11 décembre 2011

Quadrille

Carnage de Roman Polanski.

L'enfer, c'est les autres. Réunis dans un appartement new yorkais pour aplanir un différend violent qui a opposé leurs enfants, deux couples pleins de bonnes intentions oublient progressivement toute politesse ou convention sociale et s'envoient à la figure les vérités qui ne sont pas bonnes à dire, chacun n'oubliant pas de passer au lance-flammes son propre conjoint.

Inspiré d'une pièce de théâtre de Yasmina Reza, ce huis clos donne corps à quelques fantasmes sociaux courants comme le vomi sur la table du salon des pédants, ou le téléphone du téléphoniste compulsif jeté dans l'eau des fleurs, qui ont traversé l'esprit de tout un chacun. Polanski y aura opportunément trouvé de quoi conforter son dégoût purulent de l'humanité qu'il cultivait alors au fond d'un cachot suisse. Mais malgré l'admiration que suscite la construction psychologique parfaitement maîtrisée, où il est bien difficile de repérer à quel moment les bornes de l'irrationnel sont franchies, malgré la qualité du quatuor d'interprètes, malgré les moments de franche rigolade que provoque ce jeu de massacre, on serait bien en peine de deviner exactement de quoi le film parle au fond.

Au delà de la critique assez convenue des hypocrisies bourgeoises, où donc Reza et Polanski auront-ils voulu nous emmener ? Les spectateurs ne le sauront jamais. Ça se termine d'un coup, abrupt, sans qu'on sache bien ni comment ni pourquoi, au point qu'on se demande si ce n'est pas simplement le stylo du scénariste qui est tombé en panne d'encre quelques pages avant la conclusion, l'inhabituelle brièveté du film pouvant paraître accréditer cette thèse.

Crash-test :

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