District 9 de Neill Blomkamp.
Série B prophétique. Un gigantesque vaisseau spatial extra-terrestre, victime d'une panne inexpliquée, stationne depuis vingt ans au-dessus de Johannesbourg. Ses occupants et leurs descendants, de répugnantes créatures aux faux airs de crevettes, sont parqués dans le district 9, bidonville sans foi ni loi, où ils se trouvent en butte à l'hostilité des autochtones, et exploités par des gangsters nigérians. En charge de cette population indésirable, une multinationale entreprend de la déplacer, espérant en profiter au passage pour percer à jour le secret des technologies militaires extra-terrestres. L'employé modèle qui pilote l'opération, raciste débonnaire, va être contraint par les événements à réviser sévèrement son point de vue sur la question alien.
Le titre est une référence sans équivoque au district 6 de la ville du Cap, dernier quartier mixte d'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid, qui fut brutalement évacué et rasé par le pouvoir dans les années 60. Ce film réalisé par un Sud-Africain émigré au Canada (pour la vue) a donc une résonance toute particulière pour ses compatriotes restés au pays. Mais en ayant digéré toute l'histoire récente de l'Afrique du Sud, post-apartheid y compris, Neill Blomkamp restitue une vigoureuse parabole de portée universelle sur le rapport à l'altérité, la tolérance, le pouvoir économique et la gouvernance médiatique. La leçon porte d'autant mieux qu'elle est donnée sous couvert des codes de la science-fiction et du film d'action dans un récit mené tambour battant. Les bonne idées succèdent aux trouvailles visuelles à un rythme soutenu, si bien qu'on ne sait vite plus s'il faut davantage admirer la virtuosité de la mise en scène ou l'intelligence du propos. Ce film se place ainsi d'emblée au niveau des chefs d'œuvre de Verhoeven, les prophétiques Robocop et Starship Troopers, dont il partage certains points communs.
Peut-être Blomkamp en fait-il un chouïa trop dans un duel final où l'on reconnaît sans peine sa patte de spécialiste des effets spéciaux numériques (la pub des voitures-transformers, c'est lui). Et si le film manque d'un rien sa cinquième étoile au crash-test, ce n'est pas tant à cause de la musique ethno-new-age pas toujours très fine, que pour une chute trop ouverte semblant appeler un peu lourdement une suite. Les mauvais esprits y verront peut-être l'influence du producteur Peter Jackson, spécialistes des sagas. Gare à l'overdose de crevettes.
Crash-test :
A lire aussi : l'avis d'un cinéphile orléanais.
15 octobre 2009
Allergie aux crustacés
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