Sugar Man de Malik Bendjelloul.
Résurrection musicale. Chanteur folk éphémère du début des années 70, Sixto Rodriguez, natif et résident de Detroit, Michigan, boudé par le succès, oublié, était devenu à son insu une star mondiale en Afrique du Sud, où on le croyait mort. La traque opiniâtre de musicologues amateurs mais passionnés va le ramener à la vie, et restituer sur le tard à l'artiste génial devenu manœuvre la gloire qui lui revient.
Une Volkswagen hors d'âge file sur la voie de gauche de la route qui serpente le long de la péninsule du Cap illuminée par la lumière d'un soir austral... mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Malik Bendjelloul, l'auteur de ce documentaire, va ainsi nous dérouter puis nous tenir en haleine, pour mieux nous faire entrer dans la peau des fans sud-africains de Rodriguez. Puis enfin révéler la face cachée de la Lune : Rodriguez est vivant, habite toujours à Detroit, survit de petits boulots et n'avait jamais entendu parler de l'Afrique du Sud où il vendait pourtant plus de de disques qu'Elvis Presley ou les Rolling Stones. Toute la qualité du réalisateur est d'avoir su magnifier et exalter la réalité, certes extraordinaire, et d'en faire quasiment un conte de fées, qu'on aimerait de façon infantile entendre raconter encore et encore tant y sont mêlés intimement la tristesse et la joie, la résignation et l'espoir, l'ombre et la lumière, la vie et la mort. Le film se hisse miraculeusement à la hauteur de son exceptionnel sujet, pour devenir un cinglant hommage à la puissance évocatrice de la musique, à un talent sur lequel le temps n'a pas de prise, à cette voix cristalline, limpide, qui interprète un folk-rock désabusé et mélancolique avec une sérénité presque inquiétante.
Il serait vain de prétendre que le spectateur n'est à aucun moment pris d'un doute. Cette histoire invraisemblable semble fabriquée de toutes pièces, trop belle pour être vraie. Ne s'agit-il pas plutôt d'un mocumentaire, c'est-à-dire un faux documentaire, comme celui consacré au groupe de hard rock imaginaire Spinal Tap ? Mais non, tout est bien vrai, et ce doute initial, consubstantiel au propos du réalisateur, participe à la force du film, tant il était partagé par nombre des protagonistes du retour à la vie du chanteur mort. Tout est authentique, comme l'émotion renversante du premier concert du come-back de Rodriguez devant une foule en délire en 1998 au Cap.
Le film vaut autant pour sa capacité à orchestrer tout ce qu'on y voit, que pour ce qu'il laisse dans l'ombre, à charge pour le spectateur d'imaginer comment remplir les vides. Quid des femmes ? La drogue ? L'alcool ? La religion ? L'argent des droits d'auteur spolié par des producteurs indélicats ? Rodriguez, désormais un vieux monsieur réclamé dans le monde entier, éternellement timide et modeste, ne répond pas davantage à ces questions que Bendjelloul ne tente de le faire. Il conserve ainsi sa part de mystère, comme il sied à quelqu'un revenu d'entre les morts.
Une Volkswagen hors d'âge file sur la voie de gauche de la route qui serpente le long de la péninsule du Cap illuminée par la lumière d'un soir austral... mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Malik Bendjelloul, l'auteur de ce documentaire, va ainsi nous dérouter puis nous tenir en haleine, pour mieux nous faire entrer dans la peau des fans sud-africains de Rodriguez. Puis enfin révéler la face cachée de la Lune : Rodriguez est vivant, habite toujours à Detroit, survit de petits boulots et n'avait jamais entendu parler de l'Afrique du Sud où il vendait pourtant plus de de disques qu'Elvis Presley ou les Rolling Stones. Toute la qualité du réalisateur est d'avoir su magnifier et exalter la réalité, certes extraordinaire, et d'en faire quasiment un conte de fées, qu'on aimerait de façon infantile entendre raconter encore et encore tant y sont mêlés intimement la tristesse et la joie, la résignation et l'espoir, l'ombre et la lumière, la vie et la mort. Le film se hisse miraculeusement à la hauteur de son exceptionnel sujet, pour devenir un cinglant hommage à la puissance évocatrice de la musique, à un talent sur lequel le temps n'a pas de prise, à cette voix cristalline, limpide, qui interprète un folk-rock désabusé et mélancolique avec une sérénité presque inquiétante.
