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