C'est à l'occasion d'un voyage (dont le romantisme reste à démontrer) à Venise que j'ai voilà quelque temps fait la découverte de Miroslav Sasek. L'éditeur italien Rizzoli venait de ressortir l'un de ses titres, Questa è Venezia, ce qui m'a tout de suite paru un souvenir de la Sérénissime autrement plus intéressant qu'une gondole musicale ou une bouteille de vin à l'effigie de Mussolini...
Renseignements pris, il apparut que Sasek, illustrateur tchèque émigré en Allemagne en 1948 par anticommunisme primaire, avait connu un succès mondial dans les années 60 pour une série de livres consacrés à des villes ou des pays. Munich (sa ville de résidence), Edinburgh, Hong-Kong, New-York, l'Australie, l'Irlande, Israël, mais aussi Cape Kennedy ou encore les Nations-Unies.
En tout une vingtaine de titres, qui sont petit à petit réédités en anglais depuis 2003, et dont trois (Rome, Londres et Paris) viennent d'être réédités en français par Casterman. Espérons qu'il s'agit d'un ballon d'essai, et que l'éventuel succès de ces nouveautés anciennes ouvrira la voie au reste de la série.
En quelques mots de texte et surtout en quelques traits bien sentis, Sasek n'a pas son pareil pour dégager la personnalité d'une cité, joignant à ses qualités d'observation la capacité à transcender des vues urbaines par une stylisation toute personnelle sans verser dans la carte postale. Si une grande place est accordée à l'architecture, Sasek n'oublie pas non plus les transports, les petites coutumes et autres curiosités locales, et surtout les types citadins qui peuplent ces espaces. Et il donne vie à tout ça grâce à sa grande aisance avec les couleurs.
Dire que ces aperçus graphiques n'ont pas pris une ride serait exagéré, mais au contraire, ces images nous parlent aujourd'hui avec nostalgie d'une vie disparue, comme avec ce portrait des Halles de Paris. Les rééditions, dont on ne sait d'ailleurs si elles ciblent un public d'enfants ou d'adultes, incluent en fin d'ouvrage une mise à jour des données les plus datées du texte original de Sasek (comme par exemple les chiffres de population).
Tout ça pour dire que si je partais en vacances à Paris, je saurais bien quel souvenir en ramener ! Vous pouvez compléter vos connaissances sur Sasek et ses publications avec le site officiel à son nom.
14 mai 2009
Le tour du monde de Miroslav Sasek
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9 commentaires:
tu sais admirablement relater ton amour du dessin et nous le faire partager.
Elle en a de la chance Bibounette.
J'ai "Paris" au fond de ma cave. J'ai toujours trouvé ça très beau sans reconnaître vraiment la ville mais très beau quand même
Un esthète de la première heure...
la belle socièté que voilà. lol;
Je ne sais pas pourquoi, mais quand tu parles de Sasek, je ne peux m'empêcher de penser à Jankulowski.
Mais je suis surpris de constater que tu t'intéresses aussi au foot...
C'est ça l'éducation TF1 : Du cul, du cul, du cul... et du foot.
Comme je n'ai pas réussi a percer dans le cul ni dans le foot, j'ai essayé la BD... où j'ai également lamentablement échoué.
Cela dit, la blague est bonne, mais mon petit doigt d'Europe centrale me dit que ça se prononce probablement Chachek ou quelque chose comme ça.
"Les rééditions, dont on ne sait d'ailleurs si elles ciblent un public d'enfants ou d'adultes" (...)
Et c'est bien tout le problème.
Je suis tombé par hasard sur le volume consacré à Israél ces jours, et j'avoue avoir été très surpris de trouver ce livre, qui parle sans aucun recul, d'une ville-état en 2014 (2010),comme si rien n'avait changé depuis 1960, date de sa parution. (C'est un fac similé).
Tout est beau, biblique, magnifique, plein de soleil et d'orangers. La carte ne mentionne pas un instant les colonies ou Gaza, ni le mur de la honte bien sûr et les "voisins" palestiniens. Mais la guerre de Kipour n'avait pas encore eu lieu à l'époque.
Je trouve très limite de proposer à des enfants (trouvé, il faut le préciser, sur un présentoir, en secteur jeunesse, dans un quartier à forte culture musulmane) ce livre, qui n'est pas qu'un livre d'images. Je suis aussi très étonné de ne trouver aucune critique ailleurs sur le web. Il faut croire que personne ne l'a feuilleté.
Autre précision : je suis pour le pluralisme, mais là, il y a un hic à l'heure où n'importe quel documentaire des années 80 sera irrémédiablement et sans état d'âmes mis au pilon en bibliothèque.
Si seulement cette réédition, que j'accepte pleinement en tant que livre d'images anciennes, plutôt dédié aux adultes nostalgiques, avait été agrémenté d'informations à jour sur Israël telle qu'aujourd'hui, ... cela aurait été différent. Ce n'est pas le cas. Dont acte.
Victor Davère
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