Harvey Milk de Gus Van Sant.
Hagiographique biopic épique (et colégram). Les huit dernières années de la vie d'Harvey Milk (d'où le titre), militant de la cause homosexuelle aux Etats-Unis à la fin des années 70, premier politicien ouvertement gay à être élu à une fonction officielle, en l'occurence conseiller municipal de San Francisco. Ce qui lui vaudra d'être assassiné, en compagnie du maire, par un rival politique que le film soupçonne clairement d'arrières-pensées sexuelles.
Attention : rôle à Oscar® ! C'est typiquement le genre de sujet politiquement correct larmoyant dont raffole la Turnip® Academy, et d'ailleurs, ça n'a pas manqué, Sean Penn a eu son Oscar®. Non pas que sa prestation soit le moins du monde en cause, mais c'est juste que le néo-conformisme d'Hollywood fait peine, et qu'on préféra voir le Sean prendre une décoration de cheminée pour son rôle autrement plus ambigu dans le Mystic River d'Eastwood.
Van Sant ne s'est pas trop cassé en se conformant lui aussi aux règles du genre, avec chronologie parfaitement respectée, à un tout petit flash-back près, usant et abusant des images d'archives, et cédant à un didactisme bien senti pour nous faire partager la peine des malheureux homosexuels opprimés, ne nous épargnant ni le cliché du jeune ado mal dans sa peau au bord du suicide, ni celui du sémillant pompier père de famille honteusement refoulé, et je passe sur la folle tordue au cœur brisé, et la gouine dynamique qui va remettre de l'ordre dans tout ça. On a même droit à une fiche mémo post-générique pour nous donner des nouvelles de chaque vrai personnage dans la vraie vie.
Assez convenu donc, le film a tout de même quelque mérite. Celui de rappeler que les droits de l'homme ne sont décidément pas une évidence pour tout le monde à toutes les époques, et qu'ils ne tombent pas tout cuits dans la paume des mains. Et corollairement, il met surtout l'accent sur la nature et la force d'un engagement profondément politique, et ses implications dans la société étasunienne. Mis à part un peu de folkore gay en toile de fond, et la performance (excusez mon franglais) d'acteur, c'est même là le principal intérêt : analyser les rouages de l'action politique, démontrer comment les homosexuels, pour se faire entendre et faire respecter leurs droits (qui sont ceux de tout le monde), ont dû se constituer en groupe de pression, dans une société communautariste qui les abhorrait individuellement mais pouvait à l'extrême rigueur consentir à leur accorder des concessions en tant qu'ethnie minoritaire.
Réflexion intéressante. Pas sûr que le modèle soit exportable en l'état. Chez nous on en est encore à beurrer des biscottes.
Crash-test :
9 mars 2009
La vie en rose
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
Comment ça " beurrer des biscottes"? mon éducation bourgeoise ne me permet pas d'entrelarder cette notion !
Que vois je aussi ? "Gouine ", dites vous, mais on se lâche Hobopok .. Ce n'est pas qu'un méchant petit article , un tantinet prétentieux , que vous donnâtes à lire qui va vous assombrir l'humeur et qu'il faille céder à la déprime éditoriale ..
Bref , ce que tu me dis ne m'étonne pas vraiment . Que veux tu , c'est la prétention pédagogique à l'américaine. j'ai bien vu la publicité faite dans les medias... et j'entends déjà le ressac de la vague des "surfeurs" , la même que celle de "slumdog millionnaire" tenter de nous recouvrir.
Dommage, vu que j'aime bien van de sant...
Et là , c'est le redoutable dilemme : Dois je aller voir ce film, vu que j'ai bien peur à priori d'achopper sur les mêmes recifs- poncifs que toi...
Le beurage de biscottes fait référence à une scène de la Cage aux folles que la télé se charge de nous rediffuser jusqu'à l'écœurement.
ça a l'air un peu décevant. Surtout pour du Gus Van Sant. La presse salue unanimement le film mais d'une manière un peu frileuse, à la manière "on trouve ça formidable parce qu'il faut que ce soit formidable".
Disons que ce serait un excellent manuel d'éducation civique mais un film de cinéma assez ordinaire.
Oulala! Personne ne met d'eau dans son lait à ce que je vois (ahaha). Oui c'est un peu un rôle à Oscar. Quoique à côté des pathétiques Cotillard et Kidman avec leur postiches qui les rendaient ridicules mais pas plus talentueuses, Sean Penn s'en sort plus que biendans le genre. C'est un poil académique pour Gus Van Sant, qui nous habitué à plus de créativité certes, mais je ne me pince pas le nez pour autant. Si tous les films américains étaient aussi mauvais et politiquement corrects que celui-ci, ce serait formidablement formidable. Après toutes les conneries entendues et vues ces dernières années outre atlantique sur le sujet entre autres, la valeur "documentaire" du film subsiste.
Je ne suis pas sûr que la généralisation du politiquement correct, qui d'ailleurs peut déjà assez largement s'observer, soit une bonne nouvelle pour le cinéma américain. Et je ne l'ai pas trouvé mauvais, simplement surfait, et probablement suracclamé en raison justement de son sujet et de la personnalité et de la stature de son réalisateur.
Enregistrer un commentaire