Il serait vain de prétendre que le spectateur n'est à aucun moment pris d'un doute. Cette histoire invraisemblable semble fabriquée de toutes pièces, trop belle pour être vraie. Ne s'agit-il pas plutôt d'un mocumentaire, c'est-à-dire un faux documentaire, comme celui consacré au groupe de hard rock imaginaire Spinal Tap ? Mais non, tout est bien vrai, et ce doute initial, consubstantiel au propos du réalisateur, participe à la force du film, tant il était partagé par nombre des protagonistes du retour à la vie du chanteur mort. Tout est authentique, comme l'émotion renversante du premier concert du come-back de Rodriguez devant une foule en délire en 1998 au Cap.
Le film vaut autant pour sa capacité à orchestrer tout ce qu'on y voit, que pour ce qu'il laisse dans l'ombre, à charge pour le spectateur d'imaginer comment remplir les vides. Quid des femmes ? La drogue ? L'alcool ? La religion ? L'argent des droits d'auteur spolié par des producteurs indélicats ? Rodriguez, désormais un vieux monsieur réclamé dans le monde entier, éternellement timide et modeste, ne répond pas davantage à ces questions que Bendjelloul ne tente de le faire. Il conserve ainsi sa part de mystère, comme il sied à quelqu'un revenu d'entre les morts.
Crash-test :
14 commentaires:
Mais pourquoi était-il aussi populaire là-bas ? Il chantant des textes racistes ?
Pas du tout. Pour des raisons assez mystérieuses, les textes de ses chansons, au demeurant parfois un peu hérmétiques, avaient trouvé un écho dans une jeunesse blanche en révolte contre la carcan de la société puritaine afrikaner. Sur ses vinyles stockés dans les radios, les censeurs rayaient systématiquement les plages des chansons qui parlaient de drogue ou de sexe pour être bien sûr qu'elles ne soient pas diffusées. Et si les parents l'interdisaient, aussitôt les enfants voulaient l'écouter...
Et un de plus à tomber dans le panneau, c'est pas Dieu possible ! Dommage pour le conte de fée mais même si l'histoire du type est certes étonnante, la réalité n'est pas aussi magique et tout ça reste bien évidemment une affaire de gros sous : http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/04/07/sugar-man-les-raisons-d-un-succes-bien-huile_3155550_3246.html
Il convient par ailleurs de remercier le réalisateur pour son goût douteux pour les interviews pénibles et redondantes, cette incrustation d'animation ringarde (pour faire branché sans doute), son quart d'heure insupportable consacré à filmer interminablement un public en pleine Rodriguezmania dégoulinante, comme dans tout reportage de cet acabit (une méthode bien grossière pour embuer les yeux). Et merci aussi de ne pas avoir été fichu de caler une seule chanson du bonhomme en entier (comme si la musique elle-même n'avait finalement pas tant d'importance), sans compter cet extrait de concert tout pourri strictement sans aucun intérêt, les caméras de bonne qualité n'existaient donc pas encore en 1993 ou ce come back sur scène était vraiment si désastreux ? Et le ton général du reportage, ayayaye et misère de misère, quel ennui... Zéro étoiles au compteur, une bonne fessée et au lit, oui !
Pfeuh !
Tu retardes sur ce coup là, encore plus que Télérama c'est dire ! Je me suis aussi demandé si j'avais à faire à un fake durant tout le film : le cas Benda-Bilili aurait-il donne des idées à certains ?
Mieux vaut tard que jamais, le film étant toujours à l'affiche. Benda-Bilili est un fake ?!?
Maintenant on comprend pourquoi on voit que dalle du concert dans le docu, sans doute pour pas foutre en l'air la tournée savamment orchestrée qui suit ! :
http://www.glamourparis.com/culture/actu-musique/articles/sixto-rodriguez-on-etait-au-concert-de-sugar-man-au-zenith-de-paris/19159
Seulement 189 euros la place quand même... C'est plus salé que sucré, man. Si tout ça c'est pas de l'escroquerie organisée.
La Cour de justice de la République va se saisir de l'affaire.
La rédaction va être sommée de rembourser les places de cinéma et les tickets de concert vendus, finies les grasses mat' dominicales.
Sommez toujours...
J'ai vu le film en janvier et j'ai adoré l'histoire. Le style du film est, certes, un tantinet agaçant mais tant mieux s'il a marché et a permis à un plus grand nombre de personnes de découvrir Sixto Rodriguez.
Ah, voilà !
Ceci dit, il semblerait que ses concerts, notamment parisiens, aient effectivement viré à l'escroquerie.
Je serai curieux de savoir si tes amis Sudafs le connaissaient ?
Curieux aussi, mais je n'ai pas la réponse.
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