Intouchables d'Olivier Nakache et Eric Toledano.
La tête et les jambes. Un richissime tétraplégique roulant carrosse embauche un repris de justice banlieusard en tant qu'aide de vie. Comme de juste, les deux vont s'entendre comme larrons en foire pour faire fi des préjugés.
Encore une comédie franchouillarde qui casse la baraque en recyclant de vieilles recettes éculées, en capitalisant sur de numéros de cabotinage éhonté, en flattant les plus bas instincts du spectateur ? Eh bien non, pour une fois, voici un film qui rencontre du succès et qui le mérite, à la stupéfaction générale, à commencer par celle de la rédaction de cette cyber gazette, qui a pourtant vu suffisamment de daubes pour en reconnaître immanquablement l'indigeste fumet . Et effectivement, le film des deux réalisateurs, Nakache et Toledano, manque tellement peu d'atouts, qu'on peut sans risquer de se tromper le ranger au rayon pas si garni du cinéma populaire de qualité, ce label français que le monde entier nous envie.
La principale prouesse aura été de réussir à faire rire de sujets éminemment casse-gueule, le handicap, le racisme, la banlieue, en dépassant (ou presque) tous les clichés, en se moquant de la pitié et du misérabilisme, sur un ton corrosif et désinhibé à rebrousse-poil de tous les lénifiants discours politiquement corrects qui emplissent les autres salles de cinéma. On rit d'ailleurs assez rarement à gorge déployée, tant les effets comiques, même s'ils sont parfois un peu attendus, restent assez retenus et ne sont jamais surjoués, s'effaçant surtout derrière la justesse et l'intelligence du propos.
Evidemment, le ressort de l'opposition entre deux caractères que tout oppose n'est pas d'une franche nouveauté, évidemment l'aperçu fugitif donné de la banlieue aligne quelques poncifs, mais tout s'oublie par la grâce notamment d'une interprétation impeccable, François Cluzet cloué sur un fauteuil qui cligne des yeux comme personne, et Omar Sy aussi ébahi que son personnage de se retrouver là où il est.
Il faut d'ailleurs souligner comment ce film met en avant un héros noir. Quand déjà un film français avait-il mis à l'affiche un héros noir avec succès ? Lucien Jean-Baptiste s'y était cassé les dents, c'est aujourd'hui chose faite, sans qu'on sache s'il faut enfin se réjouir, ou se lamenter du temps qu'il aura fallu attendre, ce qui ne dit rien de très positif sur notre société multiraciale.
Enfin félicitons chaleureusement les réalisateurs d'avoir fait un film qui parle de banlieue sans nous infliger une seule note de rap. C'est peut-être le vrai secret du mystère de son incroyable succès.
Crash-test :
8 décembre 2011
Un fauteuil pour deux
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire