1 décembre 2009

Wallaye !

Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.

Voici déjà le tome 5, c'est réglé comme une horloge : tous les ans à pareille époque, on peut prendre livraison de notre nouvel Aya. Faut dire que cette série occupe avec originalité le créneau de la BD africaine rendue compatible avec les canons esthétiques du public européen. Enfin, "BD africaine", il faudrait tempérer un peu, car si la scénariste, Marguerite Abouet est ivoirienne, et rend avec une puissante verve la vie quotidienne et les embrouilles de son Afrique natale, le dessinateur, Clément Oubrerie est bien français, et, venu de l'illustration, se lançait dans sa première bande dessinée avec Aya de Yopougon. Autant dire qu'il n'est pas manchot. L'association des deux fait le bonheur de l'éditeur français Gallimard car la série rencontre un conséquent succès en librairie, avec des petits bouquins joliment édités à des tarifs tout de même peu africains... Mais ce n'est pas dans le genre de la rédaction de délivrer de douteux certificats d'identité nationale, et on retiendra surtout qu'on a là un des meilleurs tableaux de l'Afrique jamais peints en BD, avec un point de vue vraiment africain.


En rouvrant le tome 1, on découvre, mais ce serait tout de même malheureux après quatre ans, que le dessin d'Oubrerie a considérablement évolué, gagnant en finesse, en détail, et en compositions. Le scénario, c'est du pur soap-opera : dans les années 80 à Abidjan (dont Yopougon est un quartier populaire), autour de l'héroïne, Aya, jeune fille moderne dans une société qui se cherche entre développement et tradition, gravite une foule composée des amis d'Aya, de leurs familles, de leurs amants, prétextes à une floppée d'intrigues parallèles simultanées. On se prend d'affection pour les personnages, on finit par se demander s'ils ne sont pas plus réels que la fiction, on veut à tout prix connaître la suite. Je ne sais pas combien d'albums Abouet et Oubrerie ont prévu pour leur série, mais parti comme c'est, on peut déjà réserver un mètre de linéaire dans nos bibliothèques.


On ne saurait trop conseiller la fréquentation du blog de Clément Oubrerie, la Marge brute, où l'on trouvera de nombreux billets consacrés à Aya, et notamment l'histoire de la couverture.

2 commentaires:

l'inegalable vivie a dit…

ha là , là encore de l'anticléricalisme primaire , très politiquement correct.

Une annexe à" Erratum XVI?"

je dis ça juste ne regardant les images..

On dit quoi si on ne supprime pas l'effondrement de la Mecque dans "2012"...
bon , les délires totalitaires des européens en Afrique au 19éme , l'exploitation inacceptable des populations... ok voir " le siècle des génocides" de B Bruneteau.


mais le goupillon me semble moins efficace que le sabre , non?


après la longue dictature ud politiquement correct pontifical et séculaire, on pourrait en finir avec le politiquement correct laïc , nouvel opium des masses , pas plus juste historiquement.. ou alors je m'abuse grave.
j'espère que ce n'est pas là le point intéressant de cette BD à laquelle je ne connais rien...

tu restes The Specialiste...of course.

Hobopok a dit…

L'épisode du prédicateur évangélique dans Aya est l'un des nombreux aspects que la série permet d'appréhender.