24 mars 2009

L'aloi des séries, épisode 3

Votre chat a fait une overdose de croquettes après avoir regardé 30 millions d'amis ? Votre poisson rouge a sauté de son bocal directement dans la friteuse après le Thalassa du vendredi saint ? Tout n'est pas perdu, vous pouvez encore sauver la biodiversité et vos soirées télé grâce aux conseils avisés d'Hobopok Dimanche.

Lucky Louie.
Une sitcom pas comme les autres. Ecrite produite et jouée par le délirant comique de stand-up Louis CK, voilà une petite famille de pauvres blancs déjantés de Boston où rien ne va, les fins de mois sont difficiles, et les amis sont tous dealers ou racistes ou juste crétins ou n'importe quelle combinaison des trois, mais de toute façon frustrés et malheureux. La série respecte les codes du genre, mais les pimente avec des enregistrements en public, donc des rires pour de vrai et pas en boîte, ce qui donne presque la saveur d'un vrai spectacle, et compense la mise en image banalement frontale. Mais les dialogues très bien écrits font mouche, et on meurt de rire de la meilleure façon qui soit, désespérée. HBO a sabré la série au bout d'une saison et treize épisodes, on se demande encore pourquoi. Trop la poisse, ce Louie.

The Riches.
Une autre série étasunienne à longévité réduite, la chaîne FX lui ayant tiré le tapis de sous les pieds après seulement sept épisodes de la deuxième saison. Deux anglais, Minnie Driver, qui se fait malheureusement rare, et Eddie Izzard, mon idole depuis qu'il m'a dédicacé une cassette d'un de ses spectacles, sont les figures de proue de cette création assez originale. Le célèbre travesti yéménite a d'ailleurs aussi écrit et coproduit la série. On y découvre stupéfait un aspect ignoré de la culture anglo-saxonne, avec cette famille de gitans irlandais (pas de lien de parenté avec nos romanichels à nous), gens du voyage qui usurpent l'identité d'une famille de bon gros bourgeois suburbains de Louisiane. Beaucoup de péripéties, pas mal d'humour, un zeste de drame, schizophrénie et critique sociale (à moins bien sûr que les deux termes ne soient synonymes), c'est assez bien vu. Je reviens à Driver et Izzard, sous-employés dans d'autres productions comme au cinéma, et qui, sans entraves, font ici une démonstration assez époustouflante de leurs talents d'interprètes.

Trust Me.
La première saison est en cours de diffusion, et ça y est je suis bêtement accro. Alors bien sûr, c'est pas excessivement malin, ça se passe dans le milieu de la pub contemporain à Chicago, et la critique est un peu courte, mais le rythme est là, les répliques sont calibrées au quart de poil, bref, c'est bien fait, bien joué, machin tout ça. En fait, l'intérêt caché de cette série réside dans les personnages des deux héros, binôme créatif en agence, rédacteur et graphiste, et, quoiqu'officiellement hétéros et tout, unis par une relation aussi trouble que celle qu'entretiennent Haddock et Tintin. Il ne manque que la Castafiore. A noter la réjouissante réapparition de Griffin After Midnight Dunne.

Skins.
Cette série britannique est à la fiction française ce que Damien Hirst est aux petits chats du calendrier des PTT, un abîme insondable d'audace et de modernité les sépare, la Manche. Le titre fait référence aux feuilles de papier à rouler, mais aussi aux apparences interchangeables d'une application informatique, ou encore aux couches de derme que l'on endurcit ou pas, bienvenue dans le monde des ados. Une brochette d'une dizaine de personnages, complètement à côté de leurs pompes, pendus à leur portable, le sexe à l'air la moitié du temps, confondant les drogues et la vie, l'amour et la gymnastique, persuadés d'entuber profs et parents et y parvenant, bref, des ados. C'est parfois nunuche, mais surtout très drôle, émouvant, à l'occasion un peu profond, comme des ados. L'extrême pertinence du propos n'est pas un hasard, puisque les scripts sont co-écrits par un père scénariste et son fils de vingt ans. Je me suis enfilé la première saison d'une traite tellement c'est bien. Y en a encore deux autres, et en plus, ils ont changé les personnages en cours de route pour éviter la routine et conserver un peu de fraîcheur. Que Dieu se fasse la reine ! Mais les anglais savent faire de la bon Dieu de télé.

Previously dans L'aloi des séries.
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12 commentaires:

l'inegalable vivie a dit…

encore des publications off pour les gens qui regardent la tv sur le net? tu sais bien que je devrais me mettre ne cure de désintoxication.; déjà que je suis accroc aux mauresques...

Hobopok a dit…

Ah, je me disais bien aussi !

Anonyme a dit…

Quoi, toujours pas un mot sur 30 Rock ?

Glorb a dit…

Lucky Louie n'a pas passé chez nous le cap du 2e épisode. Marrant mais un peu bourrin dans les thématiques. Du coup ça pourrait être super marrant mais des fois c'est trop (nous sommes des gens sensibles et distingués).

The Riches on accroche bien par contre. Le thème est original, le casting est bon et ça se balade un peu dans tous les sens du coup c'est bien plaisant. C'est toujours un peu dommage d'attaquer une série condamnée mais on fera avec ce qu'on trouvera !

Pour Skin, je crains un peu les thématiques d'ado. On a déjà emmerdale et coronation street pour suivre la jeunesse anglaise. ;)

Hobopok a dit…

@Glorb : si Lucky Louie t'a soûlé essaie peut-être de voir les spectacles de CK sur scène, c'est hilarant.

Et si je ne devais conseiller qu'une seule série, ce serait Skins sans hésiter, c'est pas spécialement à destination des seuls ados.

@Doudou : t'énerve pas, je vais me renseigner.

Li-An a dit…

Il y a un excellent film anglais "pour enfants" de je ne sais plus qui (Ken Loach ?) qui se déroule dans le monde gitan/irlandais avec un gamin qui s'enfuit avec un cheval.

Hobopok a dit…

Un chef d'œuvre m'aurait-il échappé ?

Hobopok a dit…

Mea culpa. Mea maxima culpa. Autant le première saison de Skins est excellente, nerveuse et drôle, autant la seconde est un chouïa moins bien, avec ses sentiments à deux pounds, sa musique de djeun's un rien envahissante, autant la troisième saison est décevante, plus du tout réaliste, avec ses personnages plus du tout attachants, autant je vais pas non plus me fader la prochaine quatrième saison.

Glorb a dit…

bon ça permet déjà de pas se fatiguer avec ça. ;)

Les riches il nous reste un épisode on a peut que ça se termine en queue de boudin...

à suivre trust me (et flight of the concords)

Hobopok a dit…

C'est pas tellement que ça se termine en eau de boudin, c'est plutôt que ça se termine pas...

The Concords j'avais essayé ça m'avait vite barbé.

Glorb a dit…

ils ouvrent même encore bien à la fin de the riches. Tant pis ! Merci pour cette découverte. :)

Hobopok a dit…

Ah ben si ça te fait plaisir ça me fait plaisir.