21 avril 2013

Qui c'est les plus forts ?

Saint-Etienne 1 - 0 Rennes.

Un Stade de France aux trois-quarts vert, un bien joli but et puis c'est tout, une équipe de Rennes atone qui ne se souvient qu'elle a une finale à jouer qu'à quinze minutes de la fin du match, et voilà une ligne de plus au palmarès d'un des plus prestigieux clubs de football français.

Ça peut paraître anecdotique, et ça l'est, cette sous-coupe (de la Ligue) n'étant pas la plus prestigieuse des compétitions nationales. Mais il faut remonter assez loin en arrière pour comprendre toute la charge émotionnelle que cette victoire porte en elle, et ne pas s'étonner qu'un sport aussi frelaté puisse encore en d'aussi rares occasions donner l'impression, illusoire peut-être mais pas désagréable, d'être resté fidèle à son image d'œuvre collective et de ciment social.

Car c'est un cliché de l'écrire, mais l'ASSE n'est pas un club comme les autres. A Saint-Etienne, verrue minière et industrielle fichée au flanc du continent rural du Massif central, aux murs de pierre noircis par le charbon, le football n'a jamais été un vain mot, vécu comme la revanche des passementiers foréziens sur les maîtres soyeux lyonnais.


L'aventure européenne de 1976 a marqué les esprits, réveillé un football français dans le coma depuis les grandes heures du Stade de Reims et la coupe du monde 1958. Les poteaux carrés de Glasgow, l'afro rousse de Robert Herbin, la pipe de Roger Rocher et les ailes qui poussaient dans le dos de Dominique Rocheteau ont donné naissance à une légende qui s'enjolivait au fur et à mesure que le club s'enfonçait, relégation après relégation, dans l'anonymat et les affaires, d'abord la caisse noire, puis les faux passeports. Mais même au plus bas de ces années perdues, Geoffroy-Guichard ne désemplissait pas, drainant des supporters de la France entière, fidèles à ce club d'ouvriers, qui n'avait pourtant plus rien gagné depuis 1981.

Quand à Saint-Denis on voit que les supporters de l'ASSE recrutaient jusqu'en Bretagne, en plein pays rennais, on se dit que décidément l'herbe est plus verte dans le Forez, et qu'il n'y a bien qu'une seule équipe en France qui puisse encore faire croire à la fiction du football. Evidemment, c'est les Verts.

10 commentaires:

Doudou a dit…

Que l'on me permette de tempérer un tant soit peu la ferveur du rédacteur en lui rappelant la mémorable saison 1983-1984, en plein dans le plus bas des années perdues, où l'on doit bien reconnaître que le stade désemplissait un petit peu (le 02/05/1984 ASSE-LAVAL 3328 spectateurs). Certains des lecteurs les plus émérites de Hobopok dimanche qui ont eu l'immense honneur de débuter leur carrière professionnelle en contrôlant les tickets des quelques supporters encore fidèles de l'époque se souviennent comme il peut faire froid dans une tribune vide à regarder une pitoyable bagarre entre équipes relégables inefficaces.

re-Doudou a dit…

oups
je voulais écrire "certains des lecteurs d'Hobopok dimanche"

Li-An a dit…

J'ai pensé à toi en regardant la première mi-temps et je suis allé faire autre chose.

Hobopok a dit…

@Li-An : Je ne vois pourtant pas ce qu'on pouvait trouver de mieux à faire à pareil moment.

@ Doudou : C'est vrai qu'il y a pu y avoir peut-être comme une légère gueule de bois au début des années 80, sur le champ de ruines laissé par Rpger Rocher, sa pipe, et sa gestion délictueuse. Mais, tout comme le meilleur remède contre la gueule de bois est l'alcool, le meilleur remède contre la désillusion des supporters n'est-il pas le football ?

Hobopok a dit…

Jérôme Latta enfonce le clou : http://latta.blog.lemonde.fr/2013/04/22/saint-etienne-mise-sur-la-croissance-verte/

badjack a dit…

J'étais avec Doudou-le-plâtré (à ne pas confondre avec Dodo-la-saumure...)à tous les matches de la saison 2003-2004, contrôlant comme lui les billets des supporters verts, et je me souviens de tribunes pas si vides que cela, et même, rendez-vous compte, de buts stéphanois comme celui d'un défenseur central blond oublié depuis et nommé Mahut...
J'étais aussi dans le centre-ville de Sainté dimanche dernier pour la parade victorieuse, et une légère chair de poule me parcourut l'échine, faisant remonter en moi des souvenirs enfouis depuis 37 ans.
C'est certes un peu puéril et incompréhensible pour le commun des mortels, mais c'est vrai: le stéphanois moyen est attaché viscéralement à son équipe, et quand son équipe joue bien et gagne, il oublie sa condition de stéphanois moyen pour enfiler son costume de stéphanois fier de l'être.
Des gars comme Perrin le capitaine ou Galtier l'entraîneur véhiculent des valeurs différentes de celles d'Ibrahimovic qui pratique un sport individuel ou de Nicollin qui pratique l'insulte homophobe ou scatologique, et ici on leur en sait gré !

badjack a dit…

Oups ! 1983-1984 évidemment, pas 2003-2004...

Hobopok a dit…

Gré ! Gré !

Totoche Tannenen a dit…

Apparemment, il n'y a pas qu'Hobopok qui est tombé dans le chaudron quand il était petit.

Hobopok a dit…

Le Chaudron, en l'occurence.