Les aventures de Jo, Zette et Jocko d'Hergé.
C'est la face cachée de l'œuvre d'Hergé, qui n'a bien sûr pas la portée métaphysique de Tintin, mais qui pour autant ne mérite pas tout à fait l'obscurité à laquelle elle semble condamnée, et d'où cette réédition parue en 2008 tente - en vain ? - de l'extraire. A moins bien sûr qu'il ne s'agisse d'une nouvelle tentative de convertir le simple nom d'Hergé en bon gros euros sonnants et trébuchants, mais qui pourrait raisonnablement en soupçonner Casterman ?
Commençons par noter que pour pour une intégrale un rien onéreuse, il y a une sacrée belle coquille page 262 où le calque du texte anglais s'est subrepticement glissé à la place du texte français dans la bulle de l'une des cases. Franchement ça la fiche mal. De là à accréditer la théorie que Casterman ferait le boulot à la va-vite pour convertir... gnagnagna... etc... Et cette coquille est bien dommage car l'objet, ramassé et compact, est bien pratique et agréable à lire à défaut de déborder du charme désuet des rééditions en fac-similé.
La série fut créée en 1936 pour répondre à la demande du magazine catholique Cœurs vaillants, qui voulait des petits héros issus, pas comme cet imbécile hors sol de Tintin, d'une vraie famille avec un vrai papa qui travaille vraiment dans un boulot vachement intéressant et une vraie maman qui fout rien.
Malgré ces funestes prolégomènes, Hergé (et ses assistants) sut faire de cette série de cinq titres une bande dessinée marquée par l'extrême fantaisie d'aventures picaresques mâtinées de scientisme aptes à saisir l'imagination des enfants. Plus abouti, plus mûr, mieux construit, le dernier album, La vallée des cobras, rappelle étrangement le Tigre du Bengale de Fritz Lang. Affranchi de ses obligations par le succès de Tintin, Hergé finit par perdre tout intérêt et renoncer à cette série secondaire après ce titre.
Il est piquant de remarquer que pendant que certains s'échinent, avides de publicité, à faire interdire Tintin au Congo, Jo, Zette et Jocko continuent en toute impunité à trôner dans les rayons des librairies pour la jeunesse, alors que les petits nègres cannibales n'y sont pas beaucoup plus avantageusement dépeints. Pourvu que ça dure...
2 commentaires:
Tiens, tu as fini par te mettre à lire du Jacques Martin ?
Y a moins de texte et c'est mieux dessiné qu'Alix.
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