6 décembre 2009

Crépuscule boréal

George Sprott de Seth.

Vient de paraître en français chez Delcourt, mais moi, pas fou, je l'avais déjà acquis chez D&Q en anglais. Sans vouloir insulter les traducteurs, la VO c'est mieux, et en l'occurrence moins onéreux.

Seth, auteur canadien discret mais fort talentueux, au style inimitable, graphiste hors pair, réutilise un peu la méthode impressionniste mise au point avec son précédent Wimbledon Green : plusieurs points de vue de plusieurs personnages à différentes époques en autant de séquences qui composent le portrait d'un homme à l'heure du trépas.


Le fictionnel George Sprott est un présentateur de télévision locale au Canada, spécialisé dans les récits arctiques, dont ils s'est autoproclamé spécialiste après quelques vagues missions d'exploration dans sa jeunesse. On découvre au fur et à mesure un gars ambigu, tantôt odieux, tantôt admirable, tantôt pitoyable, le genre sale type ordinaire, qui traverse la vie sans rien y comprendre, et meurt seul avant de sombrer dans l'oubli. C'est pas exceptionnellement joyeux, mais Seth a un réel talent de narrateur, et sait insidieusement faire passer ses réflexions désabusées sur le sens de la vie, faisant ressentir aussi bien qu'une chanson d'Aznavour la vanité du temps qui passe.


Au cours du livre, Seth alterne à sa convenance, et selon les besoins du récit, une grande variété de compositions et de traitements différents, allant jusqu'à consacrer des pleines pages aux reproductions de maquettes en carton de bâtiments associés à un pan de la vie de Sprott, confectionnées et peintes par l'auteur soi-même avec ses petits doigts agiles.

Pour ceux qui auraient le mauvais goût de ne pas désirer un aussi joli livre, au format imposant il est vrai, ou ont la bourse un peu trop percée pour en faire l'emplette, on peut le lire en ligne sur le site du New York Times.

3 commentaires:

Totoche Tannenen a dit…

Je pensais que ta presbytie ne te permettait pas de lire ce genre d'enluminures.

Totoche Tannenen a dit…

Oups ! Je viens de voir à la librairie le format du livre. Mettons que je n'ai rien dit.

Hobopok a dit…

Les pages ont beau être immenses, il trouve quand même le moyen d'écrire minusculement sur certaines...