Transit Maps of the World de Mark Ovenden.
Un mouvement social perturbe le trafic sur toutes les lignes de notre réseau. D'ailleurs, je me penche par la fenêtre, et je ne vois guère qu'un RER sur deux sur la ligne B. Qu'à cela ne tienne, votre cyber gazette gothique favorite est là une fois de plus pour vous tirer de ce fâcheux embarras, et vous inviter à emprunter plutôt les lignes du métro de Londres, Moscou, Berlin, Saõ Paulo, Lyon ou Séoul, et ce sans sortir de votre banlieue pluvieuse, par le simple truchement de ce livre incroyable, qui recense et analyse de façon fort érudite quoique complètement maboule une impressionnante collection de plans de transports souterrains d'une tripotée de villes du monde. Ce que je résume en deux mots : sublimement inutile.
Dans son roman Blott on the Landscape (pitoyablement adapté au cinéma français sous le titre venu de nulle part de Sexes faibles), Tom Sharpe décrivait un ingénieur infinitésimalement dérangé qui ne supportait pas l'abîme qui séparait la représentation graphique du réseau du tube londonien de sa réalité géographique, et avait mis au point un projet de percement de tunnels pour mettre la seconde en conformité avec la première. Le livre d'Ovenden nous donne avec force perspective historique l'explication de cette psychose au demeurant très compréhensible.
Le métro de Londres, créé en 1863, desservait une ville s'étendant déjà à perte de vue horizontale. Résultat : la cartographie rigoureuse du parcours de ses lignes obligeait à embrasser des hectares de faubourgs, et à concentrer en hyper-centre une accumulation de stations qui semblaient toutes superposées. En 1931, un certain Harry Beck mit fin à cette confusion en créant le premier diagramme simplifié d'un réseau de transport, hypertrophiant la zone centre pour la rendre enfin lisible, abrégeant les ramifications lointaines, réduisant les angles à 90 ou 45 degrés. Il était le premier à avoir compris que l'usager n'a pas besoin de savoir où il se situe topographiquement, mais où il se situe dans le réseau. L'intuition de Beck était si forte et son talent de graphiste à l'avenant qu'aujourd'hui encore son plan qui n'a subi que de légères modifications depuis sa création est reconnaissable entre mille au premier coup d'œil, malgré les dizaines d'imitations qu'il a inspirées.
Et c'est précisément sur cet art improbable du plan de métro que se penche ce livre qui ravira tous les férus de géographie, un art au confluent de la cartographie et du design graphique, en présentant, avec rappel historique pour les réseaux les plus importants, toutes les solutions adoptées de par le monde pour rendre intelligible par les usagers la complexité parfois déroutante de lacis de tunnels imaginés par des ingénieurs parfois à peine moins psychotiques que celui de Tom Sharpe.
26 mai 2009
Cartes oranges
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6 commentaires:
Qu'est ce qui n'est pas "subtilement inutile", je vous le demande?
( expression fort bien tournée , marquée du coin de la pertinence)
A commencer par nos gothiques gazettes , et nos petits bafouilles si on exclue la possibilité du lien avec quelques personnes qui comptent?
Pourquoi notre avis ou notre sentiment sur la talonnette de ... serait moins important, que l'abstention au futures européennes ou notre dernier désespoir?
tout cela reste tellement subjectif.. voir futile.
Finalement , tout bien réfléchi , c'est plutôt sérieux et marrant cette petite incursion dans le monde redoutable du plan de métro.
j'apprècie d'autant plus que tu as eu une généreuse pensée pour ma ville.
j'aime beaucoup ce livre. enfin, au final j'en aurais pris plus (des reproductions plus grandes, entre autres) mais «on fait avec ce qu'on a»...
sinon, j'ai relevé une coquille: «...que Se penche ce livre...» désolé, je sais, c'est chiant. continuez votre bon travail sire hobopok, vos chroniques sont excellentes.
Regarde Hobopok y'a même des fayots qui passent sur ton blog ! Reviens chez moi, David !
@David t : pour les illustrations, je suis malheureusement limité par la plateforme Blogger. Cliquer dessus pour agrandir.
@Li-An : tous les maitrecapellistes sont les bienvenus sur ces pages.
non, je veux dire que dans le livre lui-même, beaucoup d'illustrations sont trop petites. désolé je m'ai mal exprimé.
Ah, là, c'est vrai que c'est pas faux, mais en même temps la hiérarchisation qui a été faite entre réseaux historiques, réseaux majeurs, réseaux mineurs et réseaux balbutiants, avec l'espace dévolu à l'iconographie en proportion, est assez judicieuse, et évite de labourer trop souvent le même sillon.
Mais je comprends tout à fait un peu de frustration quand certaines de ces images n'usurperaient pas le statut d'œuvre d'art à elles toutes seules, dégagées de toute utilité fonctionnelle.
